Trois riches chefs d’entreprise quarantenaires, mariés et bons pères de famille se retrouvent pour leur partie de chasse annuelle dans une zone désertique de canyons. Un moyen pour eux d’évacuer leur stress et d’affirmer leur virilité armes à la main. Mais cette fois, l’un d’eux est venu avec sa jeune maîtresse, une lolita ultra sexy qui attise rapidement la convoitise des deux autres... Les choses dérapent... Dans l'enfer du désert, la jeune femme laissée pour morte reprend vie... Et la partie de chasse se transforme en une impitoyable chasse à l'homme...
Tel est le pitch de Revenge, en salle depuis mercredi, réalisé par la française Coralie Fargeat. Une histoire qui rapproche le film de manière évidente du sous-genre du Vigilante Movie, le Rape & Revenge, même si la cinéaste s'en défend... Un peu, considérant son film plus proche d'une oeuvre comme un Revenge Movie façon Kill Bill : "Le viol y est un élément symbolique, que j’ai voulu garder symbolique, de la transformation du personnage, victime du regard des hommes porté sur elle. Le traitement excessif, cathartique, jamais malsain de la violence, tel que j’ai pu le voir par exemple dans le cinéma de genre sud-coréen, me permet d’échapper à la catégorie proprement dite".
Ci-dessous, la bande-annonce du film...
Dans le Rape & Revenge, le scénario repose toujours sur un ou plusieurs viols, et dont la trame narrative peut grossièrement se découper en trois actes : une femme est violée, parfois torturée et / ou laissée pour morte. L'intéressée survit et met au point sa vengeance; tandis que dans la phase 3, elle tue son ou ses violeurs / bourreaux / tortionnaires (rayez la mention inutile). Souvent d'ailleurs, pour ne pas dire toujours, la violence du châtiment infligé aux agresseurs est à la hauteur du ou des sévices infligés à la victime.
Genre très controversé, parce que souvent accusé -parfois à raison- de voyeurisme et de complaisance particulièrement malsaine, le Rape & Revenge a produit de nombreux films, mais aux qualités très (mais alors très) inégales.
De là trois recommandations d'incontournables du genre si vous souhaitez vous aventurer dans ce sous-genre du cinéma d'exploitation...Réservé évidemment à un public très averti.
La Dernière maison sur la gauche (1972)
Oubliez le Remake du film de Wes Craven sorti en 2009 et mieux vaut vous concentrer sur le glaçant et logiquement très dérangeant premier film d'un cinéaste en devenir, qui est allé cherché son inspiration du côté... D'Ingmar Bergman ! Le chef-d'oeuvre du cinéaste suédois La Source est en effet la principale inspiration de Craven. Sorti en 1960 et lui-même adapté d'une légende suédoise datant du XIVe siècle, La Source relatait l'histoire d'un propriétaire terrien exercant sa vengeance contre deux bergers ayant violé et tué sa fille.
Dans le film de Wes Craven, Krug (David Hess) et ses complices ne vivent que de violence, de sexe et de drogue. Ils tuent pour le plaisir, par sadisme pur. Mais en torturant à mort la fille d’un dentiste, les quatre psychopathes font une victime de trop. Désormais ce sont eux les proies, traqués par un homme déterminé à se venger. Ils vont apprendre ce que le mot "peur" signifie…
Castration et sévices au menu de ce film qui garde un aspect amateur fauché, mais qui n'en reste pas moins d'une radicalité et d'une efficacité assez traumatisante. Pour l'anecdote, le film fut d'ailleurs interdit de projection en Grande-Bretagne de 1972 à 2002, année où le film est sorti dans une version expurgée. Il faudra attendre 2008 pour y voir une version Uncut.
Ci-desous, la bande-annonce du film. "Pour ne pas vous évanouir, répétez-vous qu'il ne s'agit que d'un film" lâche la voix off du Trailer...
I Spit on Your Grave (1978)
Day of the Woman (ou autrement connu sous le nom de "I Spit on Your Grave" ou encore "Oeil pour oeil") est un des films fondateurs du Rape & Revenge avec La dernière maison sur la gauche; très certainement un des films les plus censurés dans le monde. En Grande-Bretagne, il fut interdit de 1984 à 2001, où une version très expurgée fut autorisée à sortir. Au Canada, le film ne fut pas visible avant 1998, tandis qu'aux Etats-Unis le réalisateur fut obligé de couper 17 min de son film pour échapper à une infâmante classification X par la MPAA. Du reste, aucun distributeur ne fut volontaire pour distribuer le film, obligeant le réalisateur à tenter de sortir à ses frais une première fois son film, sous le titre Day of the Woman. Le réalisateur Meir Zarchi, qui produira d'ailleurs le remake de son oeuvre en 2010, eut l'idée de ce film après avoir aidé en 1974 une femme qui errait nue dans les rues de New York, violée par deux inconnus. 40 ans après, I Spit on Your Grave reste toujours un film choc pour sa représentation sans concession d'une agression sexuelle (une traumatisante et longue scène de viol d'une crudité et d'une objectivité implacable) et des conséquences (transformations physiques notamment) sur la victime. Si le film est loin d'être un chef-d'oeuvre, notamment en raison d'une seconde partie (la veangance de l'héroïne) plus faiblarde avec ses nombreuses invraisemblances, I Spit on Your Grave reste une oeuvre intéressante.
Ci-dessous, la bande-annonce du film...
L'ange de la vengeance (1982)
Après Nine lives of a wet pussy, un film de pure exploitation, proche de la pornographie, Abel Ferrara débute réellement sa carrière avec Driller Killer, l'histoire d'un artiste new-yorkais underground ayant du mal à joindre les deux bouts. Son film suivant, L'ange de la vengeance, autrement connu sous le nom de Ms.45, le fera remarquer jusqu'à Hollywood.
Le film relate l'histoire d'une jeune couturière muette et introvertie, sauvagement violée à deux reprises dans les rues de New York. Elle décide alors la nuit venue de parcourir les rues sombres de New York en tuant de son calibre .45 tous les hommes qui l'approchent. Tueuse misandre et muette (elle ne peut crier durant son viol), Thana (dont le nom évoque Thanatos, personnification de la mort dans la mythologie grecque) exécute des hommes qui asservissent les femmes, qu'ils soient souteneurs ou photographes de mode, etc. Sous les traits de la plastique parfaite de cet ange exterminateur, figure la regrettée Zoë Lund, qui sera notamment la future scénariste de Bad Lieutenant. Oeuvre culte, L'ange de la vengeance est aussi annonciatrice des thèmes et esthétiques qui ont fait la réputation du cinéaste, tout en offrant au spectateur une plongée saisissante au milieu de la faune interlope de New York, dépeinte par le cinéaste comme une véritable Sodome urbaine hantée par le vice, incarné par des hommes / mâles ne cherchant à assouvir que leurs bas instincts; en tout cas les plus primaires.
Ci-dessous, la bande-annonce du film...