AlloCiné : Comment présenterais-tu La Monnaie de leur pièce à tes amis, qui disons-le à une intrigue un peu complexe à résumer !
Baptiste Lecaplain, acteur : C'est une famille qui n'a pas d'argent. Notre maman, c'est Miou Miou. Là, tu as encore plus l'attention des gens. Et elle a trois enfants. On a été élevé dans un milieu très pauvre parce que notre père est mort très jeune. On se retrouve à vivre chez notre tante bourgeoise, qui est jouée par Anémone. Là, juste pour le buzz, les gars, faut suivre ce qu'elle dit ! (rires)
On passe toute notre enfance chez elle. On galère professionnellement, on est un peu à la dèche. Au moment où elle meurt, on se dit : cool, on va choper tout l'héritage car elle n'a pas d'enfant, et l'héritage revient à une vieille cousine éloignée qui s'appelle Eloise, dont le surnom est Crampon, qui est incarnée par la génialissime Julia Piaton. Et donc on va tout faire pour essayer de récupérer l'héritage.
Ça pose la question de : jusqu'où est-on prêt à aller pour de l'argent ? Qu'est ce que l'argent implique ? Est-ce qu'on peut acheter le bonheur ? Est-ce que la famille reste soudée, ou pas, quand ça arrive ce genre de choses, ces petits chamboulements ? Ça pose des questions intéressantes. Anne Le Ny, la réalisatrice, analyse avec cynisme et bienveillance les liens familiaux. Voilà, qu'est ce qui se passe dans une famille ?
Est-ce qu'il y a une morale ?
Bien sûr, il y en a une. Mais après, faut pas que je la dise, sinon je vais spoiler ! Je ne vais pas faire une Bruce Willis avec Shyamalan ! En fait, à la fin, je suis un fantôme ! Mais oui, oui, il y a une petite morale, bien sûr. Est-ce que l'argent peut tout acheter ou pas ?
Ce qui est intéressant de voir surtout, et c'est là où Julia est ultra-forte, c'est que quand on lit le scénario, on se dit que ça va être une histoire de vengeance d'une cousine qui a de l'argent, du pouvoir… Julia amène plein de couleurs très différentes à son personnage, plein de nuances. Elle a amené un truc hyper touchant.
Y avait-il une large place laissée à l'improvisation ?
Non, tout était hyper écrit, hyper travaillé. On a fait beaucoup de lectures avant. Anne Le Ny dirige vraiment comme un metteur en scène de théâtre. Elle est très précise. Son texte est super bien écrit donc on avait juste à suivre. De temps en temps, vite fait, elle a dit : 'oui, là tu peux le rajouter…'. Mais tout était très travaillé.
J'ai surtout tourné avec des réalisateurs qui ne laissaient pas beaucoup de place à l'impro. Les temps de tournage sont très réduits donc c'est rare d'arriver sur des films où il y a le temps, où les budgets sont conséquents. On ne pouvait pas se permettre de dépasser beaucoup.
Mais lorsque tu es sur scène, tu aimes énormément improviser...
(Il acquiesce avec la tête) C'est un problème, même ! Pour mes régisseurs qui ont faim… Les restos vont fermer ! Ça m'est déjà arrivé de couper court car les restos allaient fermer. (rires) Mais c'est pour ça que j'aime le cinéma et la scène. J'aime être au service d'un réalisateur, j'aime faire plaisir ! Quand un réalisateur me confie un rôle, j'aime bien qu'il soit hyper content. J'ai un côté bon élève que je n'avais pas forcément à l'école. J'essaye de rattraper ça maintenant.
Quand je suis sur scène, je fais n'importe quoi ! Je vais vraiment au bout du bout du bout. Ca me permet de me mettre en danger, d'écrire de nouvelles choses. Il y a des trucs que je tente sur scène que je ne tenterai jamais à mon bureau, avec une feuille et un crayon. Quand je suis sur scène et qu'en même temps, je tourne un film, faut s'accrocher ! Quand je tournais le film toute la semaine, et que le samedi, j'avais une date, t'es comme un labrador qui attend depuis 8h du matin de sortir ! T'es prêt à le lâcher dans le parc à 17h ! Làààààààààà ! Il court !!! Ça, c'est moi sur scène !
Comment vois-tu l'évolution de ta carrière en tant qu'acteur ? Vois-tu des changements depuis que tu t'es lancé dans le cinéma ?
J'ai des propositions. Je lis plein de scénarios. Je passe des essais encore beaucoup. Après, ce qui me manque, c'est peut être un vrai succès au box-office. Je n'ai pas fait de gros cartons comme beaucoup de copains. Il y a des choix aussi. Il y a des films que j'ai refusé qui ont marché. D'autres choix aussi pour lesquels je suis très fier d'avoir dit non, qui auraient pu être faciles ou plus attendus. J'ai un agent qui est incroyable. J'ai la chance d'avoir joué dans des films comme Le Beau Monde de Julia Lopes Curval ; d'avoir fait des films un peu plus d'auteur ; des comédies plus populaires, comme DieuMerci ou Les Ex.
A chaque fois, j'ai eu la chance de jouer dans des rôles où je n'étais pas forcément super attendu. Mais peut être qu'il me manque justement ce rôle comique un peu payant. Je suis en train de me l'écrire d'ailleurs. J'espère qu'on arrivera à le faire. Mais le changement interviendra quand j'aurai fait un vrai succès, ce qui n'est pas encore arrivé. Malheureusement il faut en passer par là car il y a des producteurs qui sont un peu frileux encore avec moi. C'est une partie d'échecs. Il faut placer ses pions ; il faut bien jouer au moment où il faut. Ce n'est pas facile.
Peux-tu nous parler de ce rôle que tu t'écris ?
On est sur un film qu'on écrit depuis très longtemps avec Xavier Maingon. C'est Olivier Van Hoofstadt, le réalisateur de Dikkenek, qui le réalisera. Xavier Maingon écrit pour Florence Foresti notamment. C'est un de mes meilleurs amis. C'est une comédie de mecs, très conne ! On a écrit plusieurs versions; on a changé plein de fois. On a enfin trouvé un axe qui nous plait. On a trouvé surtout le réalisateur. C'est la première fois que j'écris avec quelqu'un qui me dit : 'je pense qu'on peut aller plus loin encore !' (rires) C'ets juste un kiff parce qu'on n'a pas de limites ! On a hâte de tourner ça. On va essayer de faire un truc qui nous ressemble, qui nous fait marrer.
Tu parlais de producteurs frileux, d'un vrai succès qui manquait. Le week-end dernier, Alban Lenoir a justement posté un tweet à propos de "followers" pour intéresser des producteurs ("Ah oui, sur un malentendu si 2 ou 300 000 personnes avaient envie de me suivre sur Twitter ça serait sympa pour ma carrière. #lovemyjob #amisproducteurs #HappyNewYear")...
Je ne vais pas dire qui, mais il y a un monsieur très connu, qui essaye de monter un film très gros, un film où tu te dis 'c'est bon, vous allez le financer', et des chaines lui ont dit : 'tu ne veux pas prendre tel Youtubeur', 'tu ne veux pas essayer de le mettre lui dedans ?'… Ce sont des effets de mode, c'est tout.
J'ai toujours pensé que c'était débile de penser que des mecs qui ont 10 millions de followers sur une chaine Youtube vont forcément se transformer en 10 millions d'entrées. Sinon on donne les clés du cinoche à Norman, et on lui dit 'fais ce que tu veux !'. Même Dany Boon lui dirait 'steuplait, j'peux jouer avec toi !'.
La jeune génération de spectateurs a tout gratos. Moi quand je voulais voir un film, j'allais soit au cinéma ou j'allais louer au vidéo-club. Je ne télécharge pas, je ne télécharge jamais. Les rares fois où j'ai essayé de voir des trucs en streaming, j'avais des pubs qui s'affichaient ou un truc de cul, je ne comprenais rien, donc j'ai laissé tomber. Je paye à chaque fois que je veux voir un truc.
Le jeune public aujourd'hui a une offre illimitée. Tous les trucs sont gratos. Forcément, les financiers et les producteurs de cinéma, ils vont essayer d'aller chercher cette cible. Mais c'est peine perdue. Ils ont des vidéos de Youtubeurs tous les jours. Tu ne peux pas contenter les gens tout le temps à ce point là. Il faut revenir à une ère plus exclusive : l'attente de la sortie d'un film, d'un DVD... J'aimais cette attente, comme avant Noel. Donc je comprends qu'il y ait des comédies qui souffrent de buzz, de clic. Je comprends que ça puisse être un peu frustrant. Ce métier est une course d'endurance.
#Fun Facts - Baptiste Lecaplain