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    Mudbound : c’est quoi ce film plébiscité par la critique US ?

    Les abonnés Netflix pourront découvrir dès aujourd’hui le film historique et social Mudbound sur une Amérique raciste d’après-guerre. Les acteurs nous en parlent.

    De quoi ça parle ?

    Mudbound suit la famille McAllan, fraîchement débarquée de la ville de Memphis, qui découvre la dure vie d’agriculteurs dans le Mississippi. Malgré les grands rêves de Henri, sa femme Laura lutte pour garder foi en son mari et en son entreprise en déclin. Pendant ce temps, Hap et Florence Jackson, exploitants agricoles de génération en génération, œuvrent courageusement pour construire leur propre rêve malgré les barrières sociales auxquelles ils font face.

    Réalisé par la jeune cinéaste indé Dee Rees (Pariah, Bessie) et adapté du roman "Mississipi" écrit par Hillary Jordan, Mudbound est une fresque historique et sociale qui nous plonge dans le grand Sud des années 40. Distribué à l’international par Netflix, le film a été plébiscité par la presse US qui loue son casting impeccable (Carey Mulligan, Jason Clarke ou encore Garrett Hedlund pour ne citer qu’eux), son traitement intelligent de l’histoire et la tension qui traverse les deux heures de film.

    Sur Metacritic, sa note culmine à 86 sur 100 et un mot revient à plusieurs reprises : Oscars. Si aucun film original Netflix n’a encore concouru dans cette prestigieuse cérémonie, Mudbound pourrait être le premier. Les critiques américains sont d’ailleurs unanimes sur un point : la prestation de la chanteuse Mary J. Blige mérite à elle seule une nomination. Méconnaissable dans le rôle de Florence, mère de famille qui fait fi du racisme ambiant pour élever ses enfants, elle étonne et détonne.

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    AlloCiné a rencontré les acteurs à Londres le 5 octobre dernier alors que l’équipe présentait le film au BFI British London Festival :

    AlloCiné : Pourquoi avoir choisi ce projet ?

    Jason Clarke : Parce que c’était à la fois un challenge pour moi et un film épique. La réalisatrice est audacieuse et intelligente. Après avoir lu le script je me suis plongé dans le livre. Et vous savez quoi ? Je me suis dit que je devais en faire partie, parce qu’il va marquer les gens.

    Carey Mulligan : Mon dieu, ta réponse était parfaite (rires). Dee Rees était une réalisatrice avec qui je voulais travailler. C’est une période de l’histoire américaine que je ne connaissais pas vraiment et que je n’avais pas "couverte" dans ma carrière.

    AlloCiné : C’est vrai que Dee Rees est une réalisatrice qui se démarque à Hollywood. C’est comment de travailler avec elle ?

    Jason Clarke : C’est quelqu’un qui sait ce qu’elle veut, elle a sa vision des choses et n’a pas besoin de trop réfléchir. Elle est très directe. Je tiens à souligner le travail qu’elle a réalisé avec sa directrice de photographie, Rachel Morrison.

    Carey Mulligan : Quand j’ai vu le film monté, j’ai été surprise par la beauté des plans. Mais ce qui est génial avec Dee, c’est qu’elle se soucie aussi de notre jeu. Ce qui n’est pas le cas de tous les réalisateurs.

    Jason Mitchell : Oui c’est vrai que quand elle a un truc en tête, elle va jusqu’au bout. Pour vous donner un exemple, on a vraiment galéré sur le tournage à cause de la pluie – ce qui n’est pas grave en soi puisque le sujet du film c’est aussi la terre, la boue. Ce jour-là, c’était vraiment le déluge mais Dee a tenu à tourner sous la pluie alors que ce n’était pas prévu. Et comme par hasard, il a arrêté de pleuvoir à ce moment-là. Vous savez quoi ? On a quand même recréé de la fausse pluie !

    Garrett Hedlund : Nous avons tourné le film en 28 jours, à hauteur de 10 à 15 scènes par jour. Nous faisions une seule prise à chaque fois. On essayait de négocier avec elle pour en tourner plus mais elle avait l’œil et nous disait "Tu m’as donné 30%, c’est suffisant" (rires).

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    Il semble qu’à Hollywood des jeunes talents émergent pour s’attaquer à ce genre de problèmes raciaux, politiques et sociaux.

    Jason Clarke : Les jeunes réalisateurs, quand il s’agit de leur premier ou deuxième film, s’attaquent à des sujets très personnels ou profonds. Il y en a de plus en plus dans le sens où il y a de plus en plus de gens pour les soutenir dans leurs projets. C’est le cas avec Dee : elle a toute une équipe derrière elle qui croit en son film et à sa vision. Elle aborde des sujets qu’elle comprend et dont elle peut restituer le propos.

    Ce qui est remarquable avec ce film, c’est que la violence est suggérée, jamais montrée. Ce qui est plutôt rare en ce moment

    Garrett Hedlund : L’ambiguïté est parfois préférable surtout dans ce genre de film où l’on n’a pas besoin de voir la brutalité et la violence pour la ressentir. Il y a un passage dans le livre par exemple où mon personnage, qui est pilote durant la Seconde Guerre mondiale, largue ses bombes sur un camp de réfugiés – tuant des innocents. Le film ne montre pas ça et préfère se concentrer sur sa relation avec Ronsel [joué par Jason Mitchell ndlr]. Nous n’avons pas toujours besoin de voir les entrailles ou le sang couler.

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    Même s’il se déroule dans le passé, Mudbound reste un film très actuel. Votre personnage est un soldat américain noir qui a fait la guerre mais quand il revient en Amérique, on le traite comme un paria à cause de sa couleur de peau :

    Jason Mitchell : C’est fou quand on y pense : tu pars sur le champ de bataille pour défendre ton pays, on te traite d’une manière égale, on te célèbre mais une fois revenu, tu n’es pas le bienvenu. C’est comme si tu étais chez l’ennemi. Certains Américains ne comprennent pas de quoi est fait le pays, par qui il est représenté.

    Mudbound, ça veut dire quoi ?

     

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