The Ghost Writer - Sortie le 3 mars 2010
Réalisé par Roman Polanski avec Ewan McGregor, Pierce Brosnan, Kim Cattrall
DE QUOI ÇA PARLE ?
The Ghost, un " écrivain - nègre " à succès est engagé pour terminer les mémoires de l'ancien Premier ministre britannique, Adam Lang. Mais dès le début de cette collaboration, le projet semble périlleux : une ombre plane sur le décès accidentel du précédent rédacteur, ancien bras droit de Lang...
L'OMBRE DE TONY BLAIR ?
Certains pourraient voir dans le personnage du Premier Ministre britannique, incarné par Pierce Brosnan, un peu de Tony Blair. Et pour cause, Robert Harris, dont le livre a inspiré L'Homme sans ombre, est un ancien journaliste politique qui a été proche de Tony Blair juste avant son élection ainsi qu'au tout début de son mandat. Mais Robert Harris nie ce parallèle :
"Cela fait plusieurs années que j'ai le projet de L'Homme de l'ombre. Cela remonte sans doute à une quinzaine d'années avant que Tony Blair ne devienne Premier ministre. Ce qui m'intéressait vraiment, c'était l'idée d'un mensonge imaginé par un ancien dirigeant politique face à un homme censé rédiger ses mémoires." Pierce Brosnan, qui incarne le Premier ministre, voit le film comme "un thriller politique, mais pas seulement. C'est aussi une tragédie shakespearienne. Un homme se retrouve pris au piège à cause de son égo, et il est manipulé et calomnié par une femme qu'il ne connaît pas vraiment."
On peut toutefois mettre en doute la déclaration d'Harris tant le parallèle avec Blair semble évident ; en effet, The Ghost Writer, au-delà du thriller, apparaît rapidement comme une charge virulente contre l'impérialisme américain. Il accuse en filigrane Tony Blair d'avoir été au service du gouvernement américain, toutes ses décisions politiques ayant toujours été en faveur du pays de l'Oncle Sam. À noter aussi que dans le film, on peut voir le mot "Liar" (menteur) sur des panneaux de manifestants anti-Lang (Pierce Brosnan). C'est un mot que les opposants à Blair utilisaient souvent à travers l'anagramme "Tony B.Liar".
DANS LES ARCANES DE LA POLITIQUE
L'Homme sans ombre plonge le spectateur au coeur du microcosme politique. Robert Harris, dont le livre a inspiré le film de Roman Polanski et qui officie également comme scénariste sur le long métrage, était aux premières loges de la vie politique britannique lorsqu'il officiait comme journaliste politique. Il explique :
"J'ai glané beaucoup d'informations de l'intérieur du système. J'ai eu accès à des dossiers auxquels aucun journaliste n'avait accès à l'époque. J'ai pu me renseigner sur la manière dont certains se comportent sous la pression, la manière dont on vit quand on est sous protection rapprochée en permanence, sur le rapport au pouvoir, et sur l'excitation et l'adrénaline que cela procure. Ce qui m'a intéressé, c'est de capter une quantité infinie de petits détails plutôt que d'obtenir une approche globale du pouvoir, c'est tout cela qui nous renseigne sur la manière dont les gens évoluent dans ce type d'univers."
À noter que début 2007, Robert Harris collabore avec Roman Polanski sur le film Pompéi, adapté de son propre roman, et débute dans le même temps l'écriture de L'Homme de l'ombre. Lorsque le projet Pompéi est abandonné pour diverses raisons, Harris envoie à Polanski un exemplaire de L'Homme de l'ombre avant même qu'il ne soit publié. Immédiatement, Polanski décide d'adapter l'ouvrage sur grand écran.
NICOLAS CAGE PREMIER CHOIX DE POLANSKI
Au départ, c'est Nicolas Cage qui devait incarner le rôle du Ghost Writer, dont le nom n'est jamais mentionné dans le film. L'acteur a finalement dû renoncer à cause d'un conflit d'emploi du temps. En effet, Cage devait rempiler à l'époque pour un 3ème volet des aventures de Benjamin Gates. Pour l'anecdote, cette suite ne se fera finalement pas. C'est donc Ewan McGregor qui a été choisi par Polanski pour remplacer le comédien.
Pour McGregor, travailler avec Roman Polanski était un honneur : "Je m'attendais à ce qu'il me pousse à me surpasser, et c'est d'ailleurs ce que je souhaitais. Il donne toujours aux comédiens des commentaires inattendus qui les aident à incarner leurs personnages. Il vous fournit énormément de détails sur le rôle et vous explique quel regard vous devez porter sur le monde autour de vous, comment vous êtes censé vous déplacer, et à quoi ressemblent les décors. Je crois que c'est grâce à son sens du détail que les situations sont aussi vraisemblables."
HITCHCOCK COMME INFLUENCE
Robert Harris, dont le livre a inspiré L'Homme sans ombre, ne cache pas être influencé par Alfred Hitchcock : "J'aime la manière dont un homme ordinaire se retrouve plongé dans un monde où il perd ses repères, mais où tout ce qui se passe autour de lui est totalement logique. Et pourtant, les choses deviennent de plus en plus délirantes. J'aime ce genre-là, et Hitchcock en était le maître."
UNE POST-PRODUCTION À DISTANCE
Roman Polanski a bouclé la post-production de The Ghost Writer à distance, de son chalet suisse. Le cinéaste était en effet assigné à résidence après avoir été arrêté sur mandat américain pour l'affaire de viol sur mineure qui le poursuite depuis 1978.