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    The Jane Doe Identity : "j'aime composer mes plans et contrôler ma caméra"
    Corentin Palanchini
    Passionné par le cinéma hollywoodien des années 10 à 70, il suit avec intérêt l’évolution actuelle de l’industrie du 7e Art, et regarde tout ce qui lui passe devant les yeux : comédie française, polar des années 90, Palme d’or oubliée ou films du moment. Et avec le temps qu’il lui reste, des séries.

    Rencontre avec André Øvredal, qui nous présente son nouveau film de réalisateur, "The Jane Doe Identity", en salles ce mercredi.

    Wild Bunch Distribution

    Rencontré au Festival de Gérardmer où son film a obtenu le prix du Jury Jeunes, le réalisateur André Øvredal a accepté de nous présenter The Jane Doe Identity. Huis clos dans lequel deux médecins-légistes, un père et son fils, vont devoir autopsier un étrange cadavre, le film est -entre autres- détenteur du Prix du public du Festival du film fantastique de Bruxelles.

    AlloCiné : J'ai vu qu'il s'était écoulé 6 ans entre votre premier film, Trollhunters, et celui-ci. Pourquoi une si longue attente ?

    André Øvredal : J'ai travaillé sur beaucoup d'autres projets qui ne se sont pas faits. J'ai eu Jane Doe entre les mains en 2014, il y a trois ans. Nous devions initialement avoir au casting Martin Sheen, mais son agenda nous aurait fait repousser le tournage de plusieurs mois, puis il est parti sur un autre projet, et nous l'avons perdu. Puis nous avons attendu Brian Cox, puis Emile Hirsch... En tout un an et demi d'attente pour avoir le casting au complet !

    Et le résultat valait l'attente. Votre film est un huis clos, mais votre caméra est étrangement lente, notamment durant la salle d'autopsie. Etait-ce conscient ?

    Oui, j'aime composer mes plans et contrôler ma caméra...

    Combien de caméras aviez-vous, au fait ?

    Une. Enfin, une principale et une seconde équipe filmait avec une autre les gros plans et les détails dans le même temps. Et je veux que la caméra ait une raison d'être là, et de montrer ce qu'elle montre. Surtout dans un film d'horreur, où le suspense doit être construit seconde par seconde. J'aime voir des films comme ceux-là, car je sais que le metteur en scène ne me fait pas perdre mon temps et qu'il est précis. Je ne voulais pas faire quelque chose dans la veine de Troll Hunter, et les producteurs ont immédiatement approuvés, ce qui était inespéré !

    IM Global

    Le corps -l'actrice Olwen Catherine Kelly- est terrifiant ! Comment joue-t-on un corps, et comment l'avez-vous filmée pour rendre sa présence obnubilante ?

    Je voulais la filmer comme n'importe quel personnage, comme ça [il mime un gros plan de visage, NdlR] en gros plan, puis m'assurer que son être soit représentée quasiment comme un objet. Lorsqu'elle entre [dans la salle d'autopsie], elle est n'importe qui. Puis, à mesure que les médecins explorent son corps, que l'on ait de l'empathie pour elle, puis qu'elle soit effrayante. En termes de mise en scène, ça revenait à trouver les bons cadrages de son visage, (...) puis il s'agissait de la filmer soit de façon à ce qu'elle soit effrayante, soit vulnérable, selon la scène.

    Comment Kelly a-t-elle composé avec ces directives ? Etait-elle en permanence sur le plateau ?

    Elle n'avait pas de doublure, elle a presque tout fait elle-même. Nous mettions une poupée, pour caler les lumières, puis elle se mettait à la place de la poupée. Olwen est une actrice, mais aussi un mannequin, donc elle savait rester calme pendant longtemps. Elle a été choisie en amont, et a du attendre 1 an et demi avant de pouvoir tourner, mais nous n'avions aucun doute qu'elle était celle qu'il nous fallait.

    Ça change des films d'horreur qui se passent dans des cabanes...

    La plupart du temps, l'autopsie n'est qu'un moment du film, la partie technique d'une enquête. Ici, elle est l'objet du film, est-ce ce qui vous a intéressé dans ce scénario ?

    Vous savez, Troll Hunter et ce film ont une chose en commun. Ce sont des films sur des gens au travail. Troll Hunter c'est l'histoire d'un type qui chasse les trolls d'accord, mais c'est son travail. C'est ce qui rend les films plus "réalistes".

    Et ça change des films d'horreur qui se passent autour d'un groupe d'adolescents en vacances, qui se séparent...

    Oui, qui se passent dans des cabanes...

    Par exemple. Mais là vous vous éloignez de ces éléments habituels pour explorer la relation entre un père et son fils, et je trouve que c'est une bonne idée de départ.

    J'ai toujours aimé ça dans ce scénario. Et les personnages y font ce que vous feriez à leur place. Et c'est ce que je recherche dans un script : un réalisme émotionnel. Je veux que les auteurs comprennent la psychologie : "quand dois-je m'enfuir ?" et la question suit cela est souvent "est-ce le bon moment pour le faire ?" (rires).

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    Dans ce film, je trouve que Brian Cox a une présence comme en eurent jadis Peter Cushing ou Christopher Lee et que sa complicité avec Hirsch ajoute de la profondeur à cette histoire. Comment les avez-vous choisis après le départ de Martin Sheen ?

    Ça a été un processus très hollywoodien, auquel je n'ai pas vraiment pris part. Nous avons fait une liste de nos acteurs préférés, et nous avons envoyé le scénario en commençant par le haut de cette liste. Juste après le départ de Sheen, nous avons contacté Brian Cox, mais le scénario lui a plu tout de suite. Dès que vous mettez la caméra sur lui, il dégage un sérieux incroyable.

    Comment ont-ils appris à maîtriser les gestes de médecins légistes ?

    Emile est allé à la morgue de Los Angeles et a observé des autopsies, tandis que Brian est plus un praticien. Nous avions donc sur le tournage des médecins légistes, et ils ont appris aux acteurs les gestes à accomplir.

    Vous faites aussi le choix de ne pas avoir de musique, uniquement quelques chansons passant à la radio. Etait-ce pour ajouter du réalisme à votre film ?

    (...) Dans Troll Hunter non plus, il n'y avait pas de musique. J'aime la musique de film, je n'écoute que ça. Mais je suis très conscient que la musique de film est puissante, mais peut aussi être un piège. Car parfois, on se repose trop dessus, et à ce moment, on force le public à ressentir des choses. (...) Nous avons des chansons, mais elles étaient dans le scénario.

    Découvrez la bande-annonce de "The Jane Doe Identity" :

     

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