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    Beaune 2017 : "Message from the King est une façon d'ouvrir un peu mon cinéma" selon Fabrice Du Welz
    Corentin Palanchini
    Passionné par le cinéma hollywoodien des années 10 à 70, il suit avec intérêt l’évolution actuelle de l’industrie du 7e Art, et regarde tout ce qui lui passe devant les yeux : comédie française, polar des années 90, Palme d’or oubliée ou films du moment. Et avec le temps qu’il lui reste, des séries.

    Le réalisateur belge Fabrice Du Welz présentait au festival de Beaune "Message from the King", sa première mise en scène américaine. Il a partagé avec AlloCiné sa rencontre avec le mode de production hollywoodien.

    VEEREN / BESTIMAGE

    Au 9e Festival de Beaune était présenté cette année en compétition Message from the King, nouvelle mise en scène du Belge Fabrice Du Welz, et sa première réalisation aux Etats-Unis. L'occasion de parler avec lui et sans langue de bois de ce projet, en salles le 10 mai prochain.

    Le film présente Jacob King (Chadwick Boseman), qui en provenance de Cape Town, débarque à Los Angeles à la recherche de sa sœur disparue. Il a un billet retour pour l’Afrique du Sud sept jours plus tard, et 600 dollars en poche. Au bout de 24 heures, il découvre que sa sœur est morte dans des circonstances étranges…

    AlloCiné : Il s'agit de votre première expérience américaine, que vous a-t-elle apprise du cinéma américain ?

    Fabrice Du Welz : J'ai découvert l'industrie, d'abord. Là-bas, c'est un autre monde, tout est aux mains des agences [de stars, NdlR] et des syndicats. Donc le rôle d'un metteur en scène là-bas est beaucoup plus anecdotique. Ils sont interchangeables, ils garantissent une vision, une orientation, mais ça n'a pas beaucoup d'impact. A un certain stade, ce sont les acteurs qui ont le pouvoir. Et si tu sais que culturellement c'est différent, c'est encore autre chose [de le vivre].

    Par exemple ?

    Prends la post-production. C'est très difficile, car le domaine du metteur en scène reste le tournage. A partir du moment où tu t'entends bien avec les acteurs, tu peux vraiment influer sur les choses, donner un vrai visage au film que tu fabriques. Par contre sur la post-production, il y a trop d'intervenants. Tout le monde s'en mêle : les financiers, les agents, les managers, les acteurs : tout le monde envoie des notes. Il y a des choses qui se font dans ton dos, donc tu dois être très souple, et comme ce n'est pas ma grande qualité, ça a été dur. Mais comme j'ai vécu un grand trauma chez Thomas Langmann j'ai beaucoup appris de ça, et j'ai essayé d'être un petit peu plus "politique" et donner le film du mieux que je pouvais.

    The Jokers / Les Bookmakers

    D'autant plus que "Message" était un scénario déjà écrit, contrairement aux films que vous aviez dirigé auparavant et dont vous étiez l'auteur. Comment prend-on en main un scénario qui se tourne 15 jours plus tard ?

    Je suis un passionné, donc je me jette à corps perdu dans le projet, il se trouve qu'il m'intéressait vraiment. Il est financé par un producteur avec qui j'ai une vraie affinité qui est David Lancaster, producteur de Drive et de Night Call. Il travaillait chez Bold Films et nous avions développé des films qui ne se sont pas faits, puis il est devenu producteur exécutif sur de nombreux projets, une sorte de mercenaire de la production. Il m'a appelé [pour Message from the King] car il pensait que le scénario me plairait. (...) Et pus j'ai adoré Chadwick, je suis tombé en fascination pour lui, même humainement, ça a été un bonheur de travailler avec lui. Tout était aligné pour ça marche bien. Les choses sont devenues culturellement difficiles pour moi en post-production.

    C'est un film très court en termes de budget, tourner à Los Angeles coûte beaucoup d'argent, qui va aux syndicats. J'ai dû tourner en 28 jours, donc il faut une certaine dose de folie pour embrasser ça, mais je l'ai fait en confiance.

    Dans ces conditions parfois tendues que vous évoquez, comment impose-t-on de tourner en pellicule 35 mm ?

    Eh bien j'ai été clair. A un moment j'ai dit "si on ne tourne pas en pellicule, je ne fais pas le film". C'est un peu jusqu'au-boutiste et un peu dingue, mais surtout je ne me suis pas facilité la vie. (...)

    On retrouve une patte visuelle rappelant le polar des années 70, quelle a été la façon pour vous d'envisager un thriller comme celui-là ?

    Ce film c'est un pulp, donc les personnages sont des archétypes. Le héros a une dimension politique car la peau de Chadwick est noire, et surtout pour un Sud-Africain qui débarque à Los Angeles, mais hormis ça c'est un vrai pulp. Pour moi, c'était une façon d'ouvrir un peu mon cinéma, car j'ai fait quelques films aujourd'hui mais mon cinéma est assez confidentiel, très corrosif, très particulier. Et Message from the King me permettait d'élargir le spectre, et d'arriver à quelque chose de plus populaire et plus dans le divertissement.

    La suite de cet entretien avec Fabrice Du Welz sera à retrouver sur AlloCiné le 10 mai prochain, date de sortie française de Message From The King.

     

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