Louise en Hiver : 3 questions à Dominique Frot

A l'occasion du dernier Festival du Film d'Animation d'Annecy, nous avons pu rencontrer Dominique Frot, qui prête sa voix à l'héroïne du cinquième long métrage de Jean-François Laguionie, "Louise en Hiver", en salles cette semaine...

Gebeka Films

En tant que spectatrice, quels sont les films d'animation que vous aimez regarder ?

Dominique Frot :  Ernest et Célestine, Les Triplettes de Belleville, les films de Michel Ocelot… J’aime bien l’animation quand elle ne se laisse pas aller à son rythme d’enfer. Et dans Ernest et Célestine il y a une douceur du dessin qui fait que le rythme ne nous assomme pas. Il y a quelque chose en tout cas qui me trouble beaucoup et qui correspond à quelque chose de très fort chez moi dans le fait de ne pas avoir une association visage humain / voix humaine. Dans le fait d’avoir un dessin quel qu’il soit ou une technique numérique qui associe une image et une voix, il y a quelque chose qui me va très bien pour ce temps où on est tellement dans l’ego et dans l’identité.

Quelle différence y'a-t-il entre l'interprétation d'un personnage animé et le tournage d'un film en prises de vues réelles ?

Ça n’a pas de différence pour moi, sauf que quand on est dans la simplicité d’un tournage d’animation, d’un enregistrement, on s’approche beaucoup plus de l’objet dont il est question, de la voix de l’auteur, en gros. Pour moi, jouer, c’est toujours s’approcher de ce qui a nécessité l’écriture. Qu'y avait-il avant qu’il y ait l’élan de la plume, ou de l’ordi aujourd’hui ? Je cherche toujours à m’approcher de ça. C’est l’écriture qui nous connait, ce n’est pas nous qui connaissons l’écriture. Elle nous rappelle ce qu’on a oublié, ce qu’on oublie tous les jours. Donc il faut toujours laisser tomber quelque chose et s’approcher d’un silence dont l’auteur a été porteur, avec toute sa peur, tout son rire, toute sa distance et toute sa joie qui est différente de nos joies quotidiennes (…). J’ai la sensation que quand on n’est pas là à être filmé avec toute la grosse équipe que nécessite un tournage, il y a une simplicité qui nous ramène à l’essentiel. On laisse tomber un masque, une fonction.

Comment décririez-vous Louise, votre personnage, et la situation dans laquelle elle se retrouve dans le film ?

Louise se retrouve toute seule. On sent à un moment qu’elle va tout faire pour se tirer d’ici, et puis quelque chose fait qu’elle est passionnée par ce qu’elle a à affronter, c’est-à-dire ses peurs et les joies qu’elle a oubliées, les effrois qu’elle a oubliés. Et elle oublie tout le monde (…). Elle oublie tout, sa famille, son statut de mère, de grand-mère, de sœur… Elle est happée, la solitude l’emmène quelque part. 

(Re)découvrez la bande annonce de "Louise en Hiver", en salles cette semaine...

 

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