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    Call of Duty - Infinite Warfare : de guerre lasse
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Sorti le 4 novembre dernier, la nouvelle itération de la franchise "Call of Duty" de l'éditeur Activision, est baptisée cette année "Infinite Warfare". Un titre non dénué de qualités mais qui souffle le chaud et le froid...

    Avec la régularité d'un coucou suisse, comme chaque année au début du mois de novembre, l'éditeur Activision lâche dans l'arène vidéoludique le nouvel opus de sa martingale vidéoludique Call of Duty, baptisé cette année Call of Duty : Infinite Warfare. Call of Duty, COD pour les intimes, la franchise phare d'Activision devenue au fil des ans son propre genre : Blockbuster; dans son acceptation la plus hollywoodienne du terme bien entendu, avec ses forces et ses faiblesses.

    En 2014, l'éditeur a décidé de passer le cycle de développement pour chaque jeu de sa franchise de deux à trois ans, tirant parti d'une rotation de trois studios s'activant à la tâche : Sledgehammer (aux commandes du solide opus de 2014, Advanced Warfare), Treyarch, qui a signé la livraison de l'année dernière, Black Ops III, et bien entendu Infinity Ward, le studio historique, qui déboule cette année avec Infinite Warfare. Le studio avait d'ailleurs pas mal à se faire pardonner, après un Call of Duty : Ghosts décevant en 2013.

    2014 est aussi une année charnière : c'est là que la licence a clairement pris un virage SF qui s'est nettement intensifié au gré des épisodes. A ce titre, Infinite Warfare creuse cette veine dans une logique jusqu'au-boutiste, puisqu'une très (très) grande partie de la campagne solo balade le joueur aux quatres coins du système solaire, que l'Humanité a domestiqué et quasi terraformé. La démarche inverse de son concurrent dans les linéaires, le Battlefield 1 de l'éditeur Electronic Arts, qui a préféré rétropédaler dans la chronologie pour plonger les joueurs -et avec succès- dans la Première guerre mondiale.

    Call of Galactica

    Dans Infinite Warfare, le joueur incarne le lieutenant Nick Reyes, membre des forces de l'Alliance spatiale des Nations-Unies (UNSA). Après une attaque dévastatrice menée par le Front de Défense des Colonies (FDC), les rangs de l'UNSA sont ravagés. Rapidement promu au rang de capitaine du vaisseau Retribution, un des derniers vaisseaux opérationnels de la flotte de guerre, Reyes doit sillonner le système solaire et en sous effectif pour erradiquer la menace du FDC et de son chef, l'amiral Salen Koch, le grand méchant de l'histoire, auquel Kit Harington prête ses traits.

    Malheureusement, pour son premier rôle de méchant, sa présence est, In Fine, totalement anecdotique ou, en tout cas, sous-exploitée. Jamais on ne comprend ses motivations, là où celles de Kevin Spacey dans Advanced Warfare étaient nettement plus claires avec un personnage qui était au coeur du récit. Vraiment dommage. Quitte à parler de l'écriture des personnages, notre empathie ne va d'ailleurs, et paradoxalement, pas forcément aux personnages humains de cette campagne, mais plutôt à l'androïde Ethan qui accompagne le personnage principal. Pendant vidéoludique du Chappie de Neill Blomkamp (jusque dans le Design) plein d'humour et redoutable guerrier, il offre un contrepoint très sympathique face à ses compagnons d'infortunes.

    Clairement biberonnés à la formidable série Battlestar Galactica, les développeurs d'Infinity Ward propose une campagne composée de 31 missions en tout. Elle est surtout plus posée que celles des précédents opus, qui enchaînaient les séquences comme d'épuisants Roller Coaster. Ici, tel l'amiral Adama, le joueur promène son personnage sur le pont supérieur de son vaisseau pour choisir les missions, qui sont de trois natures : les missions principales, les missions secondaires de type Search & destroy, souvent à bord de croiseurs ennemis, et enfin des missions de dogfights en vaisseau, comme dans la série. Bien que répétitives, ces dernières sont quand même sympathiques : les combats sont frénétiques, et se déroulent dans un environnement spatial réussi, entre les carcasses de croiseurs en feu, astéroïdes et chouettes effets de lumières.

    En fait, cette approche SF de la campagne est à la fois la force et la faiblesse du titre. Visuellement et au niveau de la mise en scène, le résultat est plutôt convaincant, comme la mission de l'assaut sur la planète Mars, avec son bel environnement, ses frappes aériennes guidées au laser et ses combats de Méchas; ou encore cet assaut mené dans une colonie minière située près de Mercure, tellement proche du soleil qu'elle est dévorée par les flammes. A contrario, cette réussite se heurte au "réalisme" des séquences / missions terrestres, comme celle qui ouvre le jeu, à Genève. Visuellement, ca pique vraiment les yeux par moment, et on peine à croire qu'en 2016, une franchise multimilliardaire comme Call of Duty puisse encore nous servir des textures et un level Design aussi datés. Certes, la saga n'a jamais été réputée pour la grande ouverture de ses niveaux. Mais face à la concurrence, ca fait tâche.

    Si les aficionados de la franchise devraient trouver leur compte dans le volet multijoueurs du titre, on lui préfèrera pourtant son excellent et jouissif mode zombie, baptisé Zombies in Spaceland, offrant aux joueurs une séquence flashback dans les 80's, dans laquelle on doit affronter des hordes de morts-vivants dans un parc d'attraction. Cerise sur le gâteau, mais hélas réservée aux joueurs capables d'allonger 90 € : l'édition Legacy du jeu comprend en prime une version HD de Call of Duty : Modern Warfare, l'épisode fondateur de la série. Si les développeurs auraient clairement pu pousser plus loin la qualité de cette remastérisation, le résultat s'avère quand même très probant pour un titre sorti en 2007, et le plaisir de refaire sa campagne solo reste intact. Mais la douloureuse reste quand même salée, d'autant que c'est le seul moyen de pouvoir y jouer...

    In Fine, faisons un rêve. A l'heure où le monde vidéoludique bouillonne de nouveaux modèles narratifs, où l'Open World est devenu un argument de vente majeur, où même un éditeur comme Ubisoft n'hésite pas à mettre en Stand By sa franchise phare Assassin's Creed pour ne pas écoeurer les joueurs (et aussi pour laisser respirer le film attendu le 21 décembre prochain), pourquoi Activision ne mettrait pas à profit les années à venir pour remettre à plat la franchise, prendre de vrais risques ou faire phosphorer un de ses studios sur une nouvelle licence ? Car à trop rincer sa poule aux oeufs d'or qu'est la lience Call of Duty, le risque de la tuer est bien réel...

     

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