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    Un Petit boulot : quand Romain Duris casse l'image du séducteur de L'Arnacoeur
    Brigitte Baronnet
    Passionnée par le cinéma français, adorant arpenter les festivals, elle est journaliste pour AlloCiné depuis 13 ans. Elle anime le podcast Spotlight.

    Nouveau look et nouveau rôle pour Romain Duris, irrésistible dézingueur pour le réalisateur de L'Arnacoeur. Il est ce mercredi à l'affiche d'Un petit boulot, aux côtés de Michel Blanc. Rencontre avec l'acteur à la veille d'une rentrée très chargée...

    AlloCiné : Après votre expérience sur L'Arnacoeur, vous aviez envie de retrouver le réalisateur Pascal Chaumeil...

    Romain Duris, comédien : On cherchait l’histoire. On avait eu un projet. Il y avait eu un scénario qu’il m’avait fait lire qui n’était pas abouti, sur lequel il y avait du travail encore. Il l’avait proposé à Marion Cotillard aussi. On était assez avancés sur ce projet et finalement ça ne s’est pas fait, je ne sais plus pourquoi. 

    ==> Après L'Arnacoeur, les retrouvailles manquées entre Romain Duris et Pascal Chaumeil en 2010

    Pascal et moi, on savait qu’on avait envie de faire autre chose ensemble. Ca s’était bien passé, il y avait une énergie de cinéma, de comédie, d’action, de répertoire que je n’avais pas forcément l’habitude de faire ailleurs. Il savait que j’avais envie, et lui aussi. Il manquait l’histoire et c’est arrivé avec ce roman de Livingstone.

    Universal Pictures International France

    En quoi diriez-vous qu'Un petit boulot se distingue de L’Arnacoeur ?

    Il n’y a pas cette dimension de love story qu’il y avait dans L’Arnacoeur. Mais il y a ce même ton qui flirte avec la réalité des sentiments, et quelque chose de comique. Ce qu’on retrouve, c’est l’énergie, l’efficacité des scènes qui s’enchainent, sans laisser le temps au spectateur de se poser trop de questions, parce que c’est vrai que c’est invraisemblable ce qui arrive à ce personnage.

    Au départ, c'est un homme licencié dans une usine. Et puis d’un coup, il va se mettre à dézinguer des personnes, avec quelque chose d’assez illogique, amoral. Et tout ça glisse, avec quelque chose de comique et énergique que sait très bien faire Pascal, sans jamais tomber, je trouve, dans le gag, ou quelque chose de grossier ou trop attendu.

    Il y a un charme en plus qui là ne ressemble pas trop à L’Arnacoeur, un charme qui est dû aux dialogues que Michel Blanc a développé. Ce ton pourrait faire penser un peu à Michel Audiard ou un film de Blier. Il y a quelque chose de décalé et de poétique parfois, qui je pense fonctionne, tout en restant moderne. Il y a un truc assez rare qui se fait plus en Belgique ou chez les Anglais, de comédie grinçante comme ça, noire.

    Nicolas Schul / 2015 Gaumont - Scope Pictures

    Comment est venue l'idée de ce look ?

    Je ne sais pas de quoi c’est parti, mais en tout cas c'est sûr qu'il fallait décaler vraiment par rapport à ce qu'on avait fait dans L'Arnacoeur. Dans L'Arnacoeur, c'est un personnage avec un charme, qui en joue. Là, je ne dis pas qu'il n'est pas charmant du tout, mais on voulait casser l'image du séducteur. J'ai dit à Pascal, il faut y aller !

    ==> De "MacGyver" à "Un petit boulot", la coupe mulet ou "nuque longue" ne s'est jamais aussi bien portée ! La preuve...

    Il a beaucoup de poils ! Il est barbu, il a les cheveux longs... Voilà, c'est une carapace. Et moi, ça m'aide beaucoup pour sortir de personnages que j'ai déjà faits, ou de qui je suis... Et c'est aussi con que ça, mais ça passe par le poil ! On voulait qu'il ait une épaisseur physique aussi. Ca part de là : je suis très sensible au physique, et ça décale une façon d'être, une façon de jouer. 

    Vous avez un autre film également en sélection à Angoulême, Cessez-le-feu. Avez-vous d'autres films à venir ?

    Oui, il y a le film de Jalil lespert, qui s'appelle Iris, avec Jalil Lespert et Charlotte Le Bon, qui sort fin novembre. Il y a un film que j'ai fait avec Nicolas Boukhrief, La Confession. Et le film d'Erick Zonca, que l'on vient de terminer avec Vincent Cassel et Sandrine Kiberlain, prévu pour courant 2017 (Le Fleuve noir).

    Après la dernière sortie de film -celui de François Ozon [Une Nouvelle amie], j'ai fait du théâtre. Et d'un coup, tout arrive : il y a cinq films qui vont se suivre. Il faut être habile ! J'espère que je ne vais pas saouler qui que ce soit !

    Alberto Bocosgil / Polaris Film Production

    Et après tout ça, vous vous dites peut être que vous avez envie de faire un break ?

    Non, non, j'ai envie de personnages. J'ai un film qui arrive de Serge Bozon, avec Isabelle Huppert. Le tournage est prévu pour octobre. Ca s'appelle Ms Hyde, c'est complètement décalé, très loufoque. Je joue un proviseur de lycée, c'est quelque chose que je n'ai encore jamais joué. Mais il faut être malin, essayer de faire des trucs différents. C'est comme ça qu'on ne saoule pas les gens.

    Quand je lis un scénario où je sens qu'il y a trop de choses qui pourraient être semblables avec quelque chose que je viens de faire, je ne le fais pas. C'est un luxe. J'ai encore ce luxe de pouvoir dire non; je m'en sers. Je ne pense pas tomber dans un circuit où l'on m'attend. 

    Est-ce qu'il y a justement un rôle qu'on ne vous a pas encore proposé qui vous plairait, quelque chose d'inédit pour vous ?

    Je n'ai pas vraiment de réponse, si ce n'est que c'est vrai que j'arrive à un âge où je vais pouvoir commencer à jouer des personnes qui sont bien ancrées dans un métier, une situation. On m'en a parlé ce matin, mais je n'y avais pas pensé avant, mais un homme politique, ça me plairait. Avec vraiment toute cette mascarade qui est cachée derrière un costume et des discours. Je pense qu'il y a matière. 

    En ce moment, ce qui marche bien, ce sont les super-héros. Est-ce que ça vous plairait de jouer dans une grosse production de ce type ?

    Franchement, je suis ouvert à tout. Je suis curieux. J'aime être surpris et j'aime surprendre. Tout peux m'emballer quoi. C'est comme ça d'ailleurs que je pars à chaque fois que je lis un scénario. Dès le départ, j'y crois. Je pars dans une histoire comme quand je lis un livre. J'aime bien être dans cette position bon public dès le départ, sinon on se ferme trop. Parfois ça baisse au bout de 3 pages, et parfois, ça met 15 jours. Et je me dis : finalement, est-ce que j'ai vraiment aimé ? J'essaye en tout cas d'être le plus vierge possible quand je lis un scénario.

    Un petit boulot de Pascal Chaumeil, avec Romain Duris, Michel Blanc et Alice Belaidi, à l'affiche ce mercredi

    Propos recueillis au Festival du film francophone d'Angoulême 2016 

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