AlloCiné : Comment êtes-vous soudainement devenu acteur pour un jeu vidéo ?
David Hasselhoff : Autant vous dire la vérité : j’ai cru qu’on me proposait une pub pour le jeu. Je suis allé rencontrer les développeurs et j’ai demandé : "Comment je dois vendre le jeu ?". On m’a répondu : "Ce n’est pas pour la pub, c’est pour le jeu ! Vous êtes la vedette du jeu !". J’étais très surpris. Ils avaient un scénario avec beaucoup de texte pour moi. Ils m’ont envoyé tout ça la veille du tournage. J’ai été très étonné par la qualité de ce qu’on me proposait et j’ai beaucoup travaillé mes répliques. A partir de là, j’ai créé ce personnage un peu dingue et marrant qui est un guide spirituel pour les héros du jeu.
Vous jouez une sorte de DJ, c’est bien ça ?
Oui, l’histoire est très rigolote. Ça se détache beaucoup du reste de la franchise Call Of Duty. Ça n’a rien à voir non plus avec Black Ops ou Modern Warfare. Là, on se marre. Il y a beaucoup d’humour. Et, justement, j’étais très reconnaissant qu’on m’appelle pour ça parce que je passe mon temps à faire des pubs marrantes et à faire preuve d’humour. C’est capital, l’humour ! Sans un vrai sens de l’humour, ce n’est pas facile de se lever le matin. Je tourne tout en dérision, moi le premier ! Pour l'autodérision, je suis imbattable parce que la vie est tellement absurde, drôle, tordue et insensée parfois. Regardez : je me retrouve dans ce jeu et mon rival, c’est Paul Reubens, un de mes meilleurs amis de fac ! C’est très bizarre. Paul m’envoie d’ailleurs toujours une carte à Noël. Je suis tellement fan de Pee-wee Herman. Il a marqué sa génération avec ce personnage et moi, avec Alerte à Malibu. On a fait nos études ensemble, ensuite on a tous les deux explosé à la télévision avec des émissions que personne n’oubliera jamais et qui nous suivent encore, et maintenant voilà qu’on travaille ensemble dans un jeu vidéo ! D’ailleurs ça nous a fait beaucoup rire, sur le plateau de tournage. On a évoqué nos vieux copains. Il m’a montré des photos de vieilles dames qui ont l’air d’avoir huit cent ans et qui étaient des canons à la fac…
Jouer dans un jeu vidéo et jouer dans une série, l’exercice est différent pour le comédien ?
C’est presque du théâtre d’impro. J’en ai pas mal fait dans ma jeunesse, justement. Et du pantomime, qui puise beaucoup dans l’improvisation. Ça m’a bien servi sur ce jeu vidéo parce que, parfois, on me donnait peu d’éléments de contexte. Je demandais qu'on me parle de la scène, de ce qui était censé se passer et si je pouvais rajouter du "Hoff" dans tout ça. C’est pour ça que quand un joueur fera exploser la tête d’un zombie, il entendra probablement : "Je vais t’atHoffiser"* ou "SuculHoff !"**. Je me suis éclaté à inventer ces trucs-là. Si un joueur lance une grenade au bon endroit et pulvérise un ennemi, je ponctue d’un : "Il s’envole vers l’infini et au-delà !". Les développeurs ont adoré, alors que j’avais peur d’en faire trop. Mais justement, ils voulaient que ce soit à la fois drôle et mystérieux. Parfois, on m’entend aussi donner des indices aux joueurs, ce qui m’a permis de dire ma réplique préférée du jeu : "Parfois, on trouve la mauvaise chose au bon endroit. Mais parfois, on trouve la bonne chose au mauvais endroit." Ce qui incite le joueur à aller trouver la solution à un endroit inattendu. Toutes ces petites choses ont rendu l’expérience très différente d’un simple plateau de tournage. Et puis j’ai enfin le rôle du mec cool ! C’est pas trop tôt ! (Rires)
* “I’m gonna blow your head Hoff” ** “That’s Hoffilicious!”
Vous jouez aux jeux vidéo, vous aussi ?
Quand j’étais jeune, surtout ! Je ne sais pas quel âge vous avez et si vous avez connu ça, mais j’ai commencé avec les premiers jeux : Pacman, surtout. J’y joue toujours sur mon téléphone, d’ailleurs. J’adorais aussi Space Invaders, Asteroids, Centipede… J’assurais à Centipede ! Ça fait des siècles que je n’y ai pas joué. Mon voisin a un gamin de neuf ans : un vrai génie. Il est super bon aux jeux vidéo. Je l’ai emmené sur le tournage de Call Of Duty et j’ai demandé si, en signant une clause de confidentialité, il pouvait assister aux prises de vue, parce que c’est lui qui m’a tout appris sur Call Of Duty. Moi, je ne connaissais ça que par les pubs, à la télé. Mais ce gosse m’y a fait jouer sur sa console et je me suis dit : "C’est incroyable, ce degré de technologie !". Rien que le détail graphique des personnages… et, en plus, on vous rend bien plus fort et plus grand que vous ne l’êtes vraiment ! Maintenant que j’ai été inséré dans un jeu vidéo, je suis comme Dorian Gray : je suis immortel !
Justement, quel est techniquement votre degré d’implication. C’est juste du doublage ou ça implique également de la motion capture ?
Bonne question. Dans un premier temps, on se pose, je demande quelle est l’histoire du jeu, comment tout a commencé, si je peux voir quelques cinématiques et les premiers éléments d’animation qu’on a… J’ai voulu suivre de près toutes les étapes du développement pour en savoir plus sur l’implication des différents intervenants. J’étais vraiment curieux de savoir à quoi tout ça allait ressembler à la fin et si on pouvait me montrer quelque chose de comparable avant de me familiariser avec le plateau de tournage. Tout ça, c’est juste pour se faire une idée de l'ensemble. Ce n’est que dans un deuxième temps qu’on vous fait faire le doublage avec un casque qui scanne votre visage. C’est comme ça que le jeu reproduit à l’identique votre façon de vous exprimer en tant que comédien. Par contre, on ne filme pas votre corps. Ils le rajoutent en post-production. Mais là où l’équipe a vraiment été sympa, c’est qu’en voyant mon degré d’implication dans le jeu, ils m’ont rajouté des répliques et il ont un peu remanié le scénario pour me donner encore plus d’importance.
Call of Duty : Infinite Warfare - Zombies in Spaceland s’adresse aux nostalgiques des années 1980, la fameuse décennie qui a vu votre carrière exploser. Êtes-vous aussi un nostalgique des années 1980 ?
Oui, en un sens, surtout parce que je vieillis et que je vois tous mes potes d'alors vieillir avec moi, et même parfois tirer leur révérence. A l’époque, on passait notre temps à faire la fête, évidemment ! Mais pas seulement… Je me souviens aussi du talent dont tout le monde faisait preuve et de l’ambiance si bienveillante qui régnait. Quand on se baladait avec les copains, je me souviens des gens qui nous regardaient avec émerveillement : "Regardez ! C’est Pee-wee Herman ! Et là, c’est Michael Jackson ! Oh, mon Dieu !". Voilà les trois choses qui me manquent le plus des années 1980 : le fun, les teufs et le talent. Mais ça va revenir : récemment j’ai fait une série un peu autobiographique qui s’appelait Hoff The Record et, avec la distribution, on s’éclate, on fait la fête tout le temps… on se marre comme à la grande époque !
Propos recueillis par Gauthier Jurgensen le 18 août 2016