Le Doom cuvée 2016, pensé comme un reboot de l'une des plus cultissimes licences vidéoludiques, a quelque chose de savoureux. C'est que 12 ans après la sortie de Doom 3, autant dire une éternité à l'ère du numérique, le genre du FPS -dont Doom est un des pionniers- a énormément évolué. Pour ne citer qu'une poignée d'exemples, on a eu depuis des FPS ultra scriptés comme la saga des Call of Duty, taillés comme des blockbusters hollywoodiens. Des FPS en mondes ouverts, comme les volets 3 & 4 de Far Cry; ou encore des FPS "Narrative Driven", comme l'extraordinaire Bioshock.
A rebours de ces tendances, l'éditeur Bethesda et le développeur original de Doom ont préféré retourner aux fondamentaux d'un jeu et d'une licence qui inventa même son propre genre : le Doom-Like. Si Doom 3 fonctionnait régulièrement à coups de rencontres scriptés, il parvenait pourtant à créer une vraie tension et générer chez le joueur de vrais moments d'angoisses, comme dans un film d'horreur. Un élément que nous avions à l'époque beaucoup aimé, quoiqu'il ait pas mal divisé la communauté des fans à ce moment là.
Un Mars, et ca repart
Dans le reboot de Doom, tout ça part aux oubliettes. Id Software ne s'embarrasse même pas d'un scénario. Tout au plus d'un embryon de scénario, montrant une femme scientifique ayant légèrement pété les plombs avec les rituels démoniaques, là où son prédécesseur prenait quand même la peine d'expliquer un peu le comment du pourquoi du déchaînement des forces de l'Enfer, en scénarisant un peu le tout. Dans ce reboot, cela se fait presque uniquement à coups de documents récupérés ça et là dans la base martienne. Dommage, même si c'est un parti pris des développeurs qui se défend.
Dès le début donc, libéré de ses entraves démoniaques, notre Marine de l'espace se déchaîne sur les hordes de démons qui s'abattent sur lui, avec un arsenal culte qu'on ne présente plus, du fusil à pompe au Shotgun à canons sciés, en passant par le lance-roquettes, le fusil à plasma ou le mythique BFG, capable d'atomiser la plupart des créatures dans la pièce. La tronçonneuse est bien entendu également présente, mais pas indéfiniement. La petite astuce -pas mal trouvée- par Id Software étant de la nourrir avec du carburant. Plus l'ennemi que vous souhaiterez découper est gros, plus ca demandera d'essence. Après un découpage dans les règles de l'art aussi gore que jouissif, l'ennemi lâche de quoi restaurer un peu sa barre de santé et des munitions.
Nerveux et frénétique, Doom l'est assurément. Si le jeu est en mode No Brain no Pain, il faut surtout constamment bouger, sous peine de mort violente. C'est en tout cas particulièrement vrai dans les niveaux élevés de difficultés du jeu, qu'on vous recommande chaudement pour vous garantir une expérience de jeu aux petits oignons et une bonne montée d'adrénaline lorsque vous affronterez des boss, dont l'incontournable cyberdémon. Mais surtout les vagues d'ennemis qui viendront vous chatouiller au corps à corps par vagues de plus en plus tendues, au fur et à mesure que vous vous rapprocherez de la fin du jeu. Vous bénirez alors l'introduction des Glory Kills; soit des finishing moves effectués sur les créatures par notre Marine énervé. En fonction de votre position par rapport à l'ennemi (en hauteur, dans son dos, face à lui, dos au mur...) ces Glory Kills ne seront pas les mêmes, mais produisent le même effet sur l'adversaire : le renvoyer Ad Patres de la manière la plus sauvage et brutale possible.
Si Doom 2016 plonge ses racines dans son glorieux passé, les développeurs ont quand même eu la bonne idée de lui injecter des Features auxquels les joueurs sont désormais habitués dans les jeux récents. L'armure du Marine est ainsi boostable grâce à des sortes de clés USB trouvées sur les cadavres de soldats, et permettent par exemple de sauter plus haut, bouger plus vite après un Glory Kill, emporter plus de munitions, être insensible aux explosions... Quant aux armes, elles possèdent pour la plupart deux modes de tirs aux effets assez différents, ce qui permet des combinaisons intéressantes et surtout bien mortelles dans cette grande foire aux monstres. On ajoutera également au menu la possibilité d'embarquer aussi des runes (jusqu'à 3) aux effets bénéfiques, remportables uniquement dans le cadre de défis activés au moyen de pierres flottantes parfois bien cachées. Une raison supplémentaire de passer les environnements au peigne fin, d'autant que le jeu regorge de zones secrètes qui n'attendent que d'être explorées.
Bénéficiant d'un Design et d'environnements plutôt réussis bien que parfois répétitifs (bon en même temps, on imagine qu'il n'y a pas 30.000 manières de représenter une station spatiale sur Mars et l'Enfer...), nerveux et agressif, le titre de Bethesda s'offre en prime une durée de vie plutôt conséquente. Nous avons mis une bonne quinzaine d'heures pour venir à bout de la campagne solo, sans pour autant avoir systématiquemenf cherché à trouver toutes les zones secrètes. Le titre possède par ailleurs un volet multijoueurs auquel nous n'avons pas joué (et qui semble être, aux dires de la presse spécialisée, de peu d'intérêt); tandis que les bricoleurs en herbe se jeteront à coup sûr sur SnapMap, qui permet de créer ses propres cartes / niveaux de jeu. Doom est un excellent défouloir, à défaut d'être original. Mais est-ce ce qu'on attend d'un jeu comme Doom ? Pour un peu, on aurait bien la catchline de Fast & Furious 4 en tête, qui résumerait bien ce Doom millésime 2016 : "Nouveau modèle. Pièces d'origine".
Ci-dessous, le Trailer de Gameplay du jeu...