De quoi ça parle ?
New York, 1974. Chris, la cinquantaine, est libéré pour bonne conduite après plusieurs années de prison pour un règlement de compte meurtrier. Devant la prison, Frank, son jeune frère, un flic prometteur, est là, à contrecœur. Ce ne sont pas seulement des choix de « carrières » qui ont séparé Chris et Frank, mais bien des choix de vies et une rivalité depuis l’enfance. Leur père Léon, qui les a élevés seul, a toujours eu pour Chris une préférence affichée, malgré les casses, la prison… Pourtant, Frank espère que son frère a changé et veut lui donner sa chance : il le loge, lui trouve un travail, l’aide à renouer avec ses enfants et son ex-femme, Monica. Malgré ces tentatives, Chris est vite rattrapé par son passé et replonge. Pour Frank, c’est la dernière des trahisons, il ne fera plus rien pour Chris. Mais c'est déjà trop tard et le destin des deux frères restera lié à jamais.
Guillaume Canet VS Ridley Scott
Avant Blood Ties, il y a le livre des frères Papet Deux frères, flic et truand, puis le film français de Jacques Maillot, Les Liens du sang, dans lequel Canet donne la réplique à François Cluzet. Or la première fois qu'il découvre le scénario de ce film, Guillaume Canet ressent immédiatement le désir de le réaliser. Quelques années plus tard donc, il décide de l'adapter aux Etats-Unis. Mais il n'est pas le seul... A l'époque, un certain Ridley Scott cherche de son côté à acquérir les droits pour tourner un remake. Une course contre la montre s'engage alors et c'est Guillaume Canet qui, le premier, les obtiendra. Le début d'une longue aventure à l'américaine...
Grayt Deal !
Car les tournages américains, régis par des règles strictes, sont très différents des tournages à la française. Premier problème (de taille !) : écrire un scénario en anglais. Il rencontre alors James Gray et lui demande le nom d'un scénariste américain à même de l'épauler. Sans délai, Gray se propose. Une première pour le metteur en scène qui n'avait jusque-là jamais écrit pour quelqu'un d'autre que lui.
Un tournage éprouvant
Un peu dépassé par la façon de travailler des américains, Guillaume Canet fait appel à son fidèle producteur, Alain Attal. Sa mission : trouver des financements et éliminer les contraintes liées au cinéma américain qui risquent alors d’étouffer le travail de Guillaume Canet. Car comme le déclarera le producteur lui-même, aux États-Unis, le réalisateur est considéré comme un simple technicien, sans pouvoir réel. Conclusion, chaque fois que Guillaume demandait quelque chose, le directeur de production ou Alain Attal devaient préalablement leur autorisation.
Au total, le tournage aura duré 42 jours. Dans une interview accordée au Figaro, Guillaume Canet confie que durant cette période, il se s'est senti découragé à plusieurs reprises, avec la désagréable impression de refaire un premier film. Sans compter les règles on ne peut plus strictes des syndicats. A titre d'exemple, il évoque le cas des figurants : sur un tournage US, le metteur en scène n'a pas le droit de leur parler, auquel cas, ils sont considérés comme des acteurs et doivent être payés en conséquence. Le réalisateur français, guère habitué à de tels process, commettra l'erreur plusieurs fois...
Very Bad Mark Wahlberg
A l'origine, c'est Mark Wahlberg qui aurait du incarner Frank. Mais après réflexion, le comédien a préféré se désister, jugeant Blood Ties trop proche de La Nuit nous appartient. En effet, dans les deux films, scénarisés par James Gray, il est question de rivalité entre frangins, l'un flic, l'autre voyou. Wahlberg quitte alors le projet au dernier moment, laissant Guillaume Canet dans une situation délicate puisque l’existence même du long métrage s'est trouvée menacée car il était bien évidemment financé en grande partie sur son nom.
Yes we Caan
Blood Ties, qui rend hommage au cinéma de Sidney Lumet, Jerry Schatzberg, John Cassavettes ou Francis Ford Coppola, est emmené par un très joli casting dont James Caan, figure emblétique du cinéma des années 70. Caan a accepté le film sans avoir lu le script. Réputé difficile à gérer, il rejoint donc la distribution mais refuse catégoriquement de faire des répétitions arguant qu'il n'en avait jamais fait de sa vie et qu'il n'allait pas commencer aujourd'hui. Canet lui suggère de quitter le film mais Caan lui promet que s'il accepte de lui faire confiance, il le surnommera très vite "Jimmy the Dream". L'acteur de 76 ans ne s'y est pas trompé.
Un an après, Guillaume Canet revient sur l'échec du film