Après trois semaines de suspense, Elise va enfin révéler son secret ce soir, avec la diffusion sur TF1 des deux derniers épisodes de la mini-série à succès Le Secret d’Elise, qui a rassemblé en moyenne 7 millions de téléspectateurs les lundis 8 et 15 février. Si la fameuse question au centre de l’intrigue, à savoir "Qu’est-il vraiment arrivé à la petite Elise Letilleul le jour de sa mort ?", va logiquement trouver réponse dans le sixième et ultime épisode, les fans qui auraient au préalable déjà vu Marchlands, la série dont Le Secret d’Elise est adaptée, vont eux pouvoir découvrir quelle direction les scénaristes français ont choisi de prendre.
Le dénouement est-il un quasi copier-coller de son modèle anglais ? Ou dévie-t-il grandement de la fin originale, à la façon de Malaterra, qui nous a récemment offert une résolution indéniablement différente de celle de Broadchurch ?
Un pilote, un fantôme, deux adaptations
Pour ceux qui ne le sauraient pas encore, oui, Le Secret d’Elise, portée, entre autres, par Julia Piaton, Bénabar, Julie de Bona, et Bruno Salomone, est une adaptation. À l’origine, il y a The Oaks, un projet de série écrit par David Schulner (un scénariste ayant notamment travaillé sur Everwood, Desperate Housewives, et The Event) et développé pour la chaîne américaine Fox en 2008. Malgré un casting comprenant Jeremy Renner, Matthew Morrison, Matt Lanter, et Sienna Guillory, le pilote ne convainc pas et la série ne verra jamais le jour.
Mais le concept d’un drama raconté sur trois époques différentes, sur fond d’enquête et de surnaturel, plaît à la chaîne britannique ITV qui commande en 2010 Marchlands, adaptée de ce pilote américain jamais diffusé. La série anglaise, qui compte 5 épisodes (contre 6 pour Le Secret d’Elise) et a pour acteurs principaux Alex Kingston (Urgences), Jodie Whittaker (Beth Latimer dans Broadchurch), ou encore Dean Andrews (Life on Mars), connaît de belles audiences lors de sa diffusion en 2011, ce qui donne alors des idées à TF1, qui choisit quelques temps plus tard d’en faire un remake, à une époque où une série comme Les Revenants prouve que le fantastique à la française peut plaire.
Si Marchlands et Le Secret d’Elise suivent une trame commune assez proche (le mystère entourant la mort par noyade d’une petite fille – Alice Bowen dans la version anglaise, Elise Letilleul en France), quelques différences sont tout de même à noter. Tout d’abord, Elise est encore en vie lorsque débute la série de TF1, alors que Marchlands commence six mois après la mort d’Alice. Ensuite, il y a le personnage d’Ariane (Julia Piaton en 1969, Marie-Christine Adam en 2015), qui se greffe à l’histoire racontée dans le présent en nouant une amitié avec Julie (Julie de Bona), après s’être présentée comme l’ancienne propriétaire de la maison, alors que son équivalent britannique, Ruth, se fait engager comme gouvernante par les nouveaux habitants des lieux. Et quant au triangle amoureux entre Catherine, Yanis, et Rémi, en 1986, il a tout simplement été créé pour la version française (avec les répercussions qu’on lui connaît, à savoir la "légère" obsession de Rémi pour Catherine).
Alice / Elise : même secret ?
ATTENTION SPOILERS sur la fin des deux séries !!
D’une série à l’autre, la clé de la résolution du mystère entourant la mort d’Elise/Alice se cache finalement dans les souvenirs et les non-dits de l’amie muette de la petite fille : Catherine dans Le Secret d’Elise (jouée adulte par Valérie Kaprisky) et Olive dans Marchlands. Dans le dernier épisode de la série britannique, Ruth, la mère d’Alice, comprend que le mystérieux message laissé par le fantôme de sa fille, "Askor", signifie en fait "Ask Olive Runcie" ("Pose la question à Olive Runcie"). Et c’est donc Olive qui finit par révéler le fin mot de l’histoire. Les deux fillettes jouaient dans la maison des Bowen quand Alice a surpris son grand-père, Robert, en plein ébats sexuels avec Liz, la mère d’Olive. Choquée, Alice s’est enfuie, a couru en direction de la forêt, et a fini sa course dans la rivière, où elle s’est noyée.
Un dénouement accidentel assez faible que la mini-série de TF1 a choisi de rendre plus audacieux, plus fort. En effet, dans Le Secret d’Elise, Catherine révèle à Ariane que "Mars", le message laissé par le fantôme d’Elise, fait référence à Alain Godot (Jacques Perrin), l’actuel maire du village, qui était capitaine de gendarmerie en 1969 et chargé de l’enquête à l’époque. Elise et Catherine le surnommaient ainsi car son uniforme leur faisait penser au dieu de la guerre. Et c’est ce même Alain Godot qu’Elise a surpris dans les bras de son grand-père (Stéphane Freiss) en rentrant de l’école. Godot a tenté de rattraper Elise mais la fillette est tombée dans les marais situés non loin de la maison. Elise a crié qu’elle ne savait pas nager, mais Godot n’a pas bougé et l’a regardée se noyer.
Elise est donc morte parce qu’elle a surpris un amour interdit, à une époque où l’homosexualité était encore considérée comme une maladie mentale et punie par la loi. Avec ce dénouement, cette grande "saga de l’hiver" de TF1, réalisée par Alexandre Laurent, fait donc le choix de parler de la société de l’époque, avant de laisser le fantôme d’Elise reposer en paix. Le succès du Secret d’Elise lui permettra-t-il de connaître une suite, sous une forme ou une autre ? L’avenir nous le dira, même si rien ne semble être en projet pour l'instant du côté de TF1. Marchlands a en tout cas connu une déclinaison en 2013, Lightfields, qui reprenait la formule d’origine (une histoire sur trois époques) avec de nouveaux personnages et une nouvelle intrigue.
La bande-annonce du Secret d'Elise :