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    Attentats à Paris : pourquoi Les Cowboys ne sera pas déprogrammé
    Brigitte Baronnet
    Passionnée par le cinéma français, adorant arpenter les festivals, elle est journaliste pour AlloCiné depuis 13 ans. Elle anime le podcast Spotlight.

    A quelques jours de la sortie des Cowboys, nous nous sommes entretenus avec son réalisateur, Thomas Bidegain. Il nous explique pourquoi il est important d'en maintenir la sortie malgré le contexte.

    Ca veut dire quoi de déprogrammer ? Ca veut dire que c'est Daesh qui va décider du calendrier des sorties cinéma en France? Je crois que c'est un pouvoir qu'on ne peut pas leur laisser

    Le 25 novembre prochain, Les Cowboys de Thomas Bidegain sera à l'affiche, comme prévu. Pour ce film, empruntant aux codes du western, faisant écho aux premières manifestations du mouvement djihadiste au début des années 90, la question s'est inévitablement posée de le maintenir ou non, comme nous l'a confirmé Thomas Bidegain, le réalisateur du film, à notre micro.

    Dans l'entretien que nous vous proposons de découvrir, en vidéo, ci-dessus, il explique qu'"il faut continuer à faire des films, il faut les présenter, il faut offrir du spectacle aux gens… C’est important que la vie continue".

    ==> Voir la bande-annonce des Cowboys

    Déprogrammer ou non, une question qui s'est posée pour plusieurs films depuis les évenements. Taj Mahal, nouveau film de Nicolas Saada, centré sur les attentats survenus à Bombay, en 2008, sera lui aussi maintenu, et sortira comme il était prévu, le 2 décembre prochain, comme cela a été annoncé mardi.

    Jane Got A Gun et Made in France déprogrammés

    Les distributeurs de deux autres films ont, en revanche, pris la décision de déprogrammer : c'est le cas de Jane Got A Gun, avec Natalie Portman, et Made in France, de Nicolas Boukhrief. Ce dernier, qui devait sortir hier, trouvait un écho très fort avec l'actualité. Le film raconte en effet l'infiltration d'un journaliste dans les milieux intégristes de la banlieue parisienne. Le journaliste au coeur du film, interprété par Malik Zidi, se rapproche d’un groupe de quatre jeunes qui ont reçu pour mission de créer une cellule djihadiste et semer le chaos au cœur de Paris.

    ==> Voir la bande-annonde de Made in France

    Interrogé sur le report de la sortie de ce film, Thomas Bidegain indique qu'il l'aurait "laissé". "J'aurai changé l'affiche, elle était effectivement très provocatrice, mais on pouvait imaginer qu'on mette une affiche noire, avec juste "un film de Boukhrief, Made in France". Comme un faire part de deuil". Précisons que l'affiche de Made in France a, depuis, bel et bien été changée : la kalachnikov collée à la Tour Eiffel a disparu, au profit de la Tour Eiffe seule

    Thomas Bidegain ajoute : "Je sais que j'ai plus envie de voir le film de Boukhrief depuis les attentats qu'avant. J'ai envie qu'on m'explique le monde. J'ai envie qu'on m'en parle. J'ai envie qu'on me raconte, que je vois un peu comment ça peut se produire. Donc voilà, je regrette car je serai allé le voir ce film".

    "La représentation est un geste politique"

    La question de déprogrammer ou non soulève un autre sujet : celui du reflet de la société dans le cinéma français, et la place de la politique. Récemment, comme nous le relayions ici, Les Cahiers du cinéma publiaient une couverture choc sur "le vide politique du cinéma français". Un thème qui interroge d'autant plus dans ce contexte. Sur ce point, Thomas Bidegain explique : "Les Cahiers du cinéma sont dans leur rôle. Ils réfléchissent. Après, est-ce que je suis d'accord avec tout ce qu'ils disent ? Non, je ne crois pas. En revanche, je trouve que c'est important de faire des films politiques. L'important est de représenter le monde. La représentation est un geste politique. C'est comme la représentation politique. Les choses existent une fois qu'elles sont représentées, politiquement ou cinématographiquement, ou par la littérature, la peinture, l'art que vous voulez ou la politique. On représente. On donne une voix à certaines personnes. De s'intéresser au monde est un geste politique."

    Et d'évoquer Dheepan, "un film sur lequel j'ai travaillé en tant que coscénariste avec Noé Debré et Jacques Audiard" : "pour moi, de faire un film sur un type qui vend des roses à la terrasse des cafés, ça me semblait un geste extrêmement politique. Faire un film, quand on est dans la position de Jacques, sans vedette, c'est un geste très politique. Il peut choisir de faire un film avec des vedettes. Quand Les Cahiers du cinéma font un numéro comme ça, ils mettent des vedettes en couverture (Ndlr. Vincent Cassel et François Cluzet), ils veulent le vendre leur journal. Ils sont dans leur rôle et il faut qu'il le vende leur journal. Je trouve ça très bien, il faut lire Les Cahiers du cinéma évidemment."

    A VOIR AUSSI Le point de vue de Nicolas Boukhrief sur la place de la politique dans le cinéma français

     

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