Un an après Un homme très recherché, Anton Corbijn change de registre avec Life : fini l'espionnage post-11 septembre, et bienvenue dans les Etats-Unis de 1955, sur les traces d'un photographe (Robert Pattinson) désireux de suivre un jeune acteur du nom de James Dean, incarné par un Dane DeHaan stupéfiant. L'acteur est d'ailleurs venu présenter le film au 41ème Festival du Cinéma Américain de Deauville en compagnie de son réalisateur, avec qui il a notamment donné une conférence de presse pour évoquer son travail.
AlloCiné : Dane, qu'est-ce qui vous a poussé à accepter de jouer James Dean ?
Dane DeHaan : James Dean a toujours été l'un de mes acteurs favoris. Quand j'étais en école d'art dramatique, mon prof me conseillait de rentrer chez moi pour regarder des films de Brando et lui. C'est l'un des premiers à avoir joué de façon réaliste et je trouve ça incroyable. Je me sens vraiment proche de lui sur ce plan, et c'est l'une des raisons pour lesquelles j'ai d'abord refusé le film.
Mais je me suis rendu compte que c'était une super opportunité, et un défi dont je pourrais ressortir en étant meilleur acteur. J'aurais finalement été fou de ne pas le faire. Les raisons qui font que je l'aime ont aussi été celles qui ont fait que j'étais réticent dans un premier temps.
Qu'avez-vous appris que vous ignoriez sur James Dean, en faisant ce film ?
Dane DeHaan : J'ai beaucoup appris sur James Dean, et notamment le fait que je ne connaissais finalement pas grand chose. Quand j'ai dit que j'allais interpréter James Dean dans un film, les gens autour de moi me parlaient d'anecdotes qui se sont finalement avérées être fausses. C'est devenu une incône, un mythe que les gens pensent connaître. Il m'inspirait car j'ai toujours cru qu'il avait beaucoup étudié le jeu d'acteur, mais j'ai appris, en faisant mes recherches, qu'il avait plus ou moins laissé tomber rapidement car il en avait marre de s'entendre dire qu'il était mauvais.
Donner à voir James Dean dans la vie
Anton, avez-vous fait ce film pour rétablir certaines choses par rapport à la légende, et être plus proche de la réalité ?
Anton Corbijn : Contrairement à Dane, James Dean n'a pas fait partie de mon éducation culturelle. J'ai beaucoup appris sur lui en préparant Life, et ce qui m'a motivé à le faire, le personnage du photographe, puisque je l'ai moi-même été pendant près de 40 ans. Et j'aimais l'idée de cette relation entre un photographe et une star de l'envergure de James Dean. Mais nous nous sommes rendus compte que les gens avaient de ce dernier une image très liée à sa courte carrière et à ce qu'ils avaient vu de lui au cinéma.
Notre but était donc de le montrer dans la vraie vie, et ça fait partie du travail approfondi de recherche effectué par Dane sur James Dean, et en particulier sur des détails tels que la façon dont il se déplaçait ou dansait. Ce sont des choses qui ont nourri notre film, et notre mission a été de donner à voir l'acteur dans la vie. Et ce qui m'intéressait moi, c'était la dimension humaine, qu'il s'agisse de James Dean ou de sa relation avec Dennis Stock, car leur rencontre a eu un impact sur la vie de chacun.
Quel conseil donneriez-vous à de jeunes acteurs qui admirent aussi James Dean ?
Dane DeHaan : Regardez des films de James Dean (rires) Jouer est pour moi quelque chose de très spécial et doit être pris au sérieux, fait pour de bonnes raisons. Si vous voulez devenir acteur, il faut vouloir le faire pour le travail en lui-même et passer du temps à apprendre à le faire. Il faut donc aller dans une école d'art dramatique. Si vous en trouvez une bonne que vous aimez, fonçez. Mais il ne faut absolument pas vouloir devenir acteur pour être célèbre. Il faut le faire si c'est un désir profond et que vous n'imaginez pas faire autre chose.
Life n'est pas un biopic sur James Dean
Pourquoi avoir choisi Dane pour jouer James Dean ? Parce qu'il lui ressemble ou parce qu'il est très sérieux ?
(rires) En voyant le film, on comprend rapidement pourquoi mon choix s'est porté sur lui. Il parvient à incarner le personnage corps et âme, et c'est ce que l'on recherche chez un acteur. Pour ce qui est de la ressemblance, il est possible d'aller très loin, et c'est ce que nous avons fait ici, mais ça n'est rien si le jeu de l'acteur n'est pas à la hauteur.
"Life" est votre second biopic, après "Control" sur Ian Curtis. L'idée de creuser derrière un mythe est-elle stimulante pour vous ?
Je ne suis pas d'accord quand on dit que Life est mon second biopic, car ça n'est pas un biopic sur James Dean. C'est l'histoire de la relation entre un photographe et son sujet, qui se trouve être James Dean. Il y a bien sûr un aperçu de la vie de ce dernier, et je sais que son héritage plane sur le film. Mais je ne le considère pas comme un biopic. Life et Control ont été faits dans des circonstances différentes, et ce qui m'importait ici, c'était de montrer la vie de James Dean, de le suivre hors du cinéma.
Propos recueillis par Maximilien Pierrette à Deauville le 5 septembre 2015
Dane DeHaan, méconnaissable et bluffant en James Dean dans "Life" :