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    Béatrice Dalle : "On ne me parle que de 37,2 le matin, je crois que je n'aurais pu faire que celui-là !"
    Brigitte Baronnet
    Passionnée par le cinéma français, adorant arpenter les festivals, elle est journaliste pour AlloCiné depuis 12 ans. Elle anime le podcast Spotlight.

    Béatrice Dalle et Jean-Hugues Anglade étaient au Festival d'Angoulême le week-end dernier pour présenter 37,2 le matin à l'occasion du 30e anniversaire du tournage. Rencontre avec l'actrice, souriante, disponible, et avec son franc parler.

    Coadic Guirec / Bestimage

    AlloCiné : Vous présentiez hier 37,2 le matin avec Jean-Hugues Anglade à Angoulême. Quelles sont vos impressions ?

    Béatrice Dalle : Je suis toujours super émue de voir Jean-Hugues [Anglade]. Je suis super émue de ce film parce qu’il a transformé notre vie à tous les deux.

    Nous venons de croiser Jean-Pierre Lavoignat. On a commencé ensemble. Je me souviens des premiers Cannes, avec Première, avec lui, Marc Esposito… C’est émouvant, c’est nos 30 ans à tous.

    C’est mon premier film, mon premier travail. Avec Jean-Hugues, on a gardé de super rapports. C’est un plaisir de le voir. Pour pas s’entendre avec Jean-Huges Anglade, tu peux être qu’un crevard ! Plus charmant que ce mec là, ça n’existe pas ! Donc tous les gens qui n’aiment pas ou ne s’entendent pas avec Jean-Hugues Anglade sont des crevards ! 

    Avez-vous revu le film à Angoulême ?

    Non, je ne l’ai pas revu.

    Et vous le revoyez de temps en temps ?

    Non, jamais. Je ne revois pas mes films.

    Coadic Guirec/ Bestimage

    J’imagine qu’on vous pose souvent la question… Mais quels sont les souvenirs les plus forts que vous gardez de ce tournage ?

    Il n’y a pas un souvenir fort. C’est tout. Tout a été magique pendant ce tournage. On a tourné super longtemps, pendant 3 mois. C’était un moment où le cinéma avait encore beaucoup d’argent donc on tournait très longtemps dans des endroits incroyables, dans des conditions vraiment bien.

    Tout était magique : on a tourné jusqu’en décembre et on a eu du beau temps tout le temps. D’habitude, tu as des galères de tournage… On ne peut pas tourner, il pleut. Il y a quelqu’un de malade. Nous, rien. Il n’y a pas eu une heure de ce tournage où il y a eu un problème, que des trucs super.

    Il y a un truc que Jean-Hugues disait hier [lors de la présentation de 37,2 le matin à Angoulême, Ndlr.], c’est que ce film était quand même compliqué à faire. [Jean-Jacques] Beineix a vu assez rapidement que tout se passait super, même les scènes très compliquées, parce qu’on a quand même beaucoup de scènes de sexe… C’est pas facile. Jean-Hugues n’avait fait que l’homme blessé. Moi je n’avais rien fait.

    Il a été rassuré assez rapidement que tout se passait incroyablement bien, qu’il était très content de ce qu’il voyait. On a beaucoup ri pendant le tournage.

    Mais il y avait aussi de grands coups de gueule. C’était mon premier travail, mon premier film. Et je me disais : ils m’ont voulu, ils m’ont eu, ils ont qu’à maintenant assumer! Quand un truc ne me plaisait pas, ou je partais, ou je criais…

    Je me souviens d’une scène dans le bungalow quand je déménage, j’étais énervée contre Beineix. Je voyais qu’il était en bas, et tout ce que je jette par la fenêtre, je vise pour qu’il le prenne sur sa gueule… Je me souviens de toute l’équipe mettant un casque intégral parce que je leur foutais sur la gueule, et je rigole ! Et dans le film, ce que tu vois, c’est ça ! Le gâteau d’anniversaire, quand tu m’entends rire, c’est parce qu’avec Jean-Hugues, on tourne et on se casse la gueule. On s’effondre, le gateau est par terre, et le rire que tu entends dans le film, c’est moi qui rigole tellement… Il y a tellement de trucs qu’on a gardé… C’était un bonheur ce film.

    Je crois que je n’aurais pu faire que celui-là. On ne me parle que de ce film, et dans tous les pays du monde. Tous les pays du monde, on me parle de ce film, c’est hallucinant. 

    Est-ce que justement il y a un film dont vous êtes particulièrement fière et dont on ne vous parle pas si souvent…

    Trouble Every Day. J’ai une passion pour ce film. J’ai une passion pour les gens avec qui j’ai travaillé. D’avoir été choisie par Claire Denis trois fois, d’avoir été choisie par Virginie Despentes, par Jim Jarmusch, par Abel Ferrara... J’ai fait le premier Christophe Honoré, j’ai fait Haneke… Ou des mecs moins connus : par exemple, j’ai fait Domaine avec Patric Chiha.

    Je suis super fière d’avoir été choisie par des gens comme ça. Ma plus grande fierté, c’est de leur avoir donné envie de. J’adorerais tourner à nouveau avec Virginie Despentes et Claire Denis.

    Les comédiens n'aiment pas forcément répondre à cette question car certains disent que ça tue le désir... Mais je me demandais s'il y avait des réalisateurs avec qui vous n'avez encore jamais tourné qui vous intéresserait ? 

    Je voudrais tourner avec Audiard, Desplechin, Delépine… J’adorerais ! Desplechin, je le trouve incroyablement brillant. J’adorerais tourner aussi avec le réalisateur de Timbuktu, Abderrahmane Sissako. Je suis contente quand je suis dans un autre pays, avec des gens d’ailleurs. Timbuktu, c’est sublime. Abderrahmane Sissako, je veux tourner avec toi !

    Quels sont vos projets ?

    Déjà je reprends ma pièce, Lucrèce Borgia. On fait quelques dates en France, et après on part en tournée en Asie. J’ai une série qui sort : l’adaptation française de Broadchurch, Malaterra. Après je fais un film de Laure Hassan. Et après je pars au Canada pendant 3 mois faire une création des Lettres d’amour d’Ovide. Je voulais faire un texte classique ; David Bobée, mon metteur en scène adoré, avec qui je fais Lucrèce, m’a proposé une nouvelle pièce. Un texte plus classique qu’Ovide, tu peux difficilement ! Ça sera avec un groupe de rock, les Dear Criminals, qui sont sur scène, et un acrobate, donc c’est une pièce et une performance aussi. On fait ça 3 mois à Montréal, en mars-avril-mai, et après on vient le jouer en France.

    Vous pouvez nous en dire un peu plus sur ce film de Laure Hassan ?

    Ca s’appelle Aux armes etc. C’est l’histoire d’une arme. Les débuts du film, tu vois la création d’un Beretta, de A à Z. C’est la vie de cette arme et des mecs qui vont la tenir en main. Et moi, je fais la femme d’un voyou… C’est bizarre, hein ! (rires)

    Jean-Hugues Anglade, partenaire de Béatrice Dalle dans 37,2 la matin, commente sa biographie AlloCiné

    Propos recueillis au Festival du film francophone d'Angoulême, le 30 août 2015 

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