AlloCiné a rencontré Gaspar Noé au mois de mai dernier lors du Festival de Cannes, où il présentait hors-compétition et en séance de minuit son sulfureux Love, en salles cette semaine. A notre micro, le cinéaste évoque le contenu de ce film pas comme les autres ainsi que sa vision du format 3D.
L'utilisation de la 3D
C'est super compliqué de tourner en 3D. Je n'ai aimé que deux expériences utilisant ce procédé. D'abord, Gravity. J'ai vu le film sept fois. J'aime surtout les 40 premières minutes, les deux premiers plans séquence, qui me retournent la tête. Même si c'est très artificiel, même si c'est un film de SF, il y a une jouissance visuelle, sensorielle, on est dans un rollercoaster qui peut tourner dans tous les sens. L'autre film dont j'ai vraiment aimé la 3D, c'est le reconditionnement dans ce format du vieux Magicien d'Oz.
Personnellement, j'ai pris des photos en 3D, j'avais une caméra vidéo 3D. Quand tu regardes la 3D, même sur un petit écran, tu as l'impression que les gens sont plus vivants. On est encore loin de la réalité, mais en même temps, c'est plus vrai. Si tu fais des plans fixes et que tu les rassemble sur un grand écran, il y a un côté monumental de voir des visages qui, d'un coup, deviennnent comme les Rocky Mountains. Tu as l'impression de voir des visages géants qui parlent ou qui baisent... J'avais vu ça dans Hugo Cabret de Scorsese. A un moment, il y a un plan de Méliès en train de parler à la caméra, c'est mon plan préféré du film. Ca durait, il s'imposait, tu avais vraiment l'impression de voir une statue géante qui parle.
Love : simulé ou pas simulé ?
Simulé, non simulé, c'est même pas le sujet. Aujourd'hui, il y a des choses qui peuvent êtres faites ou pas faites. L'essentiel, c'est que tu racontes une histoire. Après... L'essentiel, c'est que tout paraisse crédible.
La sortie de salles cannoise de "Love" :