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    "A trois on y va s’inscrit dans un combat pour le romantisme"
    Brigitte Baronnet
    Passionnée par le cinéma français, adorant arpenter les festivals, elle est journaliste pour AlloCiné depuis 13 ans. Elle anime le podcast Spotlight.

    Rencontre avec Anaïs Demoustier, Félix Moati et Sophie Verbeeck autour de A trois on y va, le nouveau long métrage de Jérôme Bonnell, sorti ce mercredi.

    Wild Bunch Distribution

    AlloCiné : A trois on y va est très subtil, très fin. Entre la lecture du scénario et la première fois que vous avez vu le film, avez-vous été surpris ? Qu'avez-vous ressenti ?

    Anaïs Demoustier : J'ai senti un souffle, un élan, une forme de jeunesse, une grande légèreté. Ce que je n'avais pas senti à la lecture du scénario, c'est à quel point tous les genres cohabitaient dans le film, parfois de la grande mélancolie, puis aussi des choses très comiques, de la drôlerie, de la légèreté. Je trouve que ça marche vraiment très bien dans le film.

    Félix Moati : Ce qui m'a surpris tout de suite quand je l'ai vu, c'est la drôlerie. C'était déjà le cas dans le scénario, mais je ne l'avais pas vu. A l'écran, comme ça, on rit de bon coeur. 

    Anaïs Demoustier : C'est vrai que nous étions très hantés par les questions de nos personnages, qui sont des questions de fond. Les trois personnages sont quand même très tourmentés. Et donc on ne se rendait pas compte que le film serait aussi léger, et que les situations en elles-mêmes crééent du comique.

    La comédie vient ponctuer, apporter de la respiration, à la profondeur du drame

    Sophie Verbeeck : Ce qui m’a plu tout de suite, c’est que c’était sans psychologie. J’ai l’impression d’être en face de quelqu’un qui abordait les choses sans morale, sans pathos, ni psychologie. Même s’il y a du sentimentalisme, de la naïveté, du romantisme, on passe, on est tout le temps dans l’action tous les trois. Je trouvais qu’il y avait quelque chose du cinéma classique. Mais d’emblée, je n’ai pas vu la comédie, c’est marrant. C’est le drame qui m’a sauté aux yeux, mais pas du tout l’aspect comique du film. Ça m’est apparu à la première projection du film. 

    La comédie vient ponctuer, apporter de la respiration, à la profondeur du drame. C’est la grande délicatesse et finesse de Jérôme Bonnell de réussir à trouver ces moments de respiration. Dès qu’on pourrait effleurer une complaisance, d’être dans un genre, paf, il le bouscule et te renvoie à un autre genre. C’est d’une force !

    Félix Moati - Anaïs Demoustier : de la complicité... aux scènes d'intimité !

    On sent une vraie complicité, une vraie alchimie à l'écran, qui y est pour beaucoup dans la réussite du film. Comment êtes-vous parvenus à installer cette complicité et cette confiance pour les scènes sensuelles ?

    Sophie Verbeeck : Dès qu’on a passé des essais avec Jérôme, il y avait quelque chose. C’est l’intelligence du metteur en scène, c’est de trouver la bonne distribution. Dès qu’on s’est retrouvés ensemble dans le même pièce, moi je ne les connaissais pas du tout, il y a quelque chose qui a pris, d’une intimité qui était déjà présente. Les trois personnages nous tenaient vraiment à cœur et on en parlait beaucoup. Il y avait une alchimie.

    Les trois personnages nous tenaient vraiment à cœur et on en parlait beaucoup

    Au niveau de la sensualité, les scènes d’amour étaient assez simples à tourner. Il y avait quelque chose d’évident. Je n’ai pas trouvé ça effrayant. Jérôme nous mettait des balises, il y avait comme une chorégraphie. Il y avait une structure qui encadrait les scènes d’amour. Nous n’étions pas livrés à nous-mêmes dans l’arène. Je dirai que la confiance a préexisté.

    Anaïs Demoustier : C’était assez chorégraphié. On est un peu au service de quelqu’un. On se met à nu en quelque sorte. Et puis il y a l’intimité de chacun qui s’exprime. Ce sont des gestes indiqués par Jérôme, mais ce sont les nôtres. Il y a une part de nous qui entre en jeu. 

    A trois on y va peut faire penser à Truffaut, comme un Jules et Jim d'aujourd'hui...

    Sophie Verbeeck : Je n’y ai pas du tout pensé. Pas du tout. Mais c’est vrai que c’est ce qui ressort dans les médias, on parle beaucoup de François Truffaut. J’ai été nourrie par François Truffaut, j’adore. Je vois les points de convergence qu’on peut trouver. C’est vrai qu’il y a cette même délicatesse d’aborder les sujets amoureux, cette même profondeur, comme dans La Femme d’à côté, par exemple. Il y a une forme de féminité aussi. Il y a une vraie pudeur, une vraie délicatesse, qu’on apparente au domaine de la féminité, qui est palpable chez des créateurs comme Truffaut.

    C’est un film qui s’inscrit dans un combat pour le romantisme

    C’est un film qui s’inscrit dans un combat pour le romantisme. Je suis très fière de présenter ce film parce que je trouve qu’il y a beaucoup d’ironie aujourd’hui, de cynisme par rapport à des endroits du romantisme, de l’amour, de la naïveté. Je pense que c’est un très beau combat.  

    Qui est Sophie Verbeeck ? La révélation d'A trois on y va se prête à notre interview-portrait :

     Propos recueillis à Paris, le 9 mars 2015

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