Elle n'a que 16 ans, elle est encore au lycée dans le Sud de la France, et pourtant : Zoé Adjani-Vallat a déjà tout d'une grande ! Un regard perçant, une beauté qui irradie et un charisme qui impressionne pour une jeune fille de son âge, elle est très juste, entre grands sourires et crises de larmes, dans le rôle de Cerise, une ado qui a 14 ans mais en parait 20. Le nouveau long-métrage de Jérôme Enrico, à qui l'on devait déjà l'un des personnages les plus attachants de la filmographie de Bernadette Lafont grâce à Paulette, lui offre sa toute première occasion de briller devant une caméra. Une opportunité qu'elle n'a pas hésite à saisir et qui n'est probablement que le début d'une belle histoire...
Synopsis : Cerise a grandi à côté du périphérique, mais la voilà exilée en Ukraine. Cerise se maquille outrageusement, mais elle a encore des rêves de petite fille. Cerise ne connaît pas son père, pourtant elle doit vivre avec. Cerise ne s’est jamais intéressée qu’à sa petite personne, et la voilà plongée dans une révolution ! Cerise ou les pérégrinations d’une adolescente à la recherche de l’amour absolu… à la recherche d’elle même.
Vous faites partie d'une génération qui n'est pas toujours très friande de cinéma français. Qu'est-ce que vous diriez aux jeunes pour les convaincre de courir en salles découvrir "Cerise" ?
Zoé Adjani: J'avoue que si je n'étais pas dans le film, je ne suis pas certaine que je serai allée à le voir. Je ne vais pas beaucoup au cinéma moi-même, on peut télécharger les films hyper facilement aujourd'hui. Alors pour convaincre d'aller voir Cerise, je dirais qu'on est au coeur de l'actualité de l'Ukraine, c'est ça son point fort, et c'est important de regarder un peu autour de soi. Les jeunes ont tendance à rester très centrés sur eux-mêmes à cause des réseaux sociaux et plus généralement d'internet alors que pour avancer dans la vie, il faut avoir une vision globale des choses.
Est-ce que vous estimez que Cerise est un personnage crédible, qui peut parler aux jeunes ?
Je pense qu'elle est un peu extrême, concernant son look notamment (ses cheveux roses, ses talons de 12 centimètres...), mais elle a une sensibilité très proche de celle de tous les ados d'aujourd'hui.
Cette transformation physique justement, vous y avez participé ?
J'ai participé au choix des costumes avec Dorothée, mon habilleuse-costumière sur le film. On a passé des heures à regarder des fringues. Elle voulait que je me sente bien dedans pour que je puisse interpréter le personnage au mieux. C'était primordial de se sentir à l'aise. Et c'est aussi cela qui m'a permis de m'identifier un peu plus à elle.
Et par rapport au scénario, est-ce que vous avez apporté quelques indications en tant qu'ado ?
Il y a beaucoup de scènes avec des textos visibles à l'écran, j'y ai apporté mes corrections mais j'avais quand même du mal. Je suis en 1ère littéraire et je n'écris pas mes SMS de cette manière. Avec les comédiennes qui jouent mes amies et Jérôme Enrico, on s'est assis autour d'une table et on a relu le scénario pour identifier ce qui n'allait pas dans ces messages. D'ailleurs, j'ai découvert que le langage texto variait selon que l'on vient de Paris ou du Sud de la France ! Ce n'était pas si simple de se mettre d'accord du coup. Mais Cerise venant du 93, on a tranché rapidement.
Vous vous attendez forcément à ce que l'on vous parle de votre tante, Isabelle Adjani. C'est inévitable. A-t-elle vu le film d'abord ?
Oui, à la projection organisée par l'équipe à Paris. Elle m'a dit qu'elle avait été étonnée, qu'elle était heureuse pour moi, qu'elle était sûre que c'était un métier fait pour moi.
Qu'est-ce qu'elle représentait pour vous quand vous êtiez petite ?
Je ne la voyais pas beaucoup. On voit déjà assez peu sa tante en général, alors quand en plus c'est une actrice reconnue ! Je ne la voyais peut-être qu'une fois par an, pas plus. Nous n'avons jamais été très proches.
Vous avez un chouchou dans sa filmographie ?
J'aime beaucoup le tout dernier, Sous les jupes des filles. C'est vraiment un rôle dans lequel on ne l'avait jamais vue. Elle a totalement détaché ce qu'elle est dans la vie pour l'interpréter, elle se lâche. Elle m'a surprise. J'adore La journée de la jupe sinon. C'est un rôle très fort.
L'interview jeune actrice
Votre premier souvenir de spectatrice ?
Le miroir, d'Andreï Tarkovski. Je l'ai vu à 8 ans et il m'a vraiment marqué. Je le revois encore aujourd'hui. J'aime ce cinéma où il n'y a pas forcément beaucoup de dialogues mais où ce sont les sensations qui vous prennent au ventre et qui vous laissent sans voix. Je suis restée stoïque pendant une heure ensuite. Je ne réalisais pas. Je pense que ça a été un délic dans mon envie de devenir actrice.
On se sent comment quand on se voit pour la première fois sur un grand écran ?
Bizarre. On ne se reconnait pas. Il faut vraiment faire la part des choses entre le personnage et soi, et je n'y arrive pas encore très bien mais j'y travaille. C'est compliqué ! Il faut s'y faire, se laisser aller.
Une chanson de cinéma qui vous reste en tête ?
La bande-originale du Fabuleux Destin d'Amélie Poulain. La valse d'Amélie plus particulièrement.
Un conseil que vous pourriez donner aux autres acteurs qui débutent comme vous ?
Faire attention aux paillettes. Rester très humble. Continuer à vivre sa vie comme quelqu'un de normal. Sinon on perd vite pied.
Votre dernier film marquant ?
Bande de filles. Que j'ai adoré. Comme Cerise, il parle de l'adolescence de nos jours mais vraiment dans la banlieue. Cette difficulté à choisir de rester dans le droit chemin, et donc potentiellement de ne rien faire de très excitant, ou faire un tas de conneries et avoir alors un tas de bons souvenirs dans la tête ? C'est le questionnement que tous les ados d'hier et d'aujourd'hui se posent.
Passer derrière la caméra, comme votre mère et votre beau-père, ça vous intéresserait un jour ?
Oui, beaucoup. C'est un rêve. Si j'en ai l'opportunité en tout cas.
Quels sont vos projets ?
D'abord de passer mon bac ! Parce que sinon, encore une fois, je pense qu'on perd vite pied. Entre la promo et les cours, j'ai déjà dû mal à m'en sortir. Mais si un scénario absolument éblouissant arrive, alors évidemment j'accepterai. Mais je me dis que je n'ai que 16 ans, j'ai tout le temps. Après mon bac, je vais monter à Paris, tenter ma chance au Conservatoire National et sinon voyager.
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Propos recueillis par Jean-Maxime Renault le 25 Mars 2015.