AlloCiné : Comment avez-vous trouvé Stacy Martin, le rôle principal de Taj Mahal ?
Nicolas Saada, réalisateur et scénariste : J’ai mis du temps à trouver l’actrice pour ce rôle. La directrice de casting, Antoinette Boulat, m’a parlé de Stacy Martin. C’était en juillet-août 2013, quelques mois avant la sortie de Nymphomaniac. Je n’avais pas encore vu d’images du film de Lars Von Trier.
J’ai été immédiatement impressionné par ma rencontre avec Stacy. Elle était très réactive sur le scénario, très précise et pertinente. Elle faisait preuve d’une grande intuition, d’une vraie intelligence dans son approche du rôle. Tout de suite, je me suis dit que c’était elle.
L’intrigue est vraiment centrée sur son personnage. On pourrait dire que c’est une histoire dans l’histoire ?
C’est exactement ça. C’est une histoire vraie qui m’a été relatée par la personne qui l’a vécue, de l’intérieur. Une très jeune fille qui s’est retrouvée prisonnière d’une chambre d’hôtel pendant la tragique attaque du 26 novembre 2008 à Bombay.
On se souvient peut-être moins de cet attentat de Bombay. Pourtant, c’est un événement qui a beaucoup marqué cette partie du monde, surtout l’Inde, où il a été vécu comme un traumatisme national. Ça a été un moment absolument terrible dans l’histoire récente de l’Inde, de Bombay.
Cet attentat n’a pas seulement touché des Occidentaux, des touristes, mais aussi des Indiens, des gens de la rue. Les victimes ont été frappées à peu près à tous les endroits de la société en Inde, aussi bien le petit peuple, que la police, les résidents, les touristes… Bombay a basculé quasiment dans un état de guerre pendant trois jours. Le film se passe pendant la première nuit de cette attaque.
Est-ce que le film prend un peu la forme d’un huis clos ? L’intrigue se passe essentiellement dans la chambre d’hôtel ?
Oui : il y aura aussi le point de vue des parents (Louis-Do de Lencquesaing et Gina McKee) qui essayent de rejoindre l’hôtel ; ainsi que celui d’une autre femme dans l’hôtel (Alba Rohrwacher). Mais c’est vrai : il y a quelque chose d’un huis clos extrêmement oppressant et qui correspond au point de vue du personnage principal.
Connaissiez-vous bien ce pays avant d’y tourner ? Y avait-il un désir fort de votre part d’aller tourner là-bas ou est-ce vraiment l’histoire qui a provoqué ça ?
C’est l’histoire qui m’a amené à tourner en Inde. C’est un pays que je connaissais mal. J’y suis allé il y a très longtemps, et y suis retourné à de nombreuses reprises pour les besoins du film. On était très contents de trouver là-bas un partenaire idéal : la productrice de The Lunchbox, Guneet Monga.
Ce qu’il fallait tourner à Bombay, ce sont d’abord des ambiances, des atmosphères qui correspondent un peu à la découverte de Bombay par cette très jeune fille qui ne connait pas l’Inde.
La scène préférée de Nicolas Saada :