Favelas est adapté d'un roman d'Andrew Mulligan. Pourquoi avoir choisi d'adapter ce roman en particulier ?
Favelas marque un nouveau départ pour moi. C'est une fable, une belle et grande et aventure qui a tout du conte de fée. Je n'avais jamais fait ça auparavant. C'était donc l'opportunité idéale pour me lancer dans un film de ce genre et l'occasion rêvée de découvrir un pays, une culture que je ne connaissais pas. Ce fut une immersion totale au coeur du Brésil, loin des clichés touristiques.
Nous avons été épaulés par le réalisateur de "La Cité de Dieu", Fernando Meirelles
À ce propos, l'histoire ne nous dit pas où se situe l'intrigue... Pourquoi avoir choisi le Brésil ?
Andrew Mulligan a vécu au Brésil et s'est inspiré de cette expérience pour écrire son livre, Trash. Mais il a également enseigné en Inde et aux Philippines donc l'ouvrage est un mélange de ces trois cultures. Or pour le film, nous devions choisir qu’un seul lieu ! On a donc commencé nos recherches au Brésil, où nous avons été épaulés par le réalisateur de La Cité de Dieu, Fernando Meirelles, qui a l'habitude de travailler avec des acteurs non professionnels et qui nous a aidé à coller à la réalité du pays. Ce cadre nous a semblé absolument parfait : il y avait tout l'optimisme et l'espoir qui ponctuent l'oeuvre d'Andrew Mulligan. Favelas est un conte improbable et nous devions créer le contexte idéal pour que tout ceci paraisse crédible.
La force du film, c'est sans aucun doute ce casting, trois jeunes enfants formidables... Comment les avez-vous trouvé ?
Cela nous a demandé énormément de temps. Il ne fallait pas trouver des enfants qui collaient simplement aux personnages. Il nous fallait des enfants qui n'avaient jamais joué, des enfants intéressants et authentiques, capables de réinventer toute l’histoire. J'avais envie qu'ils nourrissent le film de leur propre expérience, de leur vécu, de leur croyance. J'avais envie qu'ils se posent les mêmes questions que les héros : doivent-ils rendre l’argent ? Jusqu’où peuvent-ils aller ? Qu'est-ce qui est bien, qu'est-ce qui est mal ? Ont-ils ou non le droit de s'opposer à la police… Gabriel Weinstein, Eduardo Luis et Rickson Tevez se sont véritablement appropriés l'histoire. Ils ont offert à Favelas leur conscience morale et sociale. C'est ce qui rend le film passionnant, cet étonnant mélange entre une folle aventure et un réel désir de justice. Et puis il y a aussi cette belle amitié, qui est au coeur de l'histoire. C'est vraiment une chance de les avoir trouvé !
C'est très dur de travailler avec de jeunes enfants
"Billy Elliot", "Extrêmement fort et incroyablement près"... Ce n'est pas la première fois que vous travaillez avec des enfants. Pourtant, selon certains réalisateurs, c'est plus difficile que de travailler avec des adultes !
C’est vrai. C'est très dur pour de jeunes enfants de comprendre combien de temps il faut pour faire un film. C'est un process lourd et long. Or, les enfants perdent patience très vite ! Mais au final, il se dégage de ces tournages une réelle énergie, un enthousiasme, de l'intérêt... C’est ce qui s'est passé sur Favelas : ces trois gamins étaient fascinés à l’idée de travailler sur un long métrage ! Ca les rendait... joyeux. C’est cette gaité et cet enthousiasme qui transparaissent à l’écran.
En parlant de "Billy Elliot", quinze ans après sa sortie, le film reste un phénomène et la comédie musicale triomphe toujours...
C'est vraiment incroyable. On fait un petit film sans prétention et ça devient un immense succès, puis une comédie musicale qui continue d'attirer les foules dix ans après, que ce soit à Londres ou même ailleurs dans le monde, où le spectacle se joue réguilèrement. C'est évidemment une surprise, encore aujourd'hui mais c'est aussi et surtout une grande source de joie. L'histoire continue de résonner dans l'esprit des gens que ce soit en Angleterre ou ailleurs et ça, c'est fabuleux.