AlloCiné : "3 Coeurs" est un mélange de genre. il s'agit d'un drame sentimental, croisé avec un thriller et avec même une pointe de fantastique. Etait-ce une envie qui est venue dès le départ du projet ?
Benoit Jacquot, réalisateur : Il y avait ça probablement dès le départ. Ce qui m’intéresse, ce qui me fascine beaucoup au cinéma, les histoires de cœur sont souvent traitées comme des moments charmants, délicieux, sucrés, presque sirupeux même parfois. Alors qu’en fait, si on cherche, et c’est une des choses les plus partagées du monde, c’est une promesse de bonheur. Mais c’est une promesse qui angoisse.
Cette simple anxiété qui peut saisir n’importe qui au moment où il se rend pour la première fois à un rendez-vous, pour lui dire qu’il l’aime, le battement qui s’empare du cœur comme organe vital, et non plus comme organe poétique ou du sentiment, est quelque chose d’aussi prenant, dramatique, pénible éventuellement, que pour n'importe quel événement criminel ou autre situation horrifique qui peut arriver dans la vie.
Quand on est en train de commencer une histoire d’amour, on est dans un état extrêmement pathologique. On est malade d’amour. Un amour qui ne met pas dans cet état-là n’est pas un amour. J’avais très envie de faire un film qui mette en jeu les sentiments de cette façon-là, à la façon d’un thriller, d’un suspense.
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J’ai construit le film de sorte que, comme dans un thriller, comme un film d’Hitchcock, que le spectateur sache toujours avant les protagonistes ce qui leur arrive. Le spectateur sait au départ que les deux femmes que cet homme va rencontrer sont sœurs, alors que lui ne le sait pas. Immédiatement, ça créé un suspense.
Avez-vous eu un coup de foudre en quelque sorte justement pour Benoit Poelvoorde ? Je crois savoir que vous aviez très envie de tourner avec lui, dans un rôle central, vous qui avez beaucoup filmé des femmes dans des rôles principaux auparavant...
Benoit Poelvoorde est un acteur, qui depuis longtemps, me charme énormément, me touche énormément aussi. En terme de filmographie, ça n’est pas Gérard Depardieu, ça n’est pas Isabelle Huppert, mais partout où il est, quel que soit le film, le registre, il amène quelque chose qui ne tient qu’à lui. Il amène quelque chose qui habite le film de tel sorte qu’il hausse de niveau à vitesse grand V.
Je suis très sensible à cela donc j’avais extrêmement envie de faire un film avec lui, ne serait-ce que pour me dire qu’il allait élever le film à la vitesse grand V.
Propos recueillis le 8 septembre 2014, à Paris
Benoit Poelvoorde, l'interview blind-test réalisée à l'occasion de la sortie de "3 Coeurs" :
