AlloCiné : Everyone's Going to Die est votre premier long-métrage et nous ne savons que peu de choses à votre sujet, si ce n’est que vous formez un duo de réalisateurs qui se surnomme « Jones » : pouvez-vous nous dire qui sont les Jones ?
Jones : Derrière le pseudo “Jones”, se cache en réalité deux personnes (ndlr : Max Barron, Michael Woodward). Beaucoup pensent que nous sommes frères, mais en réalité nous ne le sommes pas. Nous nous sommes rencontrés alors que nous travaillions dans la publicité, il y a quelques années de cela. On est tous les deux passionnés de cinéma et on avait envie d’écrire et de passer à la réalisation. Everyone’s going to die était en quelque sorte l’occasion pour nous de sauter le pas.
AlloCiné : Votre film relate la rencontre de deux personnes à un tournant de leur vie. Comment l’idée d’axer votre film autour de l’histoire de Ray et Mélanie vous est-elle parvenue ? Le film s’inspire-t-il d’une expérience personnelle ?
Jones : Nous avons tourné le film alors que nous allions sur nos trente ans. Nous travaillions dans la publicité, mais nourrissions des rêves de cinéma, puis nous nous sommes donné le moyen de le faire. A l’âge de trente ans, on arrive à un moment de sa vie, où l’on réalise qu’on ne sera pas jeune éternellement, que les choses ne prennent pas forcément la tournure espérée. C’est un peu le cas avec les héros du film : Ray se rend compte qu’il n’a pas encore pris sa vie en main et Mélanie est sur le point de la commencer, mais elle manque de repères. Ils se rencontrent à un moment où ils ont besoin l’un de l’autre. Donc, oui, il s’agit d’une part d’une expérience vécue, mais de l’autre, c’est parce que nous trouvions intéressant de faire se rencontrer deux personnages issus de milieux et d’univers différents, de genres cinématographiques différents. Chez Ray, en l’occurrence, on retrouve les caractéristiques d’un héros de film d’action, et Mélanie, c’est l’archétype du personnage de comédie romantique.
A l’âge de trente ans, on arrive à un moment de sa vie, où l’on réalise qu’on ne sera pas jeune éternellement, que les choses ne prennent pas forcément la tournure espérée. C’est un peu le cas avec les héros du film
AlloCiné: Il s’agit du tout premier rôle de Rob Knighton au cinéma. Il était auparavant artisan. Comment avez-vous su qu’il était fait pour le rôle, alors qu’il n’avait aucune expérience en tant qu’acteur ? Comment s’est passée la transition?
Jones : Rob a été repéré par un dénicheur de talents qui lui a permis de participer à des vidéos clips. Il a ensuite été mannequin pour des magazines de mode. Il a un visage très télégénique qui ne passe pas inaperçu. Nous l’avons rencontré par un ami photographe qui nous a présenté quelques clichés de lui et nous avons tout de suite été impressionnés par son allure. En écrivant le script, nous nous sommes dit qu’il fallait un visage inconnu pour le rôle. Nous lui avons fait passer quelques essais, et cela a suffi pour nous convaincre. Le fait de ne pas avoir d’expérience dans le cinéma lui donne une certaine assurance, une aisance devant la caméra. De plus, il s’est très vite entendu avec Nora, qui, elle, est une artiste accomplie.
Et dans la vie courante, c’est un homme vraiment sympathique avec un look un peu maussade, et cela apportait énormément au personnage de Ray. Le seul risque, c’était qu’il ne soit pas en mesure de retenir son texte, mais à notre grande surprise, il y est parvenu.
AlloCiné: Si, en réalité, personne ne meurt dans le film, les personnages principaux partagent une certaine mélancolie et un ennui de la vie. Everyone’s going to die est-il un film pessimiste ? Ou au contraire une ode à la vie?
Jones : Le film est résolument une ode à la vie. Nous ne pensons pas que ce soit pessimiste d’être honnête sur le fait que tout le monde va mourir, ou que la vie n’est pas faite que de bons moments. Mais nous n’avions pas vraiment l’ambition de faire un film philosophique, nous voulions surtout faire rire. Le message du film est assez optimiste, nous voulions indirectement, inciter ceux qui ne sont pas satisfaits de leur vie, à se réveiller et prendre les choses en main.
Mais nous n’avions pas vraiment l’ambition de faire un film philosophique, nous voulions surtout faire rire.
AlloCiné: La musique tient une place essentielle dans votre film. A chaque scène, on peut en entendre quelques notes. Qu’est-ce que cela apporte au film ? Est-ce un clin d’œil à votre expérience en tant que vidéaste ?
Jones : Nous pourrions parler de musique toute la journée (rires). Notre expérience en tant que vidéaste y participe beaucoup, mais à cela s’ajoute le fait que nous soyons tous deux de grands mélomanes. Nous avons essayé de glisser dans le film, quelques pistes qui nous correspondent, à nous, et à l’histoire de Ray et Mélanie. La musique qu’écoute Nora est la sienne, ce sont des titres qu’elle a composés avec son propre groupe. Elle nous a fait écouter son travail et nous a proposé de l’inclure dans le film, et nous avons accepté. Il y a par exemple une scène, où on l’aperçoit marcher dans la rue. Nous avons pensé qu’il serait intéressant qu’elle s’écoute elle-même chanter. La musique, en ce sens, est un moyen de s’isoler du monde, ce que fait son personnage. En plus, de façon générale, les bandes originales font partie intégrante des films. C’est une façon de découvrir des artistes inconnus, notamment dans les films indépendants, comme le nôtre. Avec un budget limité, c’est vraiment difficile de créer une certaine énergie. Et la musique vient apporter cette énergie au film.
AlloCiné: Quels sont vos projets futurs ? Une nouvelle collaboration avec Rob Knighton?
Jones : Bien que nous ayons adoré travaillé avec Rob Knighton, une nouvelle collaboration n’est pas encore à l’ordre du jour. Il a d’ores et déjà signé dans une grosse agence, et pris part à quelques longs-métrages. Nous travaillons actuellement sur notre prochain film, et il sera dans la même veine que Everyone’s going to die.
Propos recueillis le 20 juin 2014 à Paris.
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