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    Interview Jackie Chan : "Je fais mes films pour mes fans"
    Clément Cusseau
    Clément Cusseau
    -Rédacteur
    Après des études en école de cinéma, il intègre la rédaction d’AlloCiné en 2011. Il est actuellement spécialisé dans les contenus streaming et l’actualité des plateformes SVOD.

    A l'occasion de la sortie en DVD de "Chinese Zodiac", la star du cinéma d'arts martiaux Jackie Chan a accepté de revenir avec nous sur sa carrière.

    Splendid Film GmbH

    Allociné : Chinese Zodiac clôt une trilogie débutée dans les annés 80 avec Mister Dynamite et Opération Condor. Pourquoi a-t-il fallu attendre 23 ans avant de voir sortir ce troisième opus ?

    Jackie Chan : Je n’ai jamais songé à en faire une trilogie. L’idée de base de Chinese Zodiac m’est venue bien après la sortie de ces films. Les statues de bronze qui sont au cœur du film existent réellement. Elles ont été dérobées durant la Seconde guerre de l’opium (ndlr : opposant la Chine à la France et le Royaume-Uni de 1856 et 1860). Et ce n’est qu’au début des années 2000 qu’elles sont réapparues, dans des marchés d’antiquaires. Elles sont passées entre les mains de riches collectionneurs, leur prix a considérablement augmenté, obligeant la Chine à racheter ses propres statues. J’ai adoré cette histoire. C’est alors que j'ai réalisé qu’il restait plusieurs pièces évaporées dans la nature. Si quelqu’un voulait absolument mettre la main dessus, pourquoi ne pas engager Jackie Chan pour mener à bien cette mission ?

    Voilà l’origine de l’histoire, que je me suis ensuite amusé à développer. J’ai écrit le scénario au cours du tournage de Rush Hour 3 et je travaillais toujours dessus pendant Karaté Kid. Au total, cela m’a pris sept ans. C’était un travail de très longue haleine. Je ne voulais pas en faire une œuvre politique sur la façon dont la Chine a été escroquée et se venge. Certains des personnages tiennent ce propos, mais pour moi le véritable ennemi du film est l’avidité. L’homme d’affaires français François Pinault détenait deux de ces statues, non pas dans le film mais dans la réalité, et il les a rendu à la Chine. Pour moi, c’est un héros. Je voulais démarquer ce genre d’héroïsme au mal qui pousse à détruire des objets antiques de grande valeur. Ce n’est pas une histoire de la Chine contre l’Occident, mais du bien contre l’avidité.

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    De toute votre carrière, laquelle de vos cascades est votre préférée ?

    Il y a des cascades complètement folles dans Police Story. Je pense par exemple à celle au cours de laquelle des voitures traversent un village, démolissant tout sur leur passage, à l'issue de laquelle je finis par m’accrocher à la vitre d’un bus en marche avec un parapluie. Je tombe alors sur la route et le véhicule s’arrête à peine à quelques centimètres de moi.

    Dans ce même film, je saute sur une barre remplie de lampes pour terminer à travers une énorme vitre. Nous ne pouvions le faire qu’une seule fois, donc il n’y avait pas le droit à l’erreur. Glisser sur cette barre ne me brûlait pas simplement les mains, il y avait aussi toutes ces lampes qui risquaient de m’électrocuter et le verre coupant de la vitre. C’était très douloureux mais la prise était bonne.

    Pensez-vous que l'industrie du cinéma d'action est la même qu'à vos débuts il y a trente ans ?

    Oh non, absolument pas. Il y a trente ans, l’industrie de Hong Kong essayait de copier Hollywood, sans en avoir les moyens technoloques. Nous ne pouvions faire d’effets spéciaux donc tout devait se faire en vrai. C'est devenu notre force. C’était dangereux, et dur à réaliser, mais c’est aujourd’hui considéré comme notre style. Et ironiquement, c’est ensuite Hollywood qui s’est mis à copier les Chinois. Ils aiment les films d’action de Hong Kong, et ils ont commencé à en reproduire les effets. Ce qu’ils font plaît au public américain mais pas aux chinois qui n’aiment pas la tricherie. Ils veulent voir de vraies choses sur l’écran. Ou du moins suffisamment proches de la réalité. L’action old-school est dure à trouver de nos jours, mais je pense que cette rareté en fait sa valeur. Un peu comme des objets antiques.

    Est-il vrai que Sylvester Stallone vous a proposé d'apparaître dans la franchise Expendables ?

    Il y a eu des discussions, c’est vrai. J’adorerais travailler avec Stallone.  Mais nous sommes tous les deux très occupés. Je suis toujours engagé sur un projet donc il est difficile de trouver un créneau disponible. Cela arrivera peut-être un jour, mais pas maintenant. J’espère vraiment trouver le temps de travailler avec lui dans le futur.

    2007 Metropolitan Filmexport _ tous droits réservés

    Rush Hour 4 est-il en projet ? Seriez-vous partant pour le faire ?

    J’en ai discuté avec Chris [Tucker] la dernière fois que nous nous sommes vus aux Etats-Unis. Il m’a dit : « Hey Jackie, faisons en un autre. » Mais avant tout il nous faut un bon scénario, ce qui n’est pas facile. Dans le premier film, j’étais l’étranger perdu dans une culture que je ne connais pas. Dans le second, c’est l’inverse puisque cette fois c’est Chris qui va à Hong Kong. Et dans le troisième, nous sommes tous les deux perdus puisque nous allons à Paris ! Comment faire mieux que Paris … ? C’est ce que nous sommes en train d’essayer de trouver.

    Si vous deviez désigner votre successeur, qui choisiriez-vous ?

    Vous voulez que je dresse une liste des artistes martiaux qui pourraient me tuer ? Je me fais vieux, je ne peux pas me lutter contre eux ! Un conseil : n’énervez jamais une ceinture noire. C’est le meilleur moyen de vivre plus longtemps.

     

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