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    L'Île de Giovanni : Mizuho Nishikubo "Je voulais qu'on ressente les espoirs du héros"

    A l'occasion de la sortie du dessin animé japonais "L'Île de Giovanni", AlloCiné a rencontré le réalisateur Mizuho Nishikubo.

    2014 jame

    Allociné : Comment avez-vous été impliqué dans ce projet, pourquoi avez-vous décidé de faire ce film ? Pourquoi avez-vous intégré des éléments de la nouvelle de Kenji Miyazawa "Train de nuit dans la voie lactée" ?

    Mizuho Nishikubo : J'ai appris que juste après la fin de la guerre, les enfants japonais et russes, donc ennemis pendant la guerre, jouaient ensemble et ça m'a donné envie d'en faire un film. Dans cette histoire fraternelle, j'ai voulu lier l’œuvre de Kenji Miyazawa dont le principal thème porte sur « qu'est-ce que le vrai bonheur ? ».

    Allociné : Du fait que "Train de nuit dans la voie lactée" est une œuvre bien connue des Japonais mais totalement nouvelle en Occident, ne craignez-vous pas de perdre une partie du public, qui ne serait pas au fait de l’importance du roman ?

    Mizuho Nishikubo : "Train de nuit dans la voie lactée" est une nouvelle qui n'avait jamais été achevée, ce sont des notes de l'auteur non abouties, c'est un roman que chaque lecteur peut interpréter. De plus, c'est une œuvre de poésie qui laisse une interprétation très ouverte. Même si on ne comprend pas tout le roman, si on peut comprendre une phrase, si on peut ressentir de la poésie dans cette prose, je pense que c'est déjà très bien.

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    Allociné : Quel rapport entretenez-vous avec l’œuvre d’Isao Takahata ? L’atmosphère et le sujet historique de L’île de Giovanni rappellent fréquemment ceux du Tombeau des lucioles, prenant pour sujet des enfants déracinés et soumis aux événements terrible de l’histoire, mais votre film a-t-il une visée comparable avec celle de Takahata ?

    Mizuho Nishikubo : Quand j'étais étudiant, j'étais déjà fan de l'œuvre originale du Tombeau des lucioles d’Akiyuki Nosaka. J'aimais tellement cette nouvelle qui avait gagné le « Prix Naoki » que je suis allé à des conférences, j'ai collectionné les éditions originales. Mais quand j'ai commencé à travailler sur le projet L'île de Giovanni je n'ai jamais pensé que cela ressemblait au Tombeau des lucioles. Il y a des éléments similaires comme l'époque, le fait que les héros soient de la même fratrie, les souvenirs qui reviennent, des membres de leur famille décédés. Mais je pense qu'il y a une grande différence entre les 2 films : le cœur, l’esprit, du Tombeau des lucioles est dirigé vers l'intérieur alors que celui de L'île de Giovanni est tourné vers l'extérieur.

    Quand je fais un film, je ne pense pas à l'âge du public.

    Allociné : Visez-vous un public enfantin ou adulte au travers de ce film ? Le choix de prendre des enfants comme protagonistes principaux donne un ton précis au long-métrage mais certains passages restent tout de même difficile à appréhender pour le jeune public, ne pensez-vous pas ?

    Mizuho Nishikubo : Quand je fais un film, je ne pense pas à l'âge du public. Pour être franc, je suis la cible, il faut avant tout que je sois satisfait. Je crois que ce n'est pas l'âge de la cible qui importe, je pense que les enfants peuvent se projeter dans la vie des héros à leur façon.

    Allociné : Quels furent vos choix esthétiques pour le film ? On remarque à plusieurs reprises quelques éléments de synthèse, la mer notamment, mais la majeure partie du film conserve l’apparence du trait et du crayonnage qu’on retrouvait dans Ame et Yuki, long métrage sur lequel avait travaillé Nobutake Ito, votre directeur de l’animation. Pourquoi cet esthétisme particulier, entre réalisme et simplicité ?

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    Mizuho Nishikubo : Ce film est construit sur trois univers, les scènes du présent, les souvenirs du héros, les visions du héros et je voulais appliquer pour chaque univers un traitement particulier. Les scènes du présent sont exprimées de façon réaliste, mais pour les souvenirs du héros, je voulais qu'on perçoive que c'est le fruit de sa mémoire, avec des détails effacés ou prononcés sur les personnages et les décors dans le trait. Et enfin pour les visions du héros, je voulais que l'univers se démarque avec les autres et de façon documentaire, je voulais qu'on ressente dans le trait les espoirs, les désirs, l'imagination du héros.

    Ce film est construit sur trois univers, les scènes du présent, les souvenirs du héros et les visions du héros.

    Allociné : J’ai cru comprendre que votre film représenterait le Japon au prochain festival du film d’animation d’Annecy, parmi les longs-métrages en compétition ? Que pensez-vous notamment des Amants électriques (Cheatin’) de Bill Plympton, avec qui vous partagez une certaine utilisation artisanale du dessin, jouant de la visibilité du crayonné ?

    Mizuho Nishikubo : Je n'ai vu que la bande annonce de Cheatin'. Avec ses personnages qui prennent vie grâce au trait, ça suppose une belle œuvre. J'espère le voir en grand écran. Pour L'île de Giovanni, j'ai particulièrement fait attention à ce qu'il n'y ait pas un style de dessin trop imposant pour qu'on puisse se projeter dans la vie des personnages principaux, dans l'histoire, dans les circonstances, dans l'émotion sans faire attention aux traitements utilisés dans le film.

    Allociné : Pensez-vous décliner votre œuvre sur d’autres supports ? Je ne pense évidemment pas à un jeu vidéo, le sujet s’y prête peu, mais peut-être à un roman graphique, une novélisation ou un manga ?

    Mizuho Nishikubo : L'idée originale de ce film vient de Shigemichi Sugita qui en est aussi le scénariste en a fait un roman qui va être bientôt publié. Je pense que ce sera une histoire aussi aboutie que celle du film.

    Pour info : 

    Ne manquez pas l'exposition consacrée aux œuvres de Santiago Montiel, illustrateur argentin et directeur artistique des décors de "L’île de Giovanni". Pour en savoir plus, cliquez ici !

    Exposition : L’Art de Santiago Montiel – Au Dernier Bar avant la Fin du Monde – 19 avenue Victoria – 75001 Paris – M° Chatelet

    En savoir plus sur le film...

     

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