© Tôei Animation Company
Lors de sa diffusion en France sur TF1, Dragon Ball Z a été critiqué puis censuré en raison de sa violence. Le même phénomène s’est-il produit au Japon ?
Kôzô Morishita : Au Japon, nous n’avons pas eu ce problème. Je pense que c’est avant tout lié à des questions de culture. Notre public a l’habitude des chanbara, les films de sabres dans lesquels des samouraïs s’affrontent. Pour un spectateur occidental, c’est une violence qui est plus marquante qu’un combat avec des armes à feu, car avec une épée on peut découper son adversaire en morceaux. Le public japonais est habitué, dès l’enfance, à faire la différence entre la réalité et la fiction. C’est pourquoi nous n’avons pas eu ce problème, puisque les enfants sont habitués à ce genre de violence. A l’époque j’étais producteur la série et je me souviens que des gens venaient nous interroger, notamment des Français, pour exprimer leur indignement concernant la violence de notre programme. Cela me semblait complètement démesuré, d’autant que ces gens venaient au Japon pour acheter les droits de diffusion de la série à un prix bon marché, l'affaire était donc très rentable pour eux. Je pense que leurs réactions auraient pu intervenir bien plus tôt et de notre point de vue, toute cette affaire nous semblait vraiment absurde.
J’ajoute également qu’au Japon, nous pratiquons plusieurs arts martiaux comme le kendo, le judo, le karaté etc… qui permettent de faire de vraies différences. Les Japonais pratiquent ces sports comme des enseignements martiaux, ce qui leur permet d’apprendre à faire la part des choses entre le sport de contact et la véritable violence physique. Par conséquent, la représentation de la violence dans les séries d’animation n’est pas quelque chose qui dérange chez nous.
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Plus de vingt ans après sa diffusion, la série est toujours aussi populaire et séduit même de nouvelles générations de spectateurs. Comment expliquez-vous ce phénomène ?
Ce qui fait la force du dessin animé japonais, ce sont les personnages. La spécificité de nos productions réside dans les mouvements limités de nos personnages, à l’inverse par exemple des américains qui mettent davantage l’accent sur les déplacements. Cela nous permet d’avoir des personnages du coup plus libres, puisque débarrassés des contraintes liées au mouvement, leur offrant ainsi plus d’envergure. De la même manière, l’accent est davantage mis sur la construction dramatique, et sur les enjeux du scénario. Il s’agit avant tout d’une nécessité pour compenser les mouvements limités dans nos productions. Par conséquent, nos séries sont plus universelles, et d’un certain point de vue, plus matures que d’autres programmes.
Le film "Dragon Ball : Battle of Gods" dont vous êtes le producteur a-t-il été réalisé pour renouer avec les fans, déçus par l’adaptation américaine "Dragon Ball Evolution" ?
La Fox, qui a également produit "Dragon Ball Evolution", est un de nos partenaires donc il ne s'agissait pas d'envoyer le moindre message vis-à-vis de leur long métrage. Leur film et le nôtre répondent fondamentalement à la même volonté qui est de proposer de nouvelles histoires de "Dragon Ball" au public. Parmi les fans d’animation japonaise, il y a certes les fans de Miyazaki mais également ceux de "Dragon Ball". Nous sommes les premiers surpris par leur nombre. D’ailleurs, lors la sortie de "Battle of gods", les résultats au box-office ont été étonnants, puisque le film a dépassé nos propres attentes. Il s’agissait du premier film produit en l’espace de dix-sept ans, et pourtant le public était au rendez-vous. Nous nous efforçons donc désormais de répondre à cette forte demande.
Propos recueillis par Clément Cusseau
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