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AlloCiné : Anthony, comment avez-vous vécu cet incroyable buzz autour de "Sharknado" ?
Anthony C. Ferrante : Ça fait partie de ces choses auxquelles vous ne pouvez ni vous attendre ni vous préparer. Ce n’est pas un buzz organisé ou acheté : c’est le public qui s’est enthousiasmé autour de ce concept. (...) C’est difficile de trouver une idée originale de nos jours… Nous avions fait le tour des duels et des croisements entre requins et pieuvres ou entre requins et piranhas. Dès lors pourquoi ne pas marier le film de requins et le film-catastrophe ? Un concept un peu barré qui a su interpeler les gens : le public voulait voir ce que nous pouvions faire avec ça. Et nous leur avons donné le maximum de ce que nous pouvions faire.
© The Asylum
Justement, comment expliquez-vous cet engouement ?
Il y a deux facteurs. Premièrement, le monde va mal et l’actualité est déprimante. Deuxièmement, ça devient difficile de vraiment s’amuser au cinéma : à part Iron Man 3 qui était vraiment divertissant, tout le reste est très sombre. Les gens en ont un peu marre de payer leur place pour broyer du noir… J’en ai parlé avec beaucoup de gens qui ont vu Sharknado en famille ou entre amis et qui ont adoré. Tout ça me dépasse un peu mais ça fait vraiment plaisir de tels témoignages. D’autant que je ne m’attendais vraiment pas à ça : il y a encore deux mois, je regardais une première version du film avec mon monteur. Et ça nous semblait être un film vraiment étrange : on ne savait vraiment pas comment les gens le prendraient ! On savait qu’on toucherait les fans de cinéma de genre et d’horreur, mais on ne pensait pas que le grand public voudrait voir cet étrange petit film.
© The Asylum
Le film a été tourné pour un million de dollars environ... Comment parvient-on à produire un long métrage avec un budget aussi réduit ?
Vous ne dormez pas ! J’ai dormi deux heures par nuit durant le tournage. Nous n’avons eu que dix-huit jours pour mettre en boîte ce qu’un studio aurait tourné avec 100 millions de dollars. Vous devez faire face à des défis et des problèmes sans aucun soutien financier. Un de nos décors n’a pas pu être terminé dans les temps par exemple, et notre chef-décorateur a dû le fignoler en deux heures de temps pour que nous puissions tourner : impossible dans notre économie de se dire "on les laisse terminer, on tournera ça demain". Non, il faut constamment trouver des idées et des ressources. Nous devions simuler une tempête en plein Los Angeles… tout en n’ayant que deux ou trois jours de pluie ! Donc il a fallu être inventifs et créatifs et surtout ne jamais filmer le ciel. Mais nous avons pu tourner à Los Angeles, et c’était vraiment important. Nous étions sur les lieux de l’action, il n’a pas fallu les reconstituer dans un autre pays en faisant croire que nous étions à L.A..
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Ian Ziering, Tara Reid, John Heard... C'était difficile de convaincre les acteurs de se joindre à vous ?
Ils ont fait preuve d'une vraie envie... Alors que beaucoup de gens ont refusé de jouer dans le film ou de le réaliser. Le projet était tellement ambitieux et tellement fou que personne ne savait vraiment comment l’aborder. Quand j’ai expliqué ma vision aux comédiens, ils n’ont pas hésité. Je leur ai montré des story-boards et je leur ai dit que je voulais qu’on s’amuse. Pour Ian Ziering, je lui ai dit que c’était sa seule chance de jouer un action-hero, ce qu’il n’avait jamais pu faire. Il hésitait à cause d’une scène où il devait se faire avaler mais je lui ai dit de me faire confiance, que ce serait cool et très graphique. Beaucoup d’acteurs ne feraient pas confiance à un réalisateur sur un film comme celui-là, mais Ian nous a fait confiance… au point de faire ses cascades. Même chose pour Tara Reid : elle s’est littéralement gelée dans une piscine, sans jamais se plaindre. Un vrai soldat.
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Parlez-nous de ce combat à la tronçonneuse... C'est vraiment "Evil Dead" rencontre "Les Dents de la Mer" !
Dans le scénario original, le personnage devait se faire avaler par le requin et en sortait à la tronçonneuse. Mais nous avons décidé d’en faire quelque chose de plus épique, avec un côté "arts martiaux". Nous avons story-boardé la scène et tourné nos plans, après ce sont les équipe des effets visuels qui ont réussi à combiner prises de vues réelles et images de synthèse pour obtenir ce résultat. Peu de sociétés d’effets visuels auraient réussi à faire ce qu’ils ont fait. Nous avons montré qu’on peut faire beaucoup avec un petit budget.
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Un petit mot sur "Sharknado 2" ?
C’est encore très frais. J’espère que nous pourrons réunir toute l’équipe du premier opus et que nous pourrons faire encore plus fort. Car c’est le seul moyen de surpasser Sharknado : faire encore gros, plus osé et plus barré avec Sharknado 2. Je ne dis pas que nous avons déjà la recette en tête, mais ce serait sympa d’essayer s’ils nous laissent le faire.
Vous continuez à vous baigner avec les requins ?
Je fais ça tous les jours… Je vous rappelle que je vis à Hollywood. (Rires)
Propos recueillis par Emmanuel Itier à San Diego le 19 juillet 2013
Sharknado