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    "Modus Anomali" : 5 questions au réalisateur Joko Anwar !

    Troisième long métrage de l'Indonésien Joko Anwar, "Modus Anomali : Le Réveil de la proie" est le premier distribué dans les salles françaises. Le réalisateur nous en a touché quelques mots lors de son passage au dernier Festival de Gérardmer.

    Mo Mo Modus (air connu)

    Promenons-nous dans les bois... avec Joko Anwar. Décrit comme l'un des leaders de la nouvelle vague fantastico-horrifique indonésienne, il signe en effet un trip en forêt qu'on ne voudrait pas vivre soi-même avec Modus Anomali : Le Réveil de la proie. Premier de ses films (sur trois) distribué dans les salles françaises, le long métrage est d'ailleurs passé par l'Hexagone à l'occasion du Paris International Fantastic Film Festival et du Festival de Gérardmer, où nous l'avons rencontré.

    Allociné : Lors de sa présentation au PIFFF, en novembre 2012, vous disiez que "Modus Anomali" était votre premier "film familial". Ça n'est pas très évident quand on le voit...

    Joko Anwar : En fait c'est ma soeur qui m'a dit que ses enfants ne pourraient jamais voir mes films, car ils sont gores, graphiques et violents. Du coup elle m'a suggéré de faire un long métrage familial afin qu'ils puissent le regarder, et ça a donné Modus Anomali, qui tourne autour d'une famille (rires) Au final cette annonce était autant une blague que quelque chose de sérieux, car on trouve là une analogie des liens familiaux. Mais il faut voir le film pour en savoir plus.

    Vous avez tourné le film en l'espace de huit jours. L'aviez-vous préparé à fond, ou vous êtes-vous laissé la place pour improviser ?

    La préparation du tournage a été très longue, car elle a duré trois mois. Mais à la base, je comptais mettre Modus Anomali en boîte en deux jours seulement, car l'histoire se déroule entre cinq heures de l'après-midi et midi le lendemain. Du coup je voulais tourner en temps réel, mais la météo et la logistique en ont voulu autrement, et le planning s'est étendu à huit jours au lieu de deux. Et j'ai profité de la préparation pour élaborer les plans et chorégraphies.

    "Modus Anomali" repose sur un twist, mais avez-vous construit le scénario autour de ce rebondissement, ou vous est-il venu plus tard ?

    Il est né de mon ennui face aux films qui mettent en scène des tueurs en série, et qui se ressemblent trop à mon goût. Du coup j'ai voulu faire quelque chose de différent, où la joie du meurtrier ne provient pas du fait de tuer, mais d'autre chose.

    Mais le danger avec ce genre de film, c'est qu'il n'ait plus d'intérêt après le visionnage. Vous êtes-vous davantage concentré sur le reste pour éviter ça ?

    Oui, j'étais tout à fait conscient de ce qu'il risquait de se produire. Certains films parviennent à être rester intéressants une fois le secret révélé, mais c'est parce que le récit qui précède le twist l'est déjà à la base. Dans le cas de Modus Anomali, la caméra est autant un personnage que la forêt, car le public peut s'y substituer. Ça n'est pas une vue à la première personne, comme dans le cinéma-vérité. La mise en scène est plus traditionnelle sur ce plan, mais les yeux des spectateurs sont ceux de la caméra. Du coup, quand on suit le personnage principal au début, le public est aussi désorienté que lui. Et quand il reverra le film en connaissant la fin, ce sera différent, car les gens seront plus inquiets.

    Vous êtes présenté comme l'un de leaders de la nouvelle vague fantastico-horrifique indonésienne. Qu'est-ce qui explique cette vitalité du genre dans votre pays ?

    Déjà je ne sais pas qui a dit ça sur moi, mais je l'en remercie (rires) Beaucoup de films de genre sont faits en Indonésie, mais ils ne sont pas très bons : les histoire sont mauvaises et... Tout l'est en fait, et on ne devrait même pas appeler ça des films. Mais de plus en plus de gens réalisent, car ce sont simplement des amoureux du cinéma, comme moi, et nous cherchons à faire des longs métrages que nous aimerions voir. Du coup nos films parlent plus au public, car nous en faisons aussi partie. En plus de ça, nous sommes de plus en plus reconnus dans les festivals du monde entier, et certains films sont même distribués à l'étranger, donc je pense que le phénomène va prendre de l'ampleur au fil des ans.

    Propos recueillis par Maximilien Pierrette à Gérardmer, le 30 janvier 2013

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