Il avait débuté aux côtés de James Dean, et était décrit comme le "pourfendeur de l'Amérique profonde" : l'acteur et réalisateur Dennis Hopper, également peintre à ses heures, est mort ce samedi 29 mai 2010 à l'âge de 74 ans, des suites d'un cancer de la prostate contre lequel il se battait depuis quelques mois.
Il était une fois dans l'Ouest
Pas loin de 150 rôles différents pour cet acteur charismatique et intrigant. Il faut dire que Dennis Hopper s'est tourné tôt vers le cinéma. Né le 17 mai 1936, il n'a que 18 ans quand il joue un rôle minuscule (et non crédité) dans Johnny Guitar de Nicholas Ray. Par la suite, sous contrat avec la Warner, il va rencontrer James Dean avec qui il se liera d'amitié. Grâce à lui, il participera à ces deux films de légende que seront La Fureur de vivre (1955) et Géant (1956). Après une apparition dans Règlement de comptes à O.K. Corral (1957), et quelques rôles secondaires dans des petites productions et séries télévisées, il intégre le giron du pape de la série B et Z : Roger Corman. C'est ainsi qu'il apparaît dans Queen of blood (1966) et le déjanté The Trip (1967).
D'acteur à réalisateur…
Mais en dehors des plateaux, Dennis Hopper participe activement à l'agitation culturelle du pays, et notamment à l'explosion du Pop-art. Considéré comme un collectionneur éclairé, il devient même un photographe de plateau des plus doués. C'est cette activité qui le conduira, tout naturellement, à réaliser Easy Rider (1969), produit emblématique de la contre-culture américaine. Ce "road-movie" ouvrit les années 70 sur des airs de guitare électrique et dans un parfum prophétique de substance illicites en tout genre. Enorme succès critique et public à la clé. Les autres réalisations de Hopper ne connaitront plus jamais le même succès : The Last Movie (1971), Garçonne (1980), Catchfire (1989), Chasers (1994) resteront confidentiels. Finalement, seuls les films policiers Colors (1988) et surtout The Hot Spot (1990), avec Don Johnson, trouveront leur public.
Uneasy Rider
D'une manière générale, la carrière de Dennis Hopper suivra un parcours des plus atypiques. Il va bizarrement multiplier les apparitions dans de petites productions, devenant la guest-star de luxe des séries B et Z : Tracks (1976), Les Apprentis Sorciers (1977), Human highway (1982), Le Grand défi(1986), Massacre à la tronconneuse 2 (1986), Un Fusil pour l'honneur (1988), Etat de force (1996), Chattahoochee (1990), Super Mario Bros (1992), Search and Destroy (1995), Explosion imminente (2001)... Autant de films qui s'attachèrent les services de l'acteur devenu culte.
Culte… mais rare
Car avec le temps, Dennis Hopper s'est construit un personnage à part entière de bad guy imprévisible. Déjantés, vicieux, obsédés, dangereux, certains des méchants qu'il interpréta entrèrent même au panthéon et il mettra son talent au service d'une poignée de films devenus cultes. Tout le monde se souvient du photographe fou d'Apocalypse Now (1979). Et qui a oublié son rôle de tueur sous acide dans Blue velvet(1986)? Comment ne pas non plus se souvenir de son interprétation hallucinée dans True romance (1993) ?
Ses dernières apparitions notables remontent à Speed (1994) et Waterworld (1995), où il jouait aussi le méchant de service. Depuis on l'a retrouvé au générique d'une vingtaine de films, pour certains sortis directement en vidéo. Contre toute attente, pour conclure une carrière déjà bien remplie, c'est le petit écran qui le propulse sous les feux des projecteurs. Après avoir donné la réplique à l'infatigable Jack Bauer dans la série en temps réel 24, il prend la tête le temps d'une saison (2005-2006) de la DOS : Division des Opérations Spéciales. En 2008, il décroche la tête d'affiche de Crash, l'adaptation télévisée du Collision de Paul Haggis, qui marque donc sa dernière apparition sur un écran.
Maximilien Pierrette avec la rédaction