Le roman homonyme de Sandro Veronesi
Valeria Golino : Je trouve le contenu du livre, avec ses différents points de vue, très intéressant. C'est évidemment pareil pour le film et c'est d'ailleurs pour ça que ce projet m'a séduite. D'abord, il y a la perte, puis la douleur et finalement l'absence de la douleur. Il y a aussi la thématique de faire un break dans sa vie. Ces sujets étaient vraiment très bien traités dans le livre, c'est pourquoi je voulais participer à ce film, même pour un petit rôle.
Le Choix de Roman Polanski
Antonello Grimaldi : Non seulement le producteur, mais aussi le scénariste et moi-même, nous étions dès le début d'accord sur le fait, qu'il fallait trouver pour le rôle de Steiner un réalisateur imposant, et pas un acteur. Au-delà de ça, il fallait quelqu'un qui soit à la hauteur de Nanni Moretti, et qui le mette un peu mal à l'aise. Il ne devait pas seulement impressionner "Pietro", le personnage, mais aussi Nanni Moretti. Il a fallu chercher en dehors de l'Italie car ici, il n'y a pas de réalisateur qui soit à son niveau. Roman Polanski nous semblait être le plus qualifié. Le projet lui a plu et il a nous a donné son accord immédiatement.
La vie et la mort de "Lara"
Valeria Golino : Je la vois comme une femme qui va bien. Elle avait une belle vie, elle n'avait pas de grand secret. Elle avait un enfant magnifique, elle aimait son mari et elle n'était pas malheureuse. Mon personnage dans le film, Marta, pense exactement le contraire : elle pense que Lara était malheureuse et seule.
La fameuse scène érotique Antonello Grimaldi : Cette scène a été tournée devant une équipe très réduite. Seuls le cameraman et les acteurs sont restés dans la pièce, tous les autres sont sortis. Le tournage n'a pas été très difficile car on avait discuté sur les détails longtemps auparavant avec les acteurs. On a réduit la scène à sept plans, pour la tourner le plus rapidement possible. Finalement, nous n'avons eu besoin que d'une demi-journée pour la tourner.
Incarner un rôle
Valeria Golino : Il m'a fallu deux minutes pour entrer dans la peau de Marta. Je ne le dis pas par fierté ! Quand je dois jouer quelque chose de spécifique ou technique comme un accent, où il faut faire des recherches, je mets plus de temps. Mais sinon, je suis très paresseuse, alors je réfléchis un peu mais j'en ne fais pas une discipline ou une méthode de travail comme d'autres acteurs. Je n'emmène pas mes personnages chez moi une fois la journée de travail terminée. Je prépare mes rôles, mais ca ne prend pas toute ma vie.
L'industrie cinématographique italienne
Antonello Grimaldi : Le problème avec l'industrie cinématographique italienne, c'est que tout le système des années 70 s'est effondré. Grâce au succès commercial de toutes les comédies de l'époque, des artistes comme Fellini ont pu apparaître. Comme ces productions n'existent plus, il manque une base économique qui permettrait de soutenir les réalisateurs qui font moins d'entrées. De plus, chaque gouvernement qui arrive au pouvoir veut tout changer : on change de ministres, mais aussi de chefs de service, de directeurs, de cadres dans les entreprises nationales. Ca trouble bien évidemment tout le monde, personne ne peut rien planifier. Ils ne savent pas ce qu'ils feront dans quatre, cinq ans. Ce que nous préoccupe encore plus, c'est que la loi sur le cinéma, qui a été introduite récemment, n'est pas appliquée. Cette loi offrait des avantages fiscaux pour l'industrie du cinéma, ce qui nous aurait bien aidés. Pendant des années, on a beaucoup défendu cette loi et maintenant, avec le nouveau gouvernement, tout est bloqué. Nous devons recommencer à zéro.
Propos recueillis à Berlin en février 2008 dans le cadre d'une table ronde par Barbara Fuchs.
