Y a-t-il un genre de film dans lequel vous aimeriez travailler ?
Richard Taylor : On a été enlisé dans le Médiéval et le Primitif. On travaille pas mal dans la Science-Fiction en ce moment. On vient de terminer un film d'horreur important et on en commence un autre. On vient de finir 30 jours de nuit et on travaille sur Day break en ce moment. Si je devais faire du Fantastique pour le restant de mes jours, je serais comblé. La SF est une technique intéressante. J'aime toute chose qui est difficile à construire.
Avez-vous déjà pensé à vous mettre derrière la caméra? Vous semblez avoir une si bonne perspective.
Richard Taylor : Vous voulez dire en tant que réalisateur? On m'a offert cette opportunité, dont une plutôt importante, mais non ça ne m'intéresse pas. Ce n'est pas pour sous-estimer cette opportunité, c'était un réel honneur, mais mon coeur est dans le travail pratique d'atelier. J'adore tout simplement créer ces trucs, ça m'intrigue. Ça fait 21 ans qu'on fait ça et mon intérêt ne s'est jamais émoussé. Passer six mois sans fabriquer quoi que ce soit pour faire de la réalisation ne me dirait rien.
Comment expliquez-vous le fait que vous travailliez par le biais de méthodes pratiques et traditionnelles dans un monde numérique de plus en plus sophistiqué ?
Richard Taylor : Le plus incroyable pour des réalisateurs tels qu'Andrew, Peter ou Cameron, c'est que la boîte à outils, le répertoire d'instruments qui existe aujourd'hui réalisent si bien leur vision. J'aime croire qu'il n'y a rien que le cerveau humain ne puisse imaginer de nos jours, qui ne soit réalisable à l'écran pour un public averti. Un enfant de sept ans est de nos jours un cinéphile très averti. Par conséquent, cette interaction complexe de techniques traditionnelles qui existent depuis cent ans a été non pas remplacée mais complétée par la technologie numérique, laquelle est incorporée pour créer ces images ensorcelantes, un véhicule étonnant. Personne ne bat Andrew dans ce domaine. On vient juste de visionner 15 minutes de montages et on voit tout de suite qu'il crée l'émotion de par cette interaction complexe de scènes avec des acteurs, d'effets spéciaux numériques et de modèles réduits, pratiques, traditionnels... Il utilise tous les outils possibles de cette boîte pour créer son monde. C'est tout simplement, vraiment formidable.
Avez-vous un accessoire favori dans ce film ?
Richard Taylor : Oui. C'est marrant quand on fabrique des accessoires, parce qu'on en tombe amoureux. Mon accessoire préféré est le bouclier que Miraz utilise pour se battre. Je suis allé jusqu'à en fabriquer un pour moi, qui est dans mon bureau en ce moment. Je trouve que c'est l'un des plus beaux objets que notre équipe ait jamais réalisé. J'étais très fier de ce modèle, créé par un jeune type au talent incroyable qui nous a rejoints vers la fin du Le Monde de Narnia : chapitre 1. On s'est bien amusé à fabriquer tous les objets de Miraz mais ce bouclier en particulier était parfaitement équilibré ; c'est tout simplement une superbe pièce d'armurerie. On a dû développer un grand nombre de nouvelles techniques, des choses comme les plaques sur les têtes des chevaux ont l'air assez simple mais Andrew Adamson voulait une pointe de fer qui sorte du front. Alors, il faut une plaque assez solide qui ne s'affaisse pas, ne bouge pas, sinon elle n'aura pas l'air d'être en acier. Par contre si les chevaux se cognent, cet objet rigide risque de s'enfoncer dans le flanc d'un autre cheval ! Nous avons donc inventé un mélange de différentes densités d'uréthane qu'on injecte ensuite avec un pistolet à moulage à injection basse pression, pour que la pointe soit molle mais que la plaque soit dure. Ça a été vraiment cool d'essayer d'inventer ces solutions chimiques et techniques pour un film médiéval fantastique.
Ferez-vous partie du prochain film ?
Richard Taylor : Et bien, je crois bien que oui ! On adorerait passer le reste de nos vies dans ce monde, si on le pouvait !
Propos recueillis à Prague les 4-5 septembre 2007