AlloCiné : Si vous deviez garder un souvenir de votre collaboration avec Viggo Mortensen sur "Le Seigneur des Anneaux" ?
Elijah Wood : Je me rappelle précisément d'un jour, durant le tournage de la saga. Nous étions tous les deux dans une petite bourgade perdue sur l'île Sud de la Nouvelle-Zélande, nous tournions une séquence de La Communauté de l'anneau. C'était donc il y a près de sept ans. Soudain, il a commencé à neiger et nous avons du quitter le lieu de tournage, sous peine d'être littéralement bloqués. Viggo avait toujours un petit appareil photo avec lui, il prenait sans cesse des photos, tous les jours, de plein de choses différentes, pour capter le quotidien du tournage. Ce jour-là, il a fait une photo de moi bloqué dans la neige, où j'avais l'air un peu ridicule, et il me l'a offerte comme un cadeau personnel. Ca m'a beaucoup touché, ça veut dire beaucoup de choses pour moi... C'est simple, c'est juste une photo, mais je me souviens très précisément de ce moment. J'admirais vraiment ses clichés, et qu'il m'en donne un m'a vraiment ému. Il m'a aussi donné une photo qui regroupait de nombreux acteurs du film assis dans la neige en train de se marrer. Ce sont des photos qui retranscrivent la magie du tournage du Seigneur des anneaux, des instantanés qui comptent beaucoup pour moi, qui montrent que ce tournage était vraiment une belle et sympathique aventure. Ces moments, et ces cadeaux de Viggo, je m'en souviendrai toute ma vie.
Avec Viggo, de collègues de travail, êtes-vous devenus amis ?
Oui, il est très vite devenu un ami fidèle. Je l'aime beaucoup. La dernière fois que je l'ai croisé, c'était à Londres. J'allais entamer le tournage de Crimes à Oxford et lui venait de finir celui des Promesses de l'ombre. On a passé un peu de temps ensemble, c'était très sympa. Ce que je vais vous dire va vous paraître très peu original, mais Viggo est à mes yeux un incroyable être humain, un acteur brillant et, par-dessus tout, et ça les gens ne le perçoivent peut-être pas, quelqu'un de terriblement drôle, limite barge parfois ! Mais dans le bon sens, bien sûr. Il se dégage de lui une folie positive. Par exemple, il avait mis un très étrange message sur son répondeur il y a quelque temps, presque inquiétant, qui durait cinq minutes, mais je ne vous dirai rien là-dessus ! (rires) Voilà, il est brillant, hilarant, il a un incroyable sens de l'humour. Je ne taris pas d'éloges sur Viggo.
Que pensez-vous de lui dans "Les Promesses de l'ombre" ?
Mon Dieu, j'ai honte, je ne l'ai pas encore vu ! (rires) Les échos que j'ai de sa prestation sont très bons, et ça ne m'étonne pas !
Imaginiez-vous que Viggo embrasserait une telle carrière aux côtés de David Cronenberg ?
Pour moi, il ne faisait aucun doute que Mortensen allait faire une belle carrière après Le Seigneur des anneaux : la communauté de l'anneau. Mais il n'a pas attendu cette saga pour être excellent, il a toujours fait de très bons choix de carrière, il a toujours pris des options très intéressantes. Personnellement, je le trouve excellent dans The Indian Runner. Il est très pointilleux quant à ses choix et il s'implique de manière totale dans ses rôles, d'une manière que j'admire. Il a une philosophie de travail proche de la mienne, il est un peu comme un grand frère. Donc, son parcours ne m'étonne pas, je suis fier de Viggo, fier aussi qu'il soit si complice avec un réalisateur du talent de David Cronenberg. Je ne souhaite qu'une chose à Viggo : qu'il continue de se frayer un chemin dans le milieu, car le milieu a besoin d'acteurs de sa trempe, qui tournent, bien sûr, pour le public, mais également pour eux-mêmes, pour leur propre épanouissement personnel.
Propos recueillis par Clément Cuyer à Madrid, le 14 novembre 2007