AlloCiné : "La Chambre des morts" est adapté d'un roman de Franck Thilliez. Quelles libertés avez-vous prises par rapport au livre ?
Alfred Lot : On en prend toujours, on ne peut pas mettre en image un roman de 400 pages. J'avais toute liberté. Franck ne souhaitait pas se mêler de l'écriture, il écrivait déjà autre chose. Après, c'est un exercice vraiment particulier, l'adaptation, parce que, si on adapte un livre c'est parce qu'on l'aime, ce n'est pas pour le détruire. Par contre, c'est vrai que le cinéma est un média différent avec un mode narratif différent... Au delà, vous connaissez le proverbe : "Une image vaut mille mots." On a déjà un ratio intéressant, ca permet de dégraisser pas mal ! (rires). Je pense que le film est très proche du livre. Je dis même toujours que c'est "le livre avec des bonus". Il y avait une nécessité de faire rentrer des personnages différents et de les faire évoluer autrement et du coup, ça a amené des surprises pour les lecteurs du roman.
Contrairement a beaucoup de films de genre, votre mise en scène est plutôt discrète, il n'y a pas d'effets gratuits...
Je trouve que quand on a une histoire très forte et quand on a des comédiens de cette trempe, il serait ridicule de vouloir faire le malin. Voilà, je pense que la mise en scène est au service de l'histoire, au service des acteurs et pas le contraire. C'est la mise en scène d'un film, vous comprenez ? Ce n'est pas "ma" mise en scène. On a fabriqué quelque chose ensemble et il fallait que chaque élément de ce film soit cohérent pour faire un objet unique.
Est-ce que, déjà, on peut déceler dans ce film quelque chose qui serait votre style ?
Non, et à plus d'un titre. D'abord parce que ce sont les circonstances qui m'ont amené à réaliser cette histoire... Parce que, à un moment donné, ce livre arrive et qu'il me plait. Mais je ne pense pas me faire une spécialité dans ce genre. J'ai des histoires en chantier qui sont très différentes. En revanche, peut-être qu'il y a dans le mode opératoire de la fabrication d'un film, quelque chose qui restera. Je conçois vraiment ce travail comme un travail collectif. Je n'arrive pas à dire "mon film". Ce n'est pas "mon opérateur", "mon chef déco", des mots qu'on emploie beaucoup dans le cinéma et qui ne sont pas du tout les miens. Il y a un certain nombre de personnes qui ont fait ensemble quelque chose. Evidemment, c'est moi qui dirige le bazar, mais chacun a eu un apport important.
Une des forces du film réside sans doute dans sa bande-son...
C'est un garçon qui s'appelle Nathaniel Mechaly qui a composé la musique du film. Je pense qu'il est un grand musicien. C'est surtout quelqu'un qui est très éclectique et avec lequel on a beaucoup travaillé. J'ai décidé que certains moments du film seraient des moments musicaux, que la résolution du film ne serait pas dialoguée. Souvent, dans ce genre de film, on a, à la fin, dix minutes d'explication et c'est plus ou moins digeste même si ça peut l'être. En tout cas, je ne voulais surtout pas ça. Je voulais que ce soit du ressenti pur, que le spectateur règle cette histoire lui-même, dans l'émotion. C'était assez complexe de trouver la musique pour ça. Nathaniel à fait beaucoup d'essai et finalement il a trouvé. Je suis très impressionné par le résultat.
Il s'agit de votre premier film et l'on vous connait encore peu. Pour en savoir plus, pouvez-vous nous évoquer vos premiers souvenirs marquants de cinéma ?
Psychose. Je devais avoir 11 ans quand je l'ai vu. Aujourd'hui encore, je suis époustouflé par l'incroyable culot du scénario. Tuer l'héroïne dès le début du film ! Wow ! Le truc complètement improbable ! Ensuite, il y a Police fédérale Los Angeles. Ce sont des films avant tout narratifs. J'ai toujours aimé les histoires, les raconter, et par tous les moyens.
Propos recueillis par Benoît Thevenin à Paris, le 25 octobre 2007