Allociné : Comment avez-vous vécu le succès de "Ong-Bak" ?
Tony Jaa : Je suis fier de ce film. Je ne pensais pas qu'il pouvait s'exporter hors de Thaïlande, en Europe et aux Etats-Unis... Je suis content qu'il ait aidé à mieux faire connaître mon pays et le Muay Thaï.
Pour "Ong-Bak" vous vous étiez entraîné pendant plusieurs années... comment s'est déroulée la préparation de "L'Honneur du dragon Tom-Yum-Goong" ?
Pour Ong-Bak, je m'étais entraîné pendant quatre ans. Pour L' Honneur du dragon Tom-Yum-Goong, la préparation n'a duré qu'une année.
A quoi ressemble une journée d'entraînement de Tony Jaa ?
Je travaille surtout les mouvements, la souplesse, la résistance physique, la chorégraphie, sans oublier la concentration et la méditation. Tout cela me prend entre cinq et huit heures chaque jour.
L'un des moments forts de "L'Honneur du dragon" est un impressionnant plan-séquence où vous enchaînez combats et cascades pendant plusieurs minutes sans vous arrêter. Comment avez vous réussi ce tour de force ?
Cette scène était très difficile et très fatigante à réaliser. Nous nous sommes préparés pendant un mois avant de la tourner. Elle a demandé plus de 5 jours de travail. Nous avons tourné 8 prises, à raison de deux prises par jour. Il y avait 30 cascadeurs et 50 figurants. Notre premier cameraman n'était pas capable physiquement d'assurer les 4 minutes de prise de vue, alors nous avons choisi un caméraman thaïlandais que nous avons spécialement entraîné pour cette scène. Les bobines de film duraient 4 minutes, la scène ne pouvait donc pas dépasser ce temps imparti. Il est arrivé plusieurs fois que tout se passe bien mais il fallait quand même tout recommencer car nous étions trop lents...
Au cours d'une des prises, alors que je devais lancer un cascadeur du haut de trois étages, le réalisateur hurla " Coupez " parce que l'équipe de sécurité n'était pas prête en bas pour le recevoir !
Certaines scènes ne sont justement pas trop dangereuses ?
Toutes les scènes sont effectivement très dangereuses ! Nous frôlons parfois la mort, mais l'équipe est extrêmement bien préparée. C'est cet entraînement qui nous permet d'affronter la peur et qui rend les cascades moins périlleuses au final.
Pensez-vous avoir atteint vos limites physiques ?
Il n'y a pas de limites. Tout en gardant un certain bon sens, j'essaye avant tout de suivre mon instinct. C'est mon imagination qui me guide pour trouver de nouvelles cascades et des mouvements originaux. Vous pourrez en voir quelques exemples dans le prochain film. !
Etes-vous concerné par le cinéma thaïlandais ?
Je pense que le cinéma thaïlandais est mieux accepté à l'étranger qu'auparavant.... Quant à moi, j'espère pouvoir être digne des anciennes stars thaïlandaises comme l'acteur Mitr Chaibancha, qui est une de mes idoles.
Quelques mots sur les anciennes stars des arts martiaux avec qui vous êtes parfois comparé... Commencons par le plus célèbre : Bruce lee ?
Il a été le premier à présenter le Kung Fu à travers ces films. Si tout le monde connaît le Kung Fu et les arts martiaux c'est grâce à lui. C'était mon idole !
Jackie Chan ?
J'adorais Jackie Chan quand j'étais petit. En plus d'être un bon comédien, c'est aussi un excellent cascadeur qui risquait sa vie lors des tournages. Ses mouvements sont à la fois fluides et drôles. C'est ce que j'apprécie chez lui.
Jet Li ?
Jet Li est un véritable miracle de la Chine ! Je connais bien son film Le Temple de Shaolin, j'y trouve les mouvements particulièrement beaux.
Jean-Claude Van Damme, qui s'est lui aussi penché sur le Muay Thaï dans "Kickboxer" ?
Il est très souple ! Il peut porter des coups de pieds très hauts et ses grands écarts sont impressionnants.
Que pensez-vous pouvoir apporter au cinéma d'arts martiaux par rapport à eux ?
Les autres acteurs étaient surtout des adeptes du Kung Fu... de mon côté, je tiens à promouvoir le Muay Thaï. Je souhaite aussi montrer la vie des Thaïlandais.
Au-delà de la simple action, vous semblez attachez aux symboles, comme les éléphants dans "L' Honneur du dragon Tom-Yum-Goong"...
Non pas spécialement, mais je suis thaïlandais, et je souhaite qu'il y ait toujours une touche de ce pays dans mes films. Même si je tiens à garder un mélange d'action et de tradition, je fait en sorte que les films soient visibles partout dans le monde.
Etes-vous tenté par Hollywood ?
Mon but n'est pas d'aller à Hollywood. Je souhaite avant tout suivre mes rêves et faire des films de qualité. Je veux que le spectateur qui paye le prix d'une place de cinéma en ait pour son argent.
Avez-vous un prochain film en préparation ?
Oui, je prépare actuellement un nouveau film. C'est un rêve pour moi... Le film tournera autours de la religion et des arts martiaux et bénéficiera de la présence d'acteurs du monde entier. On y trouvera de la Capoeira, du Wushu, du Muay Thai, et du Nin-jitsu.
Propos recueillis par Eric Kervern et Frédéric Heusse le 20 janvier 2006