Il était un modèle pour Eddie Murphy ou Chris Rock, voire un "géant", un "innovateur" pour Spike Lee... Richard Pryor, l'un des plus célèbres comiques noirs-américains, a succombé à 65 ans à un arrêt cardiaque ce samedi 10 décembre, dans un hôpital d'Encino en Californie. "J'ai essayé de le ranimer, a expliqué à la chaîne CNN sa veuve Jennifer Pryor, je lui ai fait un massage cardiaque et ça n'a pas marché. Ils ont continué à l'hôpital et il ne s'est pas réveillé. (...) Il était un tel combattant, il avait vécu plus de neuf vies, il plaisantait en disant qu'il allait enterrer tout le monde. Nous venions juste de fêter son 65e anniversaire le 1er décembre".
Né le 1er décembre 1940 à Peoria, dans l'Illinois, Richard Pryor vit une enfance tumultueuse et débute sa carrière sur les planches des cabarets américains et canadiens, gagnant peu à peu la reconnaissance du public grâce à un humour mordant qui n'épargne pas la communauté noire et fait fi des convenances : il crée notamment le personnage de "Supernègre". Son passage au cinéma se fait en 1967 avec The Busy body de William Castle, une comédie également interprétée par Robert Ryan et Sid Caesar. Six ans plus tard, il co-signe avec Mel Brooks le scénario du Shérif est en prison qui lui vaut le prix de la Guilde des auteurs américains et de l'académie américaine de l'humour.
Une vie émaillée de succès et de problèmes de santé
Ses succès à l'écran, il les connaît aux côtés de son fidèle complice Gene Wilder, à qui il donne la réplique dans Transamerica Express (1976), Faut s'faire la malle (1980), Pas nous, pas nous (1989) ou encore Another you (1991). A l'affiche de Blue collar (1978) et Les Muppets, ça c'est du cinéma (1979), Richard Pryor se fait également remarquer en se demandant Comment claquer un million de dollars par jour (1985) pour Walter Hill, en se retrouvant confronté à Superman dans le troisième volet de ses aventures (id.) et en réalisant Jo Jo dancer, your life is calling, inspiré de certains épisodes de sa vie tumultueuse.
Victime de très graves brûlures occasionnées par l'explosion d'un cocktail de drogues à base de cocaïne et affaibli par une sclérose en plaques diagnostiquée en 1986, le comédien se voit contraint de réduire ses activités. En 1989, Eddie Murphy tient à lui rendre hommage en l'engageant sur son film Les Nuits de Harlem. Depuis, il avait subi un triple pontage coronarien en 1991 et était apparu à l'écran pour la dernière fois en 1997 en fauteuil roulant dans le Lost highway de David Lynch.
Guillaume Martin avec AFP