Cinéaste discret et délicat, Jean-Claude Guiguet s'est éteint vendredi 16 septembre à l'âge de 56 ans, des suites d'un cancer. Il débuta comme critique littéraire et cinématographique, notamment à la NRF -un recueil de ses chroniques sera publié sous en 2002 sous le titre Lueur secrète. En 1975, il devient assistant réalisateur de Paul Vecchiali sur Change pas de main, avant de travailler comme décorateur et costumier sur Le Theatre des matieres de Jean-Claude Biette, lui-même disparu il y a deux ans. Autour de Paul Vecchiali et de sa maison de production Diagonale s'agrège, à la fin des années 70, un groupe de cinéastes-artisans, qui se tiennent en marge du système. Parmi eux figurent Jacques Davila, Gérard Frot-Coutaz, Marie-Claude Treilhou et Jean-Claude Guiguet, qui tourne en 1979 son premier long métrage, Les Belles Manières.
Portraits de femmes
Entre mélodrame, étude psychologique et analyse des rapports de classes, Les Belles Manières témoigne du goût du réalisateur pour le cinéma français d'avant-guerre et pour les personnages de femmes d'âge mûr. On retrouve ces caractéristiques dans les trois autres longs métrages que signera Guiguet : Faubourg Saint-Martin avec Françoise Fabian en 1986, Le Mirage, adaptation de Thomas Mann avec Veronique Silver et Fabienne Babe en 1992 et Les Passagers, film choral -aux deux sens du terme- sorti en 1999. Auteur d'un court métrage sur le sida très remarqué (réalisé dans le cadre de l'opération L'Amour est à réinventer en 1996), il tentait depuis quelques années de monter un nouveau projet intitulé Le Printemps du monde. Ces derniers mois, on pouvait entendre ce cinéphile érudit et passionné commenter l'actualité cinématographique sur les ondes de France Culture.
Julien Dokhan