AlloCiné : Qu'est-ce qui vous a attiré dans l'univers de Batman ?
Gary Oldman : Je ne suis pas un grand amateur de comics, j'en ai lu très peu étant jeune. C'est la présence de Christopher Nolan derrière la caméra qui m'a attiré : je voulais voir où il pourrait emmener cette histoire. J'étais curieux de voir comment quelqu'un comme lui pouvait remettre la franchise Batman sur les rails, de la ramener de l'univers... singulier vers lequel elle était partie. (Rires) J'ai trouvé surprenant que Christopher se lance sur un tel projet. Mais j'ai senti qu'il voulait vraiment le faire, qu'il avait une vraie vision et une vraie passion. A mon sens, vous ne pouvez pas réaliser des films comme Memento et Insomnia, puis vous lancer sur Batman begins. Il faut avoir une vraie vision de l'histoire à proposer pour convaincre les producteurs. Et celle-ci devrait être intéressante.
Quelle est votre vision du Comissaire Gordon sur ce film ?
Avant Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban, personne n'avait encore incarné Sirius Black à l'écran : ça me laissait donc le champ libre pour créer ce personnage et le rendre original. Par contre pour le commissaire Gordon, il y avait une base de départ puisque le personnage était interprété par Pat Hingle dans les quatre autres films... Parallèlement, je suis allé me balader sur le web, et j'ai été surpris par le nombre d'informations qui existent sur le personnage ! C'est incroyable tout ce qui a été écrit sur Gordon... Ca m'a aidé mais le plus important reste toujours le scénario : c'est lui qui vous guide dans la création et l'interprétation du personnage. Et Gordon était déjà quasiment là, sur la page... Dans ce film, c'est la première fois que je joue un vrai policier, et c'est un rôle qui fait poser beaucoup de questions ! (Rires) "Où allez-vous ? Pourquoi ? Que faites-vous là ? Que savez-vous ? Va t-on y arriver à temps ? je passe mon temps à poser des questions aux autres personnages ! (Rires) Mais c'est très sympa de jouer un gentil pour une fois... D'habitude, je joue le genre de gars que Batman poursuit !
Comment décririez-vous la relation entre Batman et Gordon dans le film ?
La relation est très forte sur le papier : vous n'avez plus qu'à la transposer à l'écran. Malheureusement, Christian et moi n'avons pas eu beaucoup de temps pour répeter et se connaître mieux. Mais nous avons accroché tout de suite, nous apprécions de travailler ensemble et nous avons essayé d'ajouter cette amitié dans la relation entre nos deux personnages. Après, en tant qu'acteur, vous réagissez par rapport à ce qui se passe devant vous, sur le plateau. Je me souviens du tournage de Ludwig Van B. en 1994 : j'avais fait de nombreuses recherches sur le personnage de Beethoven, mais plus vous découvrez de choses intéressantes, plus vous commencez à remarquer les blancs du scénario et à vous focaliser sur ce que le film n'aborde pas. Et ce n'est pas une bonne chose. Pour jouer, vous devez vous concentrer sur ce qui est présent. Mon personnage dans Batman begins est le Lieutenant Gordon défini par Christopher Nolan pour SON film : c'est ma seule feuille de route.
Cela doit être assez étrange de donner la réplique à un homme habillé en chauve-souris ? Comemnt parvenez-vous à dépasser le "ridicule" de la situation ?
Très honnêtement, je ne sais pas, mais on fait en sorte de le faire ! (Rires) Plus sérieusement, il faut trouver un moyen de se mettre dans l'état d'esprit du personnage et simplement accepter cette histoire, et ne pas penser en tant que comédien qui joue un rôle face à un homme déguisé en chauve-souris... C'était la même chose sur Harry Potter et le prisonnier d'Azkaban, quand j'incarne le sorcier Sirius Black : vous devez faire en sorte de rendre l'histoire réaliste et intéressante à travers la réalité des personnages. Ce n'est pas évident, et le film peut très vite faire trop cartoon, trop comic-book... Je dois donc faire en sorte, quand une Batmobile s'arrête devant moi et qu'un gars en costume de chauve-souris vient me parler, d'accepter cette réalité et de la jouer de façon sérieuse et normale.
Propos recueillis par Yoann Sardet