Les robots s'invitent à Pittsburgh. Le 17 juin dernier, la presse internationale était invitée au beau milieu de l'Etat de Pennsylvanie à une convention de robotique organisée autour de la sortie d'I, robot. Un rendez-vous pas comme les autres situé dans l'enceinte du prestigieux Carnegie Science Center, une référence dans le milieu scientifique américain. L'occasion de découvrir de l'intérieur le monde des robots ainsi que les coulisses du long-métrage porté par Will Smith, en salles le 28 juillet prochain.
Accueil robotisé
Très vite, les doutes relatifs à une telle manifestation -pour un novice en sciences- sont levés. Non, cette convention ne sera pas un rébarbatif et incompréhensible colloque de spécialistes. Oui, cette journée au milieu de robots en tous genres sera ludique et particulièrement passionnante. Premier indice positif : nous sommes accueillis par le robot QUASY, qui entonne l'hymne national de chaque journaliste venant lui insérer la molette relative à son pays d'origine. Se sentir dans un environnement chaleureux et convivial grâce à la première machine croisée est déjà un pari gagné pour la convention, et un soulagement pour le journaliste. Les longues heures de voyage de la veille paraissent déjà moins lourdes.
Robocop, Terminator et les autres...
A 11h30, l'assistance est conviée à la conférence de presse de l'événement, orchestrée par Don Marinelli, directeur du Carnegie Mellon's Entertainment Technology Center. Energique, voire survolté, le scientifique propose, en guise d'apéritif, la diffusion d'un best-of des plus grands moments de cinéma ayant donné la vedette à des robots. Sous nos yeux nostalgiques redéfilent ainsi les "machines humaines" de classiques tels que Metropolis, Silent running, Planète interdite, La Guerre des étoiles, Terminator, Robocop ou, plus près de nous, A.I. Intelligence artificielle, Minority report et, bien sûr, I, robot, film-vedette de la convention.
Dans les entrailles d'"I, robot"...
Après ce petit rafraîchissement de mémoire, nous entrons dans le vif du sujet avec la présentation d'I, robot par le "french" designer Patrick Tatopoulos. Présentation qui, d'emblée, s'impose comme le point d'orgue du séjour. Passionnante, l'intervention du Français impressionne par sa clarté, eut égard à la complexité du travail effectué par l'artiste sur trois années en collaboration avec le réalisateur Alex Proyas. A la fois précis et ludique, l'exposé démontre, dessins, storyboards, animations et miniatures à l'appui que l'élaboration d'I, robot a nécessité un travail monstrueux de patience et de précision. Déjà à l'oeuvre sur Stargate, Independence Day ou encore Godzilla, Patrick Tatopoulos a ainsi griffonné plus d'une vingtaine de livres de dessins visionnaires, s'épuisant sur des détails, expérimentant sans cesse, tout en ayant bien à l'esprit de "préserver une part de naturel afin que le spectateur ne se sente pas perdu". Bluffant.
Après ces 45 minutes captivantes qui donnent une dimension à la fois humaine et totalement vertigineuse à I, robot, le débat organisé sur le thème de la place du robot avec les humains paraît dès lors un peu moins intense. De nombreux spécialistes s'interrogent quelque peu vainement sur l'éventualité d'une supplantation de l'homme par les machines : les réponses manquent de clarté et il faut la présentation sur grand écran d'un match de football hilarant entre robots pour dérider l'assistance. Selon Manuela Veloso, spécialiste du football robotique, un match entre une équipe de robots et une équipe humaine serait envisageable pour l'année 2050. On doute de cette éventualité au vu des errements des machines balle à la pince...
Zoom sur la robotique ludique
L'après-midi rejoindra en intensité la présentation matinale de Patrick Tatopoulos, les journalistes étant invités à découvrir l'impressionnant Robot Hall of Fame Exhibit, vaste lieu dédié aux robots les plus originaux du moment. Un panorama de la robotique ludique qui bénéficie de la présence des célèbres Hal 9000 (2001 : l'odyssée de l'espace) et R2D2 (Star wars) et qui ne manque pas d'interpeller le visiteur lorsqu'il dévoile, par exemple, un robot capable de jouer tout seul au basketball et d'enchaîner tranquillement les paniers !
Conclu par un chaleureux dîner, cette convention aura eu l'immense mérite -outre le fait d'observer les progrès de la robotique de manière ludique et de s'interroger sur la relation homme/robot- de plonger dans les entrailles d'un blockbuster tel que I, robot et de réaliser que la fluidité et le fun d'une telle superproduction dissimulent des milliers d'heures de travail et un réel souci d'appréhender le futur dans ce qu'il peut avoir de positif (ou de négatif) pour l'être humain. Une vraie réflexion sur le devenir de l'Homme en compagnie de ce qu'Il a créé. Avec I, robot, en salles le 28 juillet prochain, le débat ne fait que commencer...
Clément Cuyer
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