Un casting d’exception
Christophe, 9 ans, vit les événements de mai 68 planqué chez ses grands-parents, dans l’appartement familial à Paris, entouré de ses oncles et de son arrière-grand-mère. Tous bivouaquent autour d’une mystérieuse cache, qui révèlera peu à peu ses secrets…
Dans La Cache, le réalisateur Lionel Baier compose une fresque familiale vibrante dans une France en pleine effervescence, le tout sublimé par un casting de choix : Dominique Reymond (Chien de la Casse), Liliane Rovère (Dix pour Cent), William Lebghil (Joli Joli) et Michel Blanc (Les Bronzés font du ski), bouleversant dans l’un de ses derniers rôles.

Un huis clos familial au cœur de Mai 68
Alors que la révolte étudiante embrase la France, La Cache prend le parti de raconter cet événement historique à travers la sphère domestique. Inspiré du roman autobiographique de Christophe Boltanski, le film en propose toutefois une lecture singulière. Si dans le livre, Mai 68 n’occupe qu’un court passage, cela devient ici le cœur du récit.
Ce repli forcé dans l’appartement familial de la rue de Grenelle devient alors un miroir des tensions extérieures : aspirations libertaires face aux traditions ou encore idéaux politiques confrontés au réel, Lionel Baier capte avec finesse cette dualité en montrant comment Mai 68 a pu être à la fois un souffle d’espoir et une source de désordre pour ses contemporains.

Le poids du non-dit et des secrets familiaux
Si les éclats et les débats résonnent dans La Cache, c’est souvent dans les silences et les regards que se cachent les véritables enjeux du film. Chaque membre de la famille porte en lui des blessures enfouies et des vérités jamais avouées. Lionel Baier joue habilement avec ces absences et ces non-dits, tissant ainsi une atmosphère dans laquelle l’implicite devient aussi fort que les mots. Car au fond, les spectateurs devinent très vite à quoi font référence les silences.
“Au cinéma, la Shoah est souvent vue comme un événement historique arrêté dans le temps, alors que pour moi, c’est un processus qui a commencé en 1933 et qui continue aujourd’hui, que nous le voulions ou non.”, explique le cinéaste. “Ce qui ne se dit pas, c’est exactement ce que je cherche à montrer. J’ai toujours voulu mettre en scène un film sur cette période de l’histoire, mais je ne voulais pas devoir filmer un uniforme de nazi, ne me voyant pas sur le plateau demander d’éclairer un peu mieux une tête de mort sur une casquette, ajoute Lionel Baier. Les personnages du roman de Christophe Boltanski parlent toujours d’un avant et d’un après pour évoquer la guerre. J’y ai vu une élégance lubitschienne dont je pouvais essayer de m’emparer.”

Loin d’être un simple décor, cette fameuse cache devient elle-même un symbole des souvenirs enfouis que l’on préfère taire mais qui façonnent pourtant l’identité de chacun.
Entre légèreté et gravité, La Cache rappelle que c’est dans l’humour et la fiction que l’on trouve la meilleure façon de le raconter. Le film est à découvrir en salle dès maintenant.