L’adaptation cinématographique du Seigneur des Anneaux par Peter Jackson a capturé le cœur de l’œuvre de J.R.R Tolkien, et bien qu’elle ait apporté des modifications significatives à l’histoire, elle a gagné l’approbation des fans. L’auteur, décédé en 1973, en aurait-il été satisfait ? Fier même ? Aurait-il approuvé ou détesté ? On ne peut que spéculer. De même pour la nouvelle série Les Anneaux de Pouvoir, plus vaguement basée sur ses écrits, ou encore le récent film d’animation Le Seigneur des Anneaux : La Guerre des Rohirrim.
Mais en ce qui concerne la toute première adaptation de son épopée fantastique : on a la réponse. J.R.R Tolkien a en effet vivement critiqué la version animée de Ralph Bakshi, sortie en 1978, dont il a eu l’occasion de lire le scénario avant son décès.
Un avis tranché
En 1958, l’agent Forrest J. Ackerman a en effet obtenu l’approbation de Tolkien pour adapter son œuvre à l’écran et a confié la lourde tâche d’écrire une première version du script au scénariste Morton Grady Zimmerman qui devait donc transformer les aventures de Frodon et ses amis en un film d’animation de trois heures. Cependant, comme l’a rappelé Collider, le traitement du scénario ne répondait pas aux normes de l’auteur.
Bien que Tolkien lui-même ait été intéressé par l’adaptation, il a affirmé que, dans ce qu’il a lu, son histoire avait “simplement été assassinée”. Dans plusieurs lettres détaillées, publiées des années plus tard dans le livre The Letters of J.R.R. Tolkien, ce dernier a exprimé ses nombreuses pensées sur le sujet – sans y aller de main morte.
“Je dirais que Zimmerman, [l’auteur du script], est incapable d’extraire ou d’adapter les ‘mots parlés’ du livre. Il est empressé, insensible et impertinent”, avait-il écrit dans l’une de ses lettres.
“Il ne lit pas. Il me semble évident qu’il a survolé Le Seigneur des Anneaux à vive allure, et qu’il a ensuite construit [son script] à partir de souvenirs partiellement confus, avec un minimum de références à l’original. (...) Je suis très mécontent de l’extrême sottise et de l’incompétence de [Zimmerman], ainsi que de son manque de respect total pour l’original”, avait-il poursuivi, sans merci.

Et ce n’est pas tout !
Dans un autre courrier beaucoup plus long, Tolkien a pris le temps de commenter le scénario de Zimmerman page par page afin de détailler tous les éléments qui ne lui convenaient pas.
“Si [Zimmerman] et/ou d’autres [lisent mon commentaire], ils pourraient se trouver irrités ou offensés par le ton de mes critiques. Si c’est le cas, je suis désolé (bien que je ne sois pas surpris). Mais je leur demanderai de fournir un effort d’imagination suffisant pour comprendre l’agacement (et parfois le ressentiment) d’un auteur qui trouve – au fur et à mesure de sa lecture – que son travail semble avoir été traité avec négligence de manière générale, parfois de manière irréfléchie, et sans le moindre signe évident de reconnaissance pour ce dont il s’agit.”
L’auteur a ensuite énuméré tout ce qui ne convenait pas dans le scénario, des formes que prenaient les feux d’artifice de Gandalf aux becs et aux plumes ajoutés aux Orques, en passant par le fait que le Balrog parlait et riait, ou encore que la Lothlorien avait été transformée en château féérique, et les Elfes en petites fées. Il a même affirmé que la conclusion entraînait “une confusion qui va finalement presque jusqu’au délire”.

Connu pour son tempérament pointilleux, J.R.R Tolkien était naturellement protecteur de sa riche histoire, et ses plaintes étaient justifiées, mais certains de ses problèmes, plus mineurs, sont tout de même réapparus dans l’adaptation de Peter Jackson, ce qui soulève la question : aurait-il approuvé la trilogie cinématographique adorée, récompensée par 11 Oscars et classée parmi les meilleurs longs métrages de tous les temps par les spectateurs d’AlloCiné ? On ne le saura jamais.
(Re)découvrez tous les détails cachés de La Communauté de l’Anneau dans la vidéo ci-dessous :