Ça parle de quoi ?
Nord de la France, 2005 : Malik, inspecteur de police, assiste impuissant à la mort d’une enfant suite à un kidnapping. En charge de l’enquête, il échoue à retrouver le meurtrier. Dix ans plus tard, sans élément nouveau, sans trace d'un dangereux criminel qui court toujours, l'affaire s’apprête à être classée définitivement.
Mais quand de nouveaux faits en lien avec l’affaire se révèlent, Malik entame une course contre la montre dans l’espoir de résoudre l'enquête avant l’expiration du délai de prescription. Dans six jours. C’est le temps qui lui reste pour retrouver le coupable.
On refait le film
Et si vous commenciez l'année sous tension ? Certes, le 1er janvier est férié et tombe même pendant les vacances de certaines personnes, ce qui n'est pas du luxe pour se remettre de l'intensité des fêtes. C'est pourtant à une course contre la montre que vous invitent Sami Bouajila, Julie Gayet et le réalisateur Juan Carlos Medina (Insensibles, GOLEM le tueur de Londres), histoire de ne pas perdre le rythme.
Dans le Nord de la France et sur deux époques, puisque le récit commence en 2005, avec l'issue tragique d'un kidnapping, et se poursuit une décennie plus tard, quand Malik, l'inspecteur en charge de l'enquête, fait face à un nouvel enlèvement d'enfant dont le modus operandi semble surgir du passé. Avec un créneau de six jours pour retrouver le coupable, avant que le délai de prescription de dix ans n'expire.
Une contrainte temporelle que ce long métrage a en commun avec son modèle. Car Six jours, comme son générique de début le précise, est inspiré de Montage, polar coréen sorti en 2013. Seul film réalisé par Jeong Geun-seop pour le moment, il a engrangé plus de 11 millions de dollars de recettes et même fait l'objet d'un remake bollywoodien, T3en, qui a été un échec retentissant en 2016.
Mais il n'est jamais sorti en France (en salles, en vidéo ou sur une plateforme), ni même aux États-Unis, où il n'a connu que les honneurs du Palm Springs International Film Festival en janvier 2014. Il est encore trop tôt pour dire si Six jours permettra de réparer cela mais, en attendant, si son histoire vous dit quelque chose, c'est que vous avez eu la chance de voir Montage, et que le twist qui intervient à l'aube du dernier acte ne vous surprendra pas.
Même s'il délocalise son intrigue dans le Nord de la France, le film reste fidèle à son modèle, jusque dans la façon dont le récit sert à critiquer les puissants. Tout en ajoutant une filature qui tourne à la course-poursuite, au milieu d'un groupe de supporters du club de football de Lille, que le cinéma coréen n'aurait pas reniée. Au même titre que sa sublime affiche qui rappelle celle d'Une pluie sans fin, thriller chinois de 2018 qui raconte, lui aussi, une enquête qui vire à l'obsession.
Citant également Jean-Pierre Melville (Le Cercle rouge, Le Samouraï) comme influence de ce thriller qui se penche sur la frontière séparant justice et vérité, Juan Carlos Medina met en avant la plausibilité de son récit, obtenue grâce au concours d'un ancien patron de la BRI, rencontré au Festival du Film Policier de Beaune.
"Si l’histoire tient, c’est parce que l’affaire se déroule il y a près de dix ans"
"Il m’a guidé sur le réalisme opérationnel des unités de police dans le film : l’opération dans la gare routière, les permutations, les couches d’oignons dans le dispositif policier, la manière de communiquer avec la victime qui transporte l’argent pour faire l’échange", raconte le réalisateur dans le dossier de presse. "ll m’a aussi donné des conseils très utiles sur la prescription."
"Ce qui rendait le film possible, c’est que la France, jusqu’en 2017, avait un délai de prescription de dix ans pour des affaires très graves, comme un kidnapping entraînant la mort d’un enfant. Ensuite, une nouvelle loi a étendu le délai à trente ans. Si l’histoire tient, c’est parce que l’affaire se déroule il y a près de dix ans. C’était l’élément dont il fallait s’assurer, car cette réalité juridique devait être inattaquable."
Si vous vous demandiez pour quelle raison la majeure partie de l'intrigue de Six jours se déroule en 2015, vous avez désormais la réponse. Pour le reste, c'est à voir en salles. Quitte à rendre votre début d'année cinéma un peu plus intense que vous ne l'aviez prévu.