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    "Je n'ai hélas rien de positif à exprimer sur l'homme" : Niels Arestrup, un immense acteur qui avait aussi sa part d'ombre
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Décédé ce dimanche à l'âge de 75 ans, monstre de scène et de cinéma récompensé par trois César et un Molière, Niels Arestrup est à juste titre salué comme l'immense acteur qu'il fut. Mais il n'a pas laissé que de bons souvenirs à ses pairs...

    Franck Castel / Bestimage

    Le monde du cinéma et du théâtre est en deuil après l’annonce de la mort de Niels Arestrup à l’âge de 75 ans, ce dimanche 1er décembre. S'il avait entamé sa carrière sur grand écran en 1973, il lui a fallu attendre les années 2000 pour décrocher ses premières citations aux César. Il a remporté trois statuettes du meilleur acteur dans un second rôle : en 2006, 2010 et 2014, respectivement pour De battre mon coeur s'est arrêté, Un prophète et Quai d'Orsay. Grand acteur de théâtre, il jouera dans une quarantaine de pièces, et remportera d'ailleurs en 2020 un Molière.

    Si les hommages sont unanimes pour saluer la mémoire du grand acteur qu'il fut incontestablement, tous ses pairs n'ont pas, loin s'en faut, gardé un bon souvenir de l'homme. A plusieurs reprises en effet, Niels Arestrup a été accusé de violences par des partenaires.

    "Je n’ai hélas rien à exprimer de positif sur l’homme"

    En 1979, sur le tournage de La Dérobade, il crève le tympan de Miou Miou. "Elle a eu carrément le tympan crevé ! Je le lui avais dit pourtant, comme à Daniel Duval qui réalisait le film, qu'il fallait simuler, mais elle y tenait, elle voulait que ça ait l'air vrai... Le même jour, j'ai cassé le coccyx de Maria Schneider..." rappelait-il dans une interview portrait qu'il avait accordé au quotidien Libération, en 2007.

    "Je n’ai hélas rien à exprimer de positif sur l’homme. Mon souvenir du partenaire de théâtre demeure un traumatisme marquant" a commenté Isabelle Adjani, à l'annonce du décès d'Arestrup. Si l'actrice a fait part de ses condoléances à la famille de l'acteur, elle n'a pas oublié la gifle qu'il lui avait donné en 1983... Cette année-là, elle avait quitté la pièce Mademoiselle Julie d’August Strindberg au théâtre Edouard VII, dans laquelle elle jouait avec Niels Arestrup, qui l’avait giflée.

    L'intéressé s'en défendra, expliquant de prime abord que c'était elle qui avait été la première à lui mettre une claque. Mais il ne sera pas constant dans ses déclarations. En 1999 dans Télérama, il avait reconnu avoir giflé la comédienne, avant de revenir sur sa déclaration deux ans plus tard sur le plateau du talk Show On ne peut pas plaire à tout le monde animé par Marc-Olivier Fogiel. Qui pointait la contradiction dans ses diverses déclarations à ce sujet. A-t-il oui ou non donné une violente gifle à Isabelle Adjani ? "Je ne sais pas, je devais être bourré".

    "Je le déteste et il sait pourquoi"

    C'est encore une histoire de gifle qui est venu ternir sa réputation, en 1996. La comédienne Myriam Boyer, la maman de Clovis Cornillac, fut licenciée pour "faute grave", alors qu'elle jouait aux côtés d'Arestrup dans la pièce Qui a peur de Virginia Woolf ?, dont la société de l'acteur se chargeait de la majorité de la production.

    Si la pièce de théâtre met en scène un couple qui s'entredéchire au cours d'une violente scène de ménage, Myriam Boyer accusa Arestrup de l'avoir presque étranglée. Portant l'affaire devant les tribunaux, elle raconta ainsi la séquence vécue :

    "Pendant la scène de l'étranglement, j'ai dû me défendre, parce qu'il me serrait le cou trop fort. Ensuite, lors d'une scène de tendresse où je lui tends le bras, il me l'a tordu à tel point que je me suis débattue. Quand je me suis plainte, Niels Arestrup a dit que je lui avais donné une gifle. Comme il est coproducteur du spectacle, il a demandé mon renvoi. Il avait commencé bien avant à me déstabiliser. Il aurait voulu que je craque, parce qu'il ne supporte pas d'avoir en face de lui une comédienne qui existe". Myriam Boyer obtiendra gain de cause au tribunal, obtenant 800.000 francs de dommages et intérêts.

    Dans ce contexte, on comprend ainsi mieux les propos de Clovis Cornillac, alors qu'il venait faire la promotion de Belle et Sébastien 3 au micro d'Europe 1, dans l'émission Bonjour la France animée par Daphné Bürki. Invité à commenter la nomination d'Arestrup au César 2018 du Meilleur second rôle dans Au revoir là-haut, Cornillac asséna :

    "je déteste cet homme. C'est un des rares... mais il sait pourquoi, y a pas de souci". Enchaînant un peu plus loin : "Il y a des gens qui se comportent mal et les gens qui se comportent mal, en général, c'est des gens que je n'aime pas..."

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