Certaines musiques de film, de par les souvenirs de cinéma qu'elles ravivent, ou tout simplement grâce à leur puissance intrinsèque, éveillent instantanément des émotions de toutes sortes chez ceux qui les écoutent.
Il y a bien sûr les mélodies qui nous font monter les larmes aux yeux, comme la petite ritournelle au début de Là-haut, les thèmes qui nous procurent immédiatement le frisson de l'aventure, comme celui de la saga Indiana Jones, et les partitions qui nous emmènent en voyage, comme celle de Danse avec les loups.
L'une des BO les plus réjouissantes de la carrière de Louis de Funès
Et puis il y a ces musiques qui nous rendent joyeux, qui parviennent à dessiner en quelques notes seulement un grand sourire de nostalgie sur notre visage. Lorsqu'on se tourne du côté du cinéma français et plus particulièrement de la comédie populaire, c'est à la carrière de Louis de Funès que sont bien souvent attachés ces petits rayons de soleil musicaux.
L'une des plus réjouissantes de toutes est indéniablement la bande originale des Aventures de Rabbi Jacob, inénarrable long métrage de Gérard Oury réalisé en 1973, et dans lequel Louis de Funès incarne un homme d'affaires irascible, obligé de se déguiser en rabbin pour échapper à des poursuivants.
Outre l'inoubliable séquence de danse qui compte parmi les scènes les plus légendaires du film (et notamment d'un point de vue musical), le thème introductif de Rabbi Jacob fait partie de ces mélodies qui percutent les tympans dès leur première écoute, et qui ne nous lâchent plus jamais. Pour le composer, Oury a eu l'intelligence de faire appel à l'un des plus grands maestros de la musique de film : le mythique Vladimir Cosma.
"Des notes brèves, brillantes et syncopées."
"D'abord, j'ai pensé à ce que Gérard Oury m'avait dit au début", avait raconté le compositeur bien des années plus tard au micro de RTL.
"Comme ce n'était pas un musicien, il m'a parlé de son coeur et de ce qu'il attendait de ma musique. Une musique qui devait être moderne, qui commençait sur des images de New York, ville de la modernité, de la mixité culturelle (...). Donc il ne fallait pas que la musique soit mélancolique, mais en même temps, il y a cet arrière-plan de problème juif qui demande une certaine nostalgie, une certaine émotion qui doit exister quand même. Donc j'étais entre ces deux paramètres."
Une fois ces données prises en compte, Cosma a pu élaborer ce qu'il appelle "un motif musical" en essayant également de lui apporter une couleur aussi joyeuse et drôle que celle du protagoniste :
"Ces quatre notes ont en elles une espèce de dynamique qui m'intéressait (...). Ce motif de Rabbi Jacob me semblait intéressant, il me semblait apporter la gaieté, la dynamique pour le personnage de Louis de Funès avec des notes brèves, brillantes et syncopées", a-t-il déclaré, toujours pour RTL.
"Ça m'a beaucoup touché."
Le résultat ? L'une des bandes originales les plus légendaires de l'Histoire du cinéma populaire français, sans le moindre doute. Pour le remercier de son coup de génie, Louis de Funès avait d'ailleurs lui-même tenu à adresser un courrier à Vladimir Cosma, ainsi que le musicien nous l'avait confié lorsque nous l'avions rencontré, en 2016 :
"Il m'a envoyé ce courrier après la sortie du film, une lettre très émouvante. C'est une des seules lettres que j'ai reçues de la part d'une énorme vedette, qui me remerciait, qui me disait que j'étais un grand monsieur, que la musique était géniale, que ça emporte le film, que ci, que ça... C'était très touchant, surtout venant de sa part, et venant de quelqu'un qui était musicien lui-même. Puisque De Funès était à l'origine pianiste de bar. Il n'était pas un simple mélomane, il était un professionnel. Ça m'a beaucoup touché."
Quelle est votre musique préférée dans la carrière de Vladimir Cosma ? Et dans celle de Louis de Funès ?
(Re)découvrez notre émission dédiée au métronome du rire...