Ça parle de quoi ?
Un long métrage Lego retraçant la carrière de Pharrell Williams.
Lego trip
Pharrell Williams inspire les réalisateurs, et on ne va pas s'en plaindre. Alors que Michel Gondry vient de tourner Atlantis, biopic consacré à sa jeunesse que l'on imagine très inventif et au diapason du génie de son sujet, c'est aujourd'hui le documentariste Morgan Neville qui se penche sur sa carrière, après avoir scruté celles de Bono ou Keith Richards.
Sur le papier, rien de bien original, et le principal intérêt ne réside pas tant dans la structure classique du récit (où l'on parle de l'enfance, des débuts avec Neptunes, du creux de la vague, de son retour triomphal avec les Daft Punk, des hits de la saga Moi, moche et méchant…) que dans la forme choisie : Piece by Piece se situe en effet au croisement du documentaire et du film d'animation. En Lego.
Ce qui avait tout pour être un ego trip devient alors un Lego trip. Où les briques servent autant à illustrer les visions de celui qui dit percevoir les couleurs de la musique, sans recours à des effets de montage artificiels, qu'elles font office de métaphore de son talent d'assembleurs de sonorités pour créer des choses jamais entendues.
Le choix de raconter cette histoire ainsi n'est en revanche pas arbitraire ou opportuniste, pour surfer sur le succès de la firme danoise : tout est visiblement parti de cette suggestion de Pharrell Williams lui-même, dans la lignée de cette pensée philosophique digne de Forrest Gump, à travers laquelle il dit voir le monde comme une immense boîte de Lego, où chacun assemble les pièces à sa guise mais ne fait qu'emprunter des couleurs déjà utilisées avant lui.
De la même manière que Moonage Daydream de Brett Morgen avec David Bowie, Piece by Piece nous plonge dans l'esprit de Pharrell Williams, à grand renfort de trouvailles visuelles (et parfois amusantes), de reproductions en briques de certains clips ou d'interviews de stars telles que Gwen Stefani, Justin Timberlake, Timbaland, Jay-Z, Timbaland, Snoop Dogg, Kendrick Lamar ou Missy Elliott.
Quand la musique est bonne
Le casting est impressionnant, la bande-originale encore plus. Forcément, puisqu'elle contient exclusivement des extraits de titres produits, composés et/ou interprétés par Pharrell Williams. Vous risquez d'ailleurs de (re)découvrir son implication dans quelques tubes iconiques et géniaux.
Sauf si vous faites partie de ses plus grands fans, auquel cas vous pourriez ne rien apprendre de ce documentaire centré sur son génie et son engagement auprès de Black Lives Matter après la mort de George Floyd aux États-Unis, mais manque un peu de points de vue contradictoires pour nuancer et enrichir l'icône qu'il est devenu.
D'où l'importance de la forme, énorme point fort de ce film, là où les documentaires se démarquent plus souvent grâce à l'angle d'attaque et/ou le montage. En plus d'être ludique, très bien rythmé et de vous donner envie de bouger la tête grâce à sa bande-son, Piece by Piece se révèle aussi être le long métrage du genre le plus original qu'on ait vu depuis quelques années. Et il fallait au moins ça pour honorer le talent de son sujet.