AlloCiné : Comment en êtes-vous arrivés à travailler avec Netflix sur ce projet ?
José Chaves : C'est un projet qui date d'il y a quatre ans à peu près. Netflix cherchait quelque chose de très particulier et qui réponde à un public proche des fables et des grands contes, comme La Bête du Gévaudan. Et Les Loups Garous de Thiercelieux s'en rapproche pas mal par sa thématique et évidemment par son histoire.
Les deux auteurs, Philippe des Pallières et Hervé Marly, ont été séduits par l'approche de Netflix qui était extrêmement respectueuse du jeu mais avec des personnages très cinématographiques. Le réalisateur François Uzan avait vraiment à cœur de trouver quelque chose de très contemporain.
Donc il y a eu un vrai travail entre les deux parties ?
Il y a eu une vraie collaboration oui. Une partie de nos équipes est allée sur le tournage avec les auteurs, qui font d'ailleurs un caméo dans le film. Ils ont vraiment pris une énorme claque : ils ont été transportés dans Thiercelieux avec le décor du village.
Hervé et Philippe étaient très émus par cette mise en scène où tout à coup, leur jeu prenait vie. Vraiment, ils sont passés de l'autre côté du miroir, un peu comme... Alice au pays des merveilles !
Les loups-garous sont doublement dans l'actualité, entre le film Netflix et le jeu Canal+. D'où vient ce regain d'intérêt ?
Le jeu est assez fort depuis très longtemps. Il a connu une période de ralentissement pendant le confinement. Mais on a senti, après ça, le besoin des gens de reprendre contact les uns avec les autres et donc de se tourner vers des jeux avec un potentiel narratif très fort.
Les ventes de Loups-Garous ont repris de plus belle. Si cette année est aussi orientée sur le jeu, c'est surtout un heureux hasard de calendrier. Les productions audiovisuelles et cinématographiques prennent toujours assez longtemps.
Côté Canal, si je ne me trompe pas, c'était quatre ans de développement au total. Côté Netflix, c'était trois ans de développement, de tournage et de post-production.
Clairement, 2024 est l'année Loups-Garous.
C’est un film français mais diffusé sur une plateforme internationale qui peut toucher jusqu’à 270 millions d'abonnés dans le monde. Est-ce que votre jeu réussit à s’exporter à l’international ou est-ce que vous comptez aussi sur Netflix pour vous donner encore plus de visibilité ?
Les Loups-garous de Thiercelieux est un jeu qui est traduit en 12 langues. On touche tous les pays. C'est vraiment distribué un peu partout dans le monde. Le marché français représente grosso modo un quart des ventes qu'on fait dans le monde.
On est sur un peu plus de 200 000 boîtes du jeu par an en France, alors qu'on est un tout petit peu en dessous de 800 000 dans le monde chaque année.
On peut parler dans le cas du jeu de société d'une french touch, c'est-à-dire que les auteurs français sont vraiment reconnus, pas forcément pour un style, mais vraiment pour la richesse de leur proposition ludique.
Le film Netflix propose une version du jeu avec un plateau en bois magnifique, façon Jumanji. Et est-ce que vous comptez l’éditer et le vendre ?
C'est la question qui revient le plus et j'aimerais répondre que oui, mais c'est un objet filmique. Donc pour l'instant, il n'y a pas de développement particulier, c'est vraiment l'objet du film. Il fallait aller vers un format qui est un peu particulier, emmener le jeu vers un récit un peu fantastique. Et ce plateau c'était la pierre angulaire.
Propos recueillis auprès de José Chaves, porte-parole de la marque Asmodee en France, le 22 octobre à Paris.