Une Pretty Woman moderne
Anora est escort girl dans un club de strip-tease de Brooklyn. Lorsqu'elle rencontre le fils d’un oligarque russe, elle se transforme rapidement en Pretty Woman moderne. Sans réfléchir, elle épouse avec enthousiasme son prince charmant ; mais lorsque la nouvelle parvient en Russie, le conte de fées est vite menacé : les parents du jeune homme partent pour New York avec la ferme intention de faire annuler le mariage…
Anora est le nouveau film de Sean Baker, le réalisateur du très apprécié The Florida Project. Avec en tête d’affiche Mikey Madison (Scream, 2022), ce long métrage porte la mention "Palme d'Or du Festival de Cannes 2024". En effet, Anora a séduit le jury cannois grâce à une narration immersive et un style visuel audacieux.
Des similitudes avec Euphoria
Mikey Madison, qui joue le rôle d’Anora, arbore tout au long du film des tenues extravagantes et clinquantes, des bodies colorés aux manteaux de fourrure. Dans ses cheveux scintillent des filaments roses tandis que des paillettes viennent éclairer son regard. Difficile de ne pas penser aux maquillages et vêtements stylisés des personnages de la série à succès Euphoria.
Autre point commun avec la série : l’esthétique du film. En effet, le directeur de photographie Drew Daniels, qui s’est fait connaître pour avoir éclairé Waves et It Comes at Night et avec lequel avait déjà collaboré Sean Baker sur Red Rocket, a notamment travaillé sur Euphoria. Dans le même genre, Drew Daniels était à la direction de la photographie de The Idol, réalisée aussi par Sam Levinson, le créateur d’Euphoria.
“Avec Sean [Baker], on recherchait l’atmosphère grise et froide d’un New York hivernal qui tranche avec les rouges saturés et les couleurs criardes du club et de Las Vegas”, explique le chef opérateur. Le spectateur retrouve ces deux atmosphères distinctes tout au long du film avec une palette de blancs, noir et gris, ponctuée de touches de rouges et de bleu pour les intérieurs.
Sean Baker a ainsi développé une gamme de couleurs très précise et un éclairage discret, ainsi que des prises de vue chorégraphiées.
Le cinéaste a par ailleurs décidé de tourner en 35 mm avec des lentilles anamorphiques qui permettent de filmer des plans très larges en compressant l'image horizontalement, ensuite étirée pour créer un effet panoramique. Ils donnent aussi des rendus visuels uniques, comme des flous de fond ovales et des flares, soit un artifice optique créant des éclats lumineux ou des halos sur l'image.
Une grande partie de la série Euphoria a également été tournée avec des objectifs anamorphiques, ce qui contribue à son style visuel immersif et cinématographique.
Une esthétique inspirée des 70’s
Pour son film, Sean Baker a été influencé par le cinéma des années 1970. Nouvel Hollywood, cinéma italien, espagnol et même japonais… Le réalisateur puise ses inspirations dans l’esthétique et la sensibilité des films de cette époque.
“De manière générale, j’ai abordé le film comme un chef-opérateur de cinéma indépendant l’aurait fait dans les années 70, explique Drew Daniels. On a filmé les rues de New York et de Brooklyn en lumière naturelle et je me suis tout particulièrement inspiré de la photo d’Owen Roizman dans Les Pirates du métro et The French Connection. Je me suis nourri du cinéma italien pour l’utilisation des zooms et de films comme Le Mépris de Jean-Luc Godard pour l’usage de la couleur et de la composition”.
Cette recherche esthétique de l’image, à la fois vintage et pétillante, touchera les spectateurs de tous horizons.
Anora est à découvrir en salle dès le 30 octobre.