En diffusion sur France 2, Dans l'ombre est une série politique haletante et implacable à ne pas manquer. Cette fiction en six épisodes de 52 minutes raconte les coulisses d'une élection présidentielle à travers le regard de César Casalonga (Swann Arlaud), conseiller politique.
Ce dernier travaille pour Paul Francoeur (Melvil Poupaud), ancien garde des Sceaux et candidat à la présidence de la République, en fauteuil roulant à la suite d'un accident de la route.
Le "patron" de César vient de remporter les primaires de son parti face à son adversaire Marie-France Trémeau ( Karin Viard) et il démarre une campagne présidentielle qui promet d’être mouvementée. César doit alors esquiver les attaques des autres candidats et éteindre les rancœurs de sa propre famille politique.
Mais lorsqu’une suspicion de fraude aux votes électroniques lors des primaires menace d’affaiblir la candidature de son patron, César comprend qu’il va devoir mener le combat le plus difficile de sa vie.
Entre réalisme et fiction, une série sous influence américaine
Si la série vous semble réaliste, il faut rappeler qu'elle est librement adaptée d'un roman du même nom coécrit par Edouard Philippe, ex Premier Ministre, désormais maire du Havre, et son ancien conseiller spécial et député européen Gilles Boyer.
Pour passer du livre publié en 2011 à la fiction diffusée cette année, le duo s'est entouré d'une équipe de scénaristes chevronnés : Lamara LePrêtre-Habib (D'argent et de sang), Cédric Anger (La prochaine fois je viserai le coeur) et Pierre Schoeller ( L'Exercice de l'Etat).
Outre le réalisme technique et humain des rouages de la politique française, Dans l'ombre se devait également d'être un divertissement bien ficelé et un polar haletant. La référence pour l'équipe de scénaristes était la série culte À la maison blanche, l'une des fictions préférées d'Edouard Philippe, nous a expliqué Pierre Schoeller :
"C'est un modèle, c'est une référence. D'abord par sa longévité, par l'interaction entre la vie politique américaine et l'actualité. C'est le génie d'Aaron Sorkin. Cette série rassure sur le fait qu'il est possible de créer une figure politique forte qui ne soit pas une figure déceptive, qui ne soit pas une figure de ressentiment.
C'est important de pouvoir créer une figure qu'on aime regarder, qu'on aime voir travailler et être confronté aux autres. Et on était d'accord dans ce sens que l'on devait avoir des personnages qu'on puisse respecter.
Qu'on soit d'accord ou pas avec leurs propos, c'est autre chose. Mais en tout cas, il fallait les rendre entiers. Ils ont leur part d'ombre, ils ont leur part de pouvoir, ils ont leur part d'abnégation, ils ont leur part d'erreurs aussi."
De son côté, Gilles Boyer a confié que les inspirations allaient de la série d'Aaron Sorkin "qui décrit un président un peu rêvé" à la populaire House of Cards de Netflix "qui décrit à l'inverse un président sans scrupules". L'idée était de s'intéresser à un juste milieu, à "un entre-deux" :
"Ce qui nous a intéressé, c'est d'explorer les zones d'ambiguïté, les secrets, les non-dits propres à chacun qui peuvent exploser au grand jour. La confiance qu'on s'accorde ou qu'on s'accorde pas. Le temps que ça met à venir et la rapidité avec laquelle ça se défait, le doute qui s'installe dans l'engagement d'une vie.
Ce sont des zones qui nous ont semblé intéressantes à explorer et qui sont exactement au milieu des deux visions que j'ai décrites dans les séries qui sont toutes les deux de grande qualité et très divertissantes."
Les inspirations du réel
Rencontrée lors du festival Séries Mania, Karin Viard nous a assuré ne s'être inspirée d'aucune figure politique pour incarner son personnage Marie-France Trémeau. Tout simplement, parce que le scénario de la série, implacable et très documenté, était suffisant pour elle :
"Je crée un personnage que j'espère très vraisemblable mais qui n'est pas réel et c'est ça qui m'intéressait. C'est un personnage dont on parle beaucoup, qui prend de la place même lorsqu'elle n'est pas dans la pièce. Il fallait que je donne une image suffisamment forte de cette femme désagréable et prête à tout, comme elle a été écrite.
C'est une série qui est extrêmement réelle et très bien documentée. Ce n'est pas du fantasme en fait, tout ce qu'on voit est extrêmement réel. On voit à quel point les personnalités politiques sont aussi la marionnette d'enjeux qui les dépassent. C'est extrêmement réel et assez captivant."
De son côté, Melvil Poupaud, qui campe Paul Francoeur, a fait des recherches de son côté pour des inspirations et a regardé "des orateurs, des hommes, des discours, des choses comme ça" mais il a été vite lassé car il ne trouvait pas de figure qui correspondait à son personnage. "Celui que j'avais envie de portraiturer, je l'ai souvent trouvé assez faible, pas très bon orateur, pas très charismatique".
Il a voulu trouver sa propre incarnation et s'est reposé sur le scénario et le matériau de base qu'est le livre d'Edouard Philippe et Gilles Boyer. Il a également salué les séances de travail en amont pendant les lectures avec "ces deux conseillers politiques, scénaristes, qui reprenaient la diction de certaines phrases, donnaient des conseils sur la manière se tenir et racontaient vraiment les coulisses du pouvoir".
Propos recueillis par Mégane Choquet le 17 mars 2024 à Lille lors du festival Séries Mania.
La série "Dans l'ombre" est en cours de diffusion France 2. Les deux derniers épisodes seront diffusées le 13 novembre. La série est disponible sur france.tv.