On vous recommande la lecture de cet article après avoir vu L'amour ouf car il contient des spoilers.
L'amour ouf de Gilles Lellouche est une grande fresque romanesque qui se déroule dans les années 80 et 90. De la jeunesse de ses héros, à leur rencontre, leur début d'histoire et la brutale séparation provoquée par l'emprisonnement de Clotaire, aux grandes retrouvailles sur fond d'éclipse.
Le film a la particularité de nous présenter une fausse fin au début, et une vraie fin. Grâce à l'usage d'un flashforward (le film commence par la fin, ou disons la prétendue fin), avant de nous emmener au début de l'histoire et nous inviter à faire connaissance avec la version enfant de Clotaire et Jackie. Mais comme vous aurez pu le constater la fin que l'on voit au début n'est pas la même que la "vraie" fin. Que faut-il en comprendre ? Pourquoi ce choix ? Quelques éléments d'explications.
La question des choix que l'on fait dans la vie au coeur du film
"En réalité, la fausse fin aurait été la vraie fin si Clotaire s’était entêté dans ses mauvais choix, dans sa violence, dans sa revanche, comme il l’est à peu près depuis le début du film. Sauf que là, finalement il écoute et il fait le bon choix, et donc il se sauve la vie, et il fait naitre l’amour !", a expliqué Gilles Lellouche lors de la conférence de presse du Festival de Cannes 2024.
A notre micro *, Gilles Lellouche complète : "le film s'articule beaucoup autour de la question du choix, donc c'était pour moi la manière la plus cohérente d'appuyer sur cette idée du choix.
Et de citer une référence : "Il y a un film qui s'appelle Heat de Michael Mann où le personnage de De Niro, à un moment donné, peut bifurquer à droite, et il va vers sa mort. Ou alors s'il restait sur l'autoroute et continuait tout droit, il s'échappait et allait vers la vie. On tourne à droite ou on reste tout droit. C'était ça l'idée."
A Cannes, la coscénariste Audrey Diwan avait également apporté des précisions sur cette fin. "On s’est dit aussi que ça prend du temps d’arriver à soi. Il y a l’histoire de l’amour, mais il y a aussi l’histoire de l’identité, de la construction.
Il y a ce qu’ils produisent l’un sur l’autre et il y a quelque chose aussi d’universel dans la manière dont on se construit dans le temps, sur les choix qu’on doit faire, la manière dont on se détermine, et sur ce que c’est de, à un moment faire des choix qui ne sont plus dictés par le contexte dans lequel on a grandi et comment on s’en détache. Je crois qu’il y a un élan de liberté que je trouve assez beau chez ces personnages, car évidemment, ils s’impactent. On les voit aussi arriver jusqu’à eux."
La fin visible au cinéma n'est pas la même que la première fin
Il convient , par ailleurs, de préciser que des coupes ont eu lieu dans le montage définitif du film. La fin du film n'est plus la même que celle qui a été présentée aux spectateurs lors du Festival de Cannes.
Une scène hommage à la comédie musicale a été coupée, rappelant le cinéma de Jacques Demy (dans sa colorimétrie) ou West Side Story. Il s'agissait d'une longue scène dansée, chorégraphiée par (La) Horde. Adèle Exarchopoulos et François Civil y apparaissaient, ainsi que les deux jeunes acteurs Mallory Wanecque et Malik Frikah. Gageons que cette scène coupée sera disponible sur le DVD / Blu-ray du film. Précisons qu'initialement une citation apparaissait à la toute fin du film : "Aimez, aimez, le reste n'est rien" de Jean de la Fontaine.
L'amour ouf est actuellement en salles.
* Propos recueillis par Clara Braccini le 14 octobre 2024