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    Riverboom : un road trip décalé à travers l’Afghanistan de 2002, à voir sans hésitation au cinéma
    Solène Boutillier
    Solène Boutillier
    -Rédactrice ciné-séries
    Bercée aux rediffs de Walker Texas Ranger, Docteur Quinn et tant d'autres, elle raffole des séries en tout genre, sans jamais oublier son amour pour les comédies musicales et les œuvres fantastiques.

    Cette semaine au cinéma, embarquez pour un road trip extrêmement drôle et émouvant à travers l’Afghanistan de 2002 dans le documentaire Riverboom. Une histoire de rencontres, d’amitié et de voyage que nous raconte son réalisateur en entretien.

    Un an seulement après les attentats du 11 septembre, Claude Baechtold, à l’époque typographe passionné de photographie un peu froussard, se laisse embarquer par deux reporters risque-tout dans un périple à travers l’Afghanistan en guerre. Avec son caméscope acheté sur place, il capture en images ce road trip trépidant qu’il présente aux spectateurs sous la forme d’un documentaire cinéma drôle et touchant intitulé Riverboom.

    Riverboom
    Riverboom
    Sortie : 25 septembre 2024 | 1h 35min
    De Claude Baechtold
    Avec Claude Baechtold, Paolo Woods, Serge Michel
    Presse
    3,6
    Spectateurs
    4,2
    Séances (21)

    À découvrir dès aujourd’hui en salle, ce récit de voyage singulier réussit l’étonnant tour de force de combiner tous les ingrédients d’un véritable scénario hollywoodien : trois hommes aux personnalités tout à fait distinctes, parfois diamétralement opposées, et réunis par un coup du destin ‒ Claude avait initialement l’intention de rentrer avant que ses deux acolytes ne prennent la route – se lancent dans une aventure commune à travers des lieux, des routes et des décors délaissés par les journalistes depuis des décennies.

    2023 INTERMEZZO FILMS, RTS RADIO TELEVISION SUISSE

    En 2002, Serge Michel est grand reporter et travaille en tant que pigiste pour le journal Le Figaro. C’est lui qui invite son ami Claude Baechtold à l’accompagner en Afghanistan en tant que copilote temporaire grâce à une fausse accréditation. Leur équipe est complétée par l’arrivée de Paolo Woods, photographe de guerre tête brûlée, qui collabore avec le journaliste sur une série d’articles. L’objectif de Serge et Paolo : faire un tour complet du pays pour vérifier les promesses de la Pax Americana, la coalition internationale menée par les Etats-Unis.

    Ce qui ne devait être qu’un très court séjour pour Claude se transforme en un périple à travers l’Afghanistan lorsque le trentenaire suisse apprend que l’avion qu’il souhaitait emprunter pour rentrer n’est plus en état de transporter qui que ce soit…

    Un autre visage de l’Afghanistan

    Pendant ce voyage, tel un carnet de bord en images, Claude Baechtold filme et photographie tout ce qui porte un intérêt à ses yeux sans intention précise : ses deux compagnons de route pour commencer, les champs de mines, et ceux de cannabis, les rencontres de Serge avec des chefs de guerre, le discours d’un colonel américain, la culture du pavot, mais aussi les sourires des enfants, les repas partagés avec les locaux et l’espoir sur les visages de celles et ceux qui croient en un avenir meilleur pour leur pays.

    2023 INTERMEZZO FILMS, RTS RADIO TELEVISION SUISSE

    Avec beaucoup d’humour et une certaine légèreté, un ton inattendu pour ce type de format, et en contraste parfois direct avec certains des événements en train de se dérouler devant la caméra, il dresse un portrait d’une grande authenticité : “On a l'impression qu'en Afghanistan, les gens ne rigolent pas, mais en fait, ils n'arrêtent pas de rigoler. Plus on a de problèmes, plus on a besoin de rire. On voit toujours ce monde en guerre, sous le filtre de la souffrance, parce que c'est le seul qui parvient jusqu'à nous, jusqu'en Europe. Mais en réalité, ce qui m'a frappé, c'est qu'en fait, c'était très joyeux, nous confie Claude Baechtold en interview.

    J’ai toujours envie de montrer ce que je ne connais pas… L'Afghanistan triste et en souffrance, je le connais. Ça fait 40 ans qu'on a les mêmes images et que rien ne change. Mais il y a une autre facette du voyage, c'est que ça peut être aussi très joyeux.”

    Pour accompagner ses images et les recontextualiser, le réalisateur fait appel à une voix off, un procédé qu’il qualifie lui-même de “béquille” et commente avec dérision : “Le bon réalisateur n'a pas besoin de voix off puisqu'il sait filmer, il sait montrer à l'image ce qui se passe. Là, moi, je ne sais pas filmer, les images sont épouvantables”. Pourtant cette fameuse méthode permet justement aux spectateurs d’accéder ici à une autre dimension : l’intime.

    2023 INTERMEZZO FILMS, RTS RADIO TELEVISION SUISSE

    Un récit extrêmement personnel

    À cette traversée du pays joviale se mêle un récit beaucoup plus personnel pour Claude : le deuil de ses parents. Lui qui semble d’un caractère craintif tout au long du documentaire explique avoir réussi à aborder un thème aussi privé grâce au génie de la salle de montage. “Dans une salle de montage, on est deux, on est en confiance et c'est très intime. On n'imagine pas qu'après, il y aura des salles avec 1 200 personnes qui regarderont le film, nous confie-t-il. Le cinéma, c'est une espèce d'auditoire moins réel que la famille. Parfois c'est plus facile de parler à l’écran que de parler à ses cousins de ça.”

    C’était une démarche très importante pour ce passionné de cinéma qui a toujours voulu être réalisateur, mais qui n’était pas familier du format documentaire. “Il faut aussi mettre quelque chose sur la table quand on fait du cinéma, ce n'est pas juste une série d'anecdotes. 20 ans plus tard, j'ai quand même essayé de comprendre ce qui s'était vraiment passé pour moi pendant ce voyage.

    On ne peut pas rester protégé derrière la caméra. Il faut que je parle de certains sujets plus profonds. Évidemment, ça fait un film mille-feuille, multi-couches, où on a à la fois des blagues idiotes, de la géopolitique et puis des moments intimes sur mes parents.”

    Un message fort

    Si Claude Baechtold ne devait garder qu’une seule leçon de ce périple, c’est qu’on “ne peut pas photographier un sujet si on en a peur. Cela attire la méfiance. De manière générale, il ne faut pas avoir peur quand on voyage. Il faut une certaine prudence, mais on ne peut pas voyager en étant toujours inquiet, parce que la confiance, ça nous amène quelque chose de plus quand on rencontre un pays. C'est ce que j'ai appris en Afghanistan, d’arrêter d'avoir peur de ce que je ne peux pas maîtriser.”

    Une leçon essentielle donc pour celui qui se décrit en fin de film comme “un Suisse sans importance qui n’avait jamais rien risqué, mais qui avait peur de tout”.

    2023 INTERMEZZO FILMS, RTS RADIO TELEVISION SUISSE

    Pour son premier film, le réalisateur Claude Baechtold nous embarque pour un road trip à la fois drôle et émouvant, plus de 20 ans après les événements. Et si autant d’années séparent ce voyage inoubliable du documentaire qui le retrace, c’est tout simplement car les cassettes vidéos ont été perdues pendant longtemps. Une anecdote insolite qui reflète parfaitement l’esprit de cette belle histoire d’amitié !

    Découvrez Riverboom dès aujourd’hui au cinéma.

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