Apple TV+ dévoile sa nouvelle série française intitulée La Maison le vendredi 20 septembre 2024. Ici, la haute-couture côtoie le drame dans les coulisses d’une célèbre maison centenaire. Dirigée par une dynastie en plein scandale et forcée à se réinventer après la diffusion d’une vidéo impliquant le créateur star Vincent Ledu, la maison de haute-couture de sa famille ne tient plus qu’à un fil.
Perle Foster, ancienne muse de Vincent et aujourd’hui encore dans son ombre, s’allie à Paloma Castel, issue d’une nouvelle génération de stylistes visionnaires, afin de sauver et de réinventer la Maison Ledu. Elle revendique la place qui lui revient, à la fois au sein de la famille Ledu et du monde de la mode...
Au casting de La Maison, on retrouve notamment Lambert Wilson (Vincent Ledu) et Carole Bouquet (Diane Rovel, la grande rivale). Tous deux se sont confiés au micro d'AlloCiné au sujet de cette expérience...
AlloCiné : Pourquoi avoir accepté de participer à ce projet de série ?
Carole Bouquet : Parce que je jouais une méchante, une peste, et que c'est très amusant à faire ! C'est plus amusant de faire la belle-mère de Blanche-Neige que Blanche-Neige... Et aussi, j'ai l'âge pour ne plus jouer Blanche-Neige, donc ça tombe très bien ! (rires) J’aime jouer des personnages qui ont des contrastes et des caractères très forts.
Lambert Wilson : Pareil. Il y a deux piliers dans cette série qui sont de vrais monstres ou en tout cas considérés comme des monstres. Je pense que Diane, ton personnage, est vraiment une "monstresse" !
CB : Merci ! (rires) Mais ton personnage, Vincent, est un monstre d'égoïsme.
LW : Très égoïste. Et je suis un monstre "pratique" pour les autres. Je suis brutal avec les autres. Je ne les regarde pas, je ne me préoccupe pas de comment sont les gens autour de moi. Cétait d’ailleurs pour moi l'intérêt de faire le portrait de quelqu'un qui vit une chute, une descente de son trône, et tout son parcours, finalement, presque comme une sorte de chemin de croix pour arriver à s'humaniser. C'est un parcours qui va vraiment dans la dépression, dans l'obscurité et l'isolement.
Après, il y a des sujets qui me connectaient aux personnages comme l'incapacité à comprendre le monde moderne, c'est-à-dire se sentir déconnecté de la réalité de la communication moderne. L'adaptation qu'on n'a plus, qu'on ne veut presque plus avoir. Puis, je suis fasciné par les rapports de famille, parce que c'est la matière même du théâtre, depuis l'Antiquité, depuis les siècles. Là, il y a vraiment deux forteresses, et puis des passerelles entre ces forteresses, et tout est bon pour essayer de détruire un côté ou l'autre. Et ça, c'est très jouissif.
CB : En interviews, des journalistes de tous les pays m'ont parlé de tragédies grecques ou de Shakespeare, avec Lady Macbeth, par exemple, qui est charmante… C'est un type de personnage délicieux (rires)
LW : Même si le sujet est passionnant, celui de la mode, et qu’il nous intéresse, nous concerne, auquel on est liés, c'est plus les interactions familiales qui sont attractives. C’est le drame, le conflit, ce qu'on appelle le théâtre. Pour les acteurs, la matière à jouer est là.
Vous avez déjà joué ensemble au théâtre par le passé. Comment se sont déroulées vos retrouvailles ?
CB : On a eu une grande scène magnifique à faire, mais malheureusement, on s'est peu croisés...
LW : Quand on joue ensemble au théâtre, je crois qu'on apprend vraiment à se connaître d'une façon très profonde. Pas privée, mais très profonde. Quand on est dans les bras l'un de l'autre et qu'on se crache à la figure pendant quatre mois...
CB : Et qu'on en pleure ! (rires)
LW : (rires) Et qu'on se file des maladies en permanence parce qu'on n'arrive jamais à guérir tellement l'un pollue l'autre, on garde un souvenir, une connaissance de l'autre. Je ne sais rien de la vie privée de Carole, mais en revanche, je sais qui elle est comme actrice. Je sais quand elle est inquiète, je sais quand elle est confiante, je sais quand elle s'amuse, je sais quand elle est contrariée. Ça, je le sais instantanément.
Vos personnages sont plutôt odieux. Avez-vous déjà croisé de vraies personnes comme eux ?
CB : Oui, mais pas dans la mode pour ma part. En revanche, j’ai été témoin de luttes intestines dans des familles. Je ne vois que ça pratiquement. Je ne connais pas de famille équilibrée, où tout le monde est en harmonie. (...) Je n'en connais pas une sois-dite normale. Tu en connais ?
LW : Non… De mon côté, Karl Lagerfeld, que je n'ai croisé que très brièvement dans des soirées, est un modèle d'inspiration dans la mesure où son esprit, sa langue incroyablement bien pendue, étaient très célèbres. Ce n’est pas de la méchanceté, c'est juste un humour très, très, très glacial et parfois cruel. C'était une cartouche énorme pour construire Vincent. J'ai habité dans le même immeuble que lui. J'ai vu sa dernière année, autrement dit, ce que Vincent pourrait devenir à un moment donné, un très vieux monsieur entouré d'assistants qui l'attendaient dans la cour... C’était un vieux lion.
Votre personnage, Lambert, déclare que l’on vit à un époque "d'inquisition morale", qu’en pensez-vous ? Croyez-vous que ce phénomène limite la création ?
LW : Oui parce que ça crée un stress supplémentaire, particulièrement dans le monde de la mode et c'est ce que la série veut montrer aussi. C'est la rapidité avec laquelle le jugement, la guillotine tombe et aussi la nécessité pour les créateurs de fournir du contenu en permanence, en temps réel. Ce qui n'était pas le cas avant. Avant, comme au théâtre, la création était secrète et elle était révélée comme une surprise.
Maintenant, elle doit être révélée en cours de fabrication et je sais que ça ajoute un stress phénoménal. Inquisition morale, époque de la cancel culture... C'est très, très brutal. J'en ai été moi-même victime. J'ai eu la chance, dans mon métier, mais par décision, de me mettre sous une cloche et de ne pas être en contact du tout avec les réseaux sociaux, du tout.
Parce que pour moi, il y a une porosité terrible chez les acteurs. On est trop sensibles aux critiques. C'est bien de lire les bonnes critiques, mais il faut croire les mauvaises. Il faut croire aussi le langage de haine qui circule. Moi, je vis sans, mais dans une illusion totale.
CB : Je ne lis rien sur les réseaux. J'ai un Instagram mais il arrive que je n'y mette rien pendant 15 jours. Ce n'est pas naturel pour moi, je n'y pense pas. Et je ne commente rien.
LW : Il y a parfois un déni de justice quand les gens ont été blanchis dans une histoire éventuellement de scandale, de harcèlement sexuel, etc., et que la sentence, la punition continue malgré la décision de justice. Finalement, les gens s'opposent à la décision de justice, que ce soit le tribunal populaire, ou même certaines instances.
Les deux premiers épisodes de La Maison sont disponibles dès le vendredi 20 septembre 2024 sur Apple TV+. La suite sera dévoilée à raison d’un épisode par semaine chaque vendredi, jusqu'au 15 novembre.